Qui a tué l'écologie? par Fabrice Nicolino - 2011

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A travers ce livre, dont on ne peut pas nier l'intérêt, Fabrice Nicolino n'est ni plus ni moins qu'un perroquet qui, comme Jacot, répète ce qu'il entend ou ce que d'autres ont déjà dit et écrit comme Emmanuel Grenier avant 1999 et bien d'autres auteurs sur leurs blogs et sites Internet y compris sur Wikipedia.

Il commence à devenir intellectuellement fécond à partir du Grenelle de l'Environnement où il nous apprend une grande partie des petits arrangements menés au profit des grandes centrales de l'écologie et de leurs "fonctionnaires" telles que le WWF, FNE qui n'est que le faire valoir du Ministère de l'écologie qui finance en grande partie, Greenpeace et la Fondation Nicolas Hulot. Il est néanmoins difficile de faire la part entre les bruits de couloirs, la documentation réeelle et officielle et les propos des uns et des autres tenus en "off". Dans tous les cas, Nicolino nous montre un aspect bien noir des mouvements écologistes qui est bien en dessous de la réalité. Mais il ménage encore ses amis ou anciens amis d'hier.

L'intérêt de ce livre est d'exister et, grâce à la personnalité controversée et provocatrice de son auteur, de pouvoir faire enfin de "buzz" sur un sujet devenu tabou au fil des années. Peut-être servira-t-il à une commission d'enquête de parlementaires afin de réduire très sensiblement les aides à ces organismes qui, manifestement, ne connaissent guère la crise et se comportent plus en holding de la finance que comme défenseur de l'environnement et du développement durable respectant l'équilibre entre environnement et hommes. Mais une chose est certaine, ce livre est partiel et, à l'image de son auteur, Fabrice Nicolino, approximatif. Il ne fera pas date dans le journalisme d'investigation. Il reste beaucoup à faire.... Peut mieux faire!

- Qui a tué l'écologie?

WWF, Greenpeace, Fondation Hulot, France Nature environnement au service de l'Etat

Auteur: Fabrice Nicolino
Editeur: Les Liens Qui Liberent
Essai (broché) de 296 pages. Paru le 16 mars 2011
ISBN: 9782918597254

- Note de l'éditeur

Par l'auteur de Bidoche et Pesticides, révélations sur un scandale français, un pamphlet vif et brillant contre cette nouvelle écologie douce c'est à dire molle et sirupeuse inaugurée parle Grenelle de l'environnement.
Eteindre la lumière derrière soi, fermer l'eau du robinet, trier ses poubelles, c'est très bien mais ce n'est pas avec ca que l'on va résoudre les immenses problèmes environnementaux...
Osons parler d'un avachissement de la pensée critique et des ses principaux hérauts associatifs, osons parler d'une véritable mystification ou d'une mascarade alors que la destruction du monde continue et s'accélère...

- Résumé

Ce livre va faire mal, parce qu'il décrit ce qu'est devenu le mouvement écologiste, celui des salons dorés, des petits-fours, des photos de groupe devant les palais officiels.
Ce livre va faire mal, parce qu'il révèle pour la première fois l'histoire, les histoires, les coulisses. On peut donc le lire comme un roman vrai, un polar implacable, rempli de personnages aussi étonnants qu'Anton Rupert, l'un des véritables fondateurs du WWF International. Mais, bien au-delà, l'acte d'accusation vise la "bande des quatre" qui s'est laissé abuser par les ruses et les risettes de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet en tête.
Certes, il existe de nombreuses différences entre le WWF, Greenpeace, la Fondation Nicolas Hulot et France Nature Environnement (FNE). Mais au total, le bilan est désastreux. Alors que les mêmes clament que la planète est en perdition - et elle l'est -, ils préfèrent compromis, tapes dans le dos et décorations. Qui a tué l'écologie ? ne se contente pas de poser une question, mais y répond. Le livre a été écrit par un écologiste engagé depuis des décennies dans le combat pour la vie sur terre.
Il appelle à un sursaut historique, seul capable de nous aider à faire face à la crise écologique qui arrive. Qui est déjà là. C'est donc un cri d'espoir. Et un appel majeur

- L'auteur en quelques mots...

