L'Ecobuage: une situation qui évolue

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Si nous faisons l’historique de l’écobuage pyrénéen, nous nous rendons compte que la situation a bien évolué. La désertification des campagnes et des montagnes, l’évolution des techniques d’élevage et de culture font que le terrain de l’écobuage n’est plus le même qu’il y a 30 ans.

- Témoignage Nicolas Belloir

Sur la liste Pyrène, Nicolas Belloir nous explique le 29 mars 2002 cette évolution:
«Le grand-père de mon amie était agriculteur dans le piémont ariégeois, un interlocuteur de choix vu son âge : près de 90 printemps... Donc, d'après lui, l'écobuage servait à défricher tous les endroits où avaient poussé ronces, fougères, et diverses plantes qui gênaient le passage dans les chemins, gênaient les bêtes dans les pâtures. Le feu éliminait cela de manière efficace.
«Aujourd'hui, le but de l'écobuage est toujours le même. Alors pourquoi des polémiques?
Et bien il semble qu'il y ait plusieurs raisons à cela, mais la principale est la diminution considérable de la population rurale. Avant, là où il y avait le grand-père; les oncles, fils et autres neveux, ne restent plus aujourd'hui qu'une ou deux personnes. Les causes sont connues (évolution des outils de travail - tracteur par ex -, ...).
Cependant, la perte de cette main d’œuvre n’a pas complètement été remplacée par les outils modernes. En effet, un tracteur remplace 10 ou 20 hommes pour labourer un champs, mais il ne les remplace pas pour ce qui est d'entretenir les bordures de champs, chemins ou sous-bois. En conséquence, les broussailles sont plus nombreuses, plus denses qu'autrefois. Les branches d'arbre cassées encombrent les chemins qui jadis étaient fréquentés par de nombreuses personnes qui les mettaient sur le coté, etc. On peut donc constater qu'aujourd'hui, les broussailles et autres carburants à feu sont bien plus nombreux qu'autrefois.
«De plus, avant, toujours d'après mes renseignements, lorsqu'on allumait un feu, il y avait plusieurs personnes à le surveiller. Aujourd'hui, toujours pour les même raisons, il n'y a plus qu'une personne à surveiller et en général plutôt âgée (enfin, c est ce que j'ai vu autour de chez mes parents (Luchonnais).
«Les conditions ont donc changé. Cependant, l'écobuage est souvent pratiqué comme vous le dite selon la tradition. Or, le mélange moins de surveillance + trop de broussailles + temps sec (cette année en particulier) fait que certains écobuages dégénèrent et cela plus qu'avant. Ajouter à cela les feux criminels et les médias et voici un arrêté préfectorale qui fait qu’on ne peut plus allumer un feu dans son jardin ou sur un champs pour faire brûler quelques branches.
«Il est évident que cette sur-réglementation est généralisée et de plus en plus courante dans tous les domaines de la société et c'est catastrophique. Je crois que tout le monde est d'accord là-dessus. Mais il ne faut pas oublier que des feux ont été allumés cette année par exemple par grand vent (janvier). Et cela par contre est anormal. Je pense que votre courroux pour ces sur-réglementations est juste mais il me semble important de ne pas oublier que parfois, l'écobuage dégénère par irresponsabilité de ceux qui le pratique, parce qu'ils appliquent une tradition pourtant bonne et justifiée autrefois dans un environnement différent de ce qu'il était. Et cela peut conduire à des grands incendies, à des morts. Je me souviens quand j'étais au collège d'un feu qui avait duré 4-5 jours au-dessus de Cazaril (Luchon) et que le village avait eu chaud.
«Tout ça pour dire que je pense qu'il ne faut pas aussi facilement jeter la pierre aux pompiers. L'évolution du temps a fait que les conditions d'écobuage ne sont plus les même que dans le temps et que les responsabilités sont à partager. Ceux qui pratiquent l'écobuage devraient le faire plus prudemment, et ceux qui le réglementent être moins sectaire»