Fabrice Nicolino est journaliste.
Il est notamment l'auteur de Pesticides, révélations sur un scandale français et de Bidoche, l'industrie de la viande menace le monde.

- A savoir également.....

- Les réactions à ce livre et réponse de Nicolino

- En savoir plus sur Nicolino

- En savoir plus sur les organisations écologistes

Etude sur la nature des mouvements écologistes et leurs véritables objectifs

Sur le blog de France 3

Chaque jour sur le bateau Thalassa, nous recevons les livres d'auteurs inspirés par la mer. Nous voulons vous faire partager ce trésor ! Régulièrement, l'équipe de rédaction de Thalassa vous fera également part de ses coups de coeur. Yannick Charles, Grand Reporter à Thalassa, nous fait découvrir un de ses ouvrages de référence...

Que reste-t-il du Grenelle de l'environnement ? On se gratte la tête, on se souvient vaguement de déclarations tonitruantes de ministres et d'environnementalistes, on se rappelle à peine de la taxe carbone morte-née et voilà un livre qui nous remet toute cette période en perspective: "Qui a tué l'écologie ?". Bonne question...

Fabrice Nicolino est l'auteur de cet essai que l'on peut aussi classer dans le genre pamphlet. Il sait de quoi il parle ; en matière d'écologie, il n'est pas un perdreau de l'année. Le coup de la "com'" et du "greenwashing" si à la mode dans les grandes entreprises comme au plus hautes strates de l'Etat, on ne le lui refait pas. Sa pensée est critique donc rare. D'ailleurs, il le rappelle en introduction, "la disparition quasi-complète de la pensée critique va de pair avec une tendance lourde de la société (sic)".

Alors, quelques années après le fameux Grenelle de l'environnement, il nous rafraichit la mémoire avec en ligne de mire quatre associations très bien comme il faut à l'image très propre et policée et qui furent associées aux débats: le WWF, la Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace et FNE.

Très aimées par les médias qui les courtisent à défaut de décrypter leurs communiqués et leurs conférences de presse, ces associations environnementalistes en prennent pleins leurs grades: on apprend ainsi que WWF a aussi grandi en Afrique du Sud avec les tenants - à l'époque - de l'Apartheid ; on lit que l'Oréal, EDF et TF1 - autant de grandes entreprises en quête de relooking et d'images écolo mais pas prêtes pour un sou à songer à la décroissance - sont les principaux partenaires de la Fondation Nicolas Hulot et que Greenpeace est devenue une multinationale comme les autres... Avec peu ou prou les mêmes pratiques.

On sort de cette lecture un petit peu ébahi par les affres de ces as de la "com'", la valeur cardinale de notre époque, déduit-on en filigrane de cet essai de près de 300 pages.

Au final, Nicolino nous montre un monde cynique bien plus soucieux de protéger son image et ses intérets que de sauver la planète.

Auteur: Yannick Charles
Source: Blog de France 3 du 25 mars 2011

- - Les internautes de 20minutes.fr ont interviewé Fabrice Nicolino

Bonjour Monsieur,
Pourquoi les écologistes ne posent jamais en terme moral ce que l'on peut nommer l'abus d'utilisation de la planète? Car, on peut dire que l'espèce humaine abuse de sa supériorité sur les autres espèces pour assouvir son égoïsme matérialiste insatiable qui provoque la destruction de la biodiversité et la dégradation du climat de la Terre.
Bill64

Je ne sais pas de quels écologistes vous parlez. Probablement de ceux que je dénonce dans mon livre, et qui sont devenus des appendices de l'appareil d'Etat et des cautions du système industriel. Moi - mais je ne suis pas seul -, je proclame que l'écologie est avant toute chose la découverte des limites physiques de la planète, qui s'imposent à tous les pouvoirs humains d'aujourd'hui et de demain. L'aventure humaine ne pourra se déployer que dans ce cadre et pas dans un autre qu'elle aurait fantasmé. A l'intérieur de ce cadre, et parce que l'espèce humaine s'est dotée de pouvoirs sur tout ce qui vit, il me semble évident qu'elle a le devoir puissamment moral d'assumer sa condition et de protéger, y compris contre elle-même, la plus fragile des espèces actuellement menacées. La vie est et demeure un mystère insondable. Parce que sa diversité est une beauté, et pour tout dire une merveille, il faut la protéger ABSOLUMENT. Et parce que nous ignorons encore et peut-être à jamais le lien - que je ressens, comme beaucoup - entre toutes les formes de la vie, il me paraît tout simplement sage de ne nous priver de rien. Ni des moustiques, ni des araignées, ni des cafards, ni des albatros, ni des baleines, ni des éléphants, ni des tigres.
Il existe en Nouvelle-Calédonie une plante qui est probablement la plante à fleurs la plus vieille de la planète: Amborella trichopoda. Elle pourrait avoir 135 millions d'années. C'est à elle, donc à nous, que je pense ce 18 mars 2011. Et bien entendu aux tragiques victimes du Japon. Qui sont les victimes de la folie de quelques-uns. Mais aussi de notre folie à nous, qui avons laissé faire. Lecteurs de 20 Minutes, je vous salue.

Ne pensez-vous pas justement que les écolos sont les premiers à avoir tué l'écologie? 9 fois sur 10 quand on entend un projet d'écologie... C'est à pleurer de bêtise, d'absurdité, ou de manque de bon sens...
Mais Lol!!!

Oh ! je ne suis pas d'accord avec vous, je le crains. Il est non seulement possible, mais certain que nombre d'idées "écologistes" sont absurdes. Mais à cette aune, que dire des projets officiels du monde dans lequel nous vivons? Les penseurs écologistes ou proches de l'écologie, comme Ivan Illich, André Gorz, Cornelius Castoriadis, Jacques Ellul, ont écrit en leur temps des textes franchement prophétiques. Comparez avec les paroles et les écrits de MM.Giscard, Chirac, Mitterrand, Marchais et de tous ceux qui leur ont succédé depuis 35 ans... Le point de vue écologiste sur le monde et ses contradictions est incomparablement plus éclairant que celui des défenseurs de notre monde.
Ne croyez vous pas que ce sont les écologistes eux mêmes, qui à force de messages moralisateurs et alarmistes, ont tué l'écologie en lassant le citoyen lambda? (d'autant que certains écologistes feraient bien de commencer à appliquer les principes qu'ils prônent à eux même (cf. un certain voyage aux Maldives!!!).
Dunga

Encore une fois, je ne sais pas trop ce que veut dire écologiste. Je me considère comme un écologiste, et pourtant, je pourfends avec rudesse le WWF, Greenpeace, la fondation Hulot ou France Nature Environnement. Voyez, il y a de grandes différences. Mais au-delà, je ne sais trop quoi penser de ce mot de "moralisateur". Je ne vous cache pas que l'écologie qui est la mienne est une morale fervente, exigeante, et même contraignante. Nous sommes arrivés à un point incandescent de l'individualisme, vanté par tous les modèles publicitaires de la planète. Pour le besoins commerciaux et marchands de l'industrie, il est vital que nous soyons tous des individus désirants, prêts à se jeter sur le moindre gadget. Telle est l'une des clés de la crise écologique planétaire. Et de ce point de vue, je crois primordial d'ajouter à la Déclaration universelle des droits de l'homme - à laquelle je suis tant attaché - une Déclaration universelle des devoirs de l'homme.

Bonjour,
Vous dénoncez un Grenelle de l'environnement perdu d'avance, qui n'a servi à rien. Aurait-il mieux valu pas de Grenelle du tout? Est- ce que ça n'a pas servi à faire prendre les questions d'environnement un peu plus au sérieux par l'opinion publique, sinon par les politiques?
Barbiroussa

Oui, l'affaire était pliée dès le départ, car les associations écologistes avaient accepté les conditions de l'Etat, qui interdisaient de parler de questions essentielles, comme je l'ai déjà évoqué plus haut, dont le nucléaire et les biocarburants. Une discussion, selon moi, nécessite fatalement pour servir à quelque chose l'établissement d'un rapport de forces politique et social. En la circonstance, tout s'est fait à froid, sans espoir de faire bouger les lignes.
Oui, il y aurait mieux valu pas de Grenelle du tout, car trois années et demie perdues, compte tenu de l'état du monde, c'est insupportable. Et ceux que j'appelle la "Bande des Quatre" - WWF, Greenpeace, Fondation Hulot, France Nature Environnement - en portent la responsabilité. Tout le problème est de savoir si nous disposons de 500 ans pour s'autocongratuler ou si au contraire, l'urgence est là. Dites-moi plutôt où sont les résultats? Ils ne sont tout simplement pas là.

Bonjour Fabrice,
Je lis votre blog régulièrement (merci de m'avoir fait découvrir Aldo Léopold), vos livres dès qu'ils paraissent et, sans être toujours d'accord avec vous, je vous remercie de nous empêcher de succomber à la résignation, à la morosité et aux supercheries en tout genre. Voici plusieurs questions:
1) Si je partage votre avis sur le "Grenelle de l'environnement", je me demande toujours comment agir nationalement (voire internationalement) si ce n'est avec discutant (avec véhémence si besoin) avec les pouvoirs en place?
2) Charlie Hebdo (auquel vous collaborez) n'est certes pas Silence, mais considérez-vous que cet hebdo est un média qui défend la même vision de l'écologie que vous? que son "combat contre la bêtise au cou de taureau" comme dit Cavanna, est un allié pour les écologistes?
3) Quel regard portez-vous sur les collectivités territoriales qui, malgré des politiques nationales creuses, peuvent porter des politiques environnementales ambitieuses (soutien aux amap...)?
4) Avec indiscrétion, votez-vous pour des élections nationales ou européennes (je ne demande pas pour qui)? Au plaisir de vous lire.
alexandre

1) Merci de votre mot. Discuter? Mais dans quel but? Je suis un adepte de la non-violence, sincèrement. Mais il ne s'agit pas de cela. Ce que je crois, c'est que nous les humains avons forgé une machine industrielle d'une puissance telle que nous ne pourrons jamais la contrôler. Voyez ce drame biblique que subissent les Japonais. Discuter avec ceux qui ont intérêt à la perpétuation de ce monstre n'a guère de sens à mes yeux. Je crois plus utile de reconnaître l'erreur que nous avons commise, et la nécessité de détruire un instrument qui nous échappe chaque jour un peu plus. Sans couper de têtes pour autant.
2) Concernant Charlie, je me sens bien dans la collaboration avec cet hebdomadaire, dont je rappelle qu'il a écrit des choses décisives sur l'écologie, dès 1971, au moment où toutes les élites se trompaient. Je ne suis pas d'accord avec tout ce qui est publié - de loin - mais j'y exerce ma liberté.
3) Oui aux initiatives locales et régionales. Mais elles ont, par définition, leurs limites.
4) Je ne vote que très rarement, et pour éviter un risque net de régression qui nous frapperait tous.

Bonjour,
D'un côté j'entends que trop d'écologie tue l'écologie. D'un autre, donnons la parole aux écolos. Sans parler des éternels discours sur le gaspillage en tous genres (eau potable, electricité...). C'est à s'y perdre ! Pourquoi ne pas chercher de vrais solutions? Pourquoi politiser la survie de l'espèce humaine, animale et végétale? A qui doit-on faire réellement confiance?
mythique

Je crois qu'il fait sortir de l'imagerie. L'expression "les écolos" renvoie aux années 70 du siècle passé, et sert en général - je ne dis pas que c'est votre cas - à disqualifier ceux qui critiquent ce monde. Je vous rejoins pour le reste. La question posée est bien celle de la vie sur terre. Celle d'une emprise excessive des humains sur une fabuleuse richesse biologique qui s'appauvrit de jour en jour, menaçant d'ores et déjà de dislocation nos édifices sociaux. En fait, je crois que le situation commande de nouvelles pensées, de nouvelles formes d'organisation, y compris politiques, une toute nouvelle hiérarchie des valeurs, matérielles comme spirituelles. A qui faire confiance? Mais à nous, mais à vous! A tous ceux qui acceptent le périlleux défi de la liberté.

Que les ONG acceptent de participer à des tables rondes type Grenelle remet-il en cause leur engagement? Est-ce qu'elles auraient pu refuser l'invitation?
Barbiroussa

Je pense que cela marque leurs limites. D'abord, penser en 2007 - date du Grenelle - qu'on peut aborder les questions écologiques à l'échelle de la France est à mes yeux une franchouillardise. Je ne veux pas vous choquer, mais franchement ! La question est évidemment planétaire, que ce soit la crise des océans, celle de l'eau, celle des forêts ou encore la terrible menace climatique. Accepter le cadre de la France pour débattre, c'était se condamner à des mesurettes. Et c'est bien à cela qu'on a abouti, en démobilisant, ce faisant, la société française. Car les acteurs du Grenelle, qui se sont proclamés, sans droit, représentants de la société française, ont semé la terrible illusion que l'on avançait. Ce qui est absolument faux. Il me parait évident que les ONG n'auraient en aucun cas dû donner une caution à un gouvernement qui refusait d'emblée de parler de nucléaire, de biocarburants, de l'eau, des nanotechnologies ou encore du téléphone portable. Le Grenelle a été une pantomime à la française.

Vous parlez de la fameuse "écologie de droite" avec des personnalités comme NKM, Borloo ou Jouanno dont vous démontrez l'ignorance des enjeux écolos. Mais en même temps, vous dites que les Verts n'ont "aucune chance de nous aider à affronter la crise écologique planétaire". Alors, moi qui suis sincèrement écolo, je vote pour qui?
Barbiroussa

Je vous comprends. Mais il y a dans l'histoire humaine, des moments de crise aigue. Nous y sommes. Le spectre politique classique aborde l'ensemble des questions en puisant dans les réponses du passé, ce qui n'a rien de honteux. C'est une règle sociale. Mais les partis, y compris les Verts, me sont penser à ces étoiles dont la lumière nous parvient, alors même qu'elles sont mortes. Nous sommes dans un entre-deux. Un temps de crainte et d'incertitude où, selon moi, compte-tenu des questions posées, le vote n'a plus beaucoup de sens. Il en conserve un, que j'utiliserai s'il le faut: empêcher une régression qui nous empêcherait de nous rassembler et d'agir pour les intérêts communs de l'homme et de la planète.

Pourquoi l'ecologie s'allie toujours avec la gauche?
ViveLaFranceLIBRE

Je crois que vous confondez. Le mot écologie est certes un mot à tiroirs, mais selon moi, il incarne en réalité une rupture mentale, morale, intellectuelle, avec l'univers du système industriel. Et ce système, qui a grossièrement 200 années d'existence, a été toujours soutenu par les gauches et les droites de tous les pays. Il est à mes yeux dans une impasse dont il ne pourra sortir que par une invention complète d'un mode de production compatible avec les équilibres de la planète. En somme, la droite et la gauche, qui ont un sens réel, se réfèrent pour l'essentiel à un monde englouti. L'écologie, dans le sens que je donne à ce mot, ouvre sur l'avenir.

Bonjour
Ne pensez-vous pas que c'est l'effacement de l'état qui tué l'écologie, en laissant les citoyens écologistes désarmés face au rouleau compresseur des lobbys agro-industriels?
cochonnet

Ah non! Je ne pense pas cela. L'Etat et ses grands corps d'ingénieurs - Mines et Ponts et Chaussées - sont des acteurs majeurs, au côté des industriels, de ce que j'appelle la destruction du monde. L'arasement des talus boisés, la "rectification" de milliers de cours d'eau, l'artificialisation des forêts, les autoroutes, le programme électronucléaire, c'est l'Etat et ses services. Il existe une porosité croissante entre l'industrie et cet Etat qu'on présentait jadis comme impartial.

Source: 20minutes.fr du 17 mars 2011

- Comment Hulot, Greenpeace et WWF ont "tué l'écologie"

Dans "Qui a tué l'écologie?", Fabrice Nicolino raconte la descente aux enfers des associations embarquées dans "l'entourloupe" du Grenelle de l'environnement - avec humour pour rendre la pilule moins amère. Y compris pour lui, l'écologiste de la première heure révulsé par les écolos officiels.
Son livre, plein de révélations détonnantes, se lit comme un polar. Suspense: que peut-on encore apprendre du bilan du Grenelle de l'environnement, maintes fois tiré? "Qui a tué l'écologie?", publié le 16 mars au éditions Les Liens qui libèrent, conte l'histoire d'un banquet républicain et mondain, qui est en fait une grande farce.

Un constat pour commencer:

"Quarante ans après la naissance de ces associations, la destruction de la planète n'a pas reculé, au contraire."

En s'engageant dans la co-gestion avec l'Etat, les ONG sont complices de ce - piteux - bilan.
Les zooms sur les principaux acteurs sont autant de flèches cruelles. Dans sa ligne de mire, les ministres Borloo, Jouanno, Kosciusko-Morizet, et les quatre ONG que sont Greenpeace, WWF, la Fondation Nicolas Hulot et France nature environnement devenues des "appendices de l'appareil d'Etat et de cette vaste machine industrielle qui détruit le monde à sa racine".

L'auteur de "Bidoche" se dit "triste - qu'on le croie ou non - d'avoir à moquer des gens pour qui, au fond, [il a] de l'estime". (Voir la vidéo)

Le journaliste indépendant, très mobilisé contre les gaz de schiste, regrette aussi l'absence notable de ces grandes associations dans cette lutte qui a pris son essor de façon spontanée, comme dans le Larzac.

"Ce Grenelle a été une entourloupe"

Quand on lui demande si le Grenelle de l'environnement, sur le principe, n'a pas des raisons d'être défendu, Fabrice Nicolino est radical:

"Le Grenelle est absurde parce que franchouillard. D'emblée, la bande des quatre a accepté que l'Etat et les intérêts industriels qui lui sont liés dictent le cadre même du Grenelle.
Les questions cruciales ont été effacées de l'ordre du jour: le nucléaire (logique, Sarkozy était alors en train de vendre des centrales au Libyen Kadhafi), les biocarburants, l'eau, les OGM, les nanotechnologies, les téléphones portables... Tout ça est de la frime, du faux-semblant, vise à enfumer l'opinion publique. Ce Grenelle a été une entourloupe.""

Quant au CV des ministres, le journaliste nous rappelle que NKM est surtout mue par son ambition de devenir un jour chef de l'Etat, ce qui lui a valu de faire censurer le livre de son mari, jugé "subversif".

"Nul besoin d'être cruel après tant d'autoflagellation", écrit-il à propos de Chantal Jouanno, qui en avril 2007, au QG de Nicolas Sarkozy candidat à l'élection présidentielle, présentait son champ d'action.

Comme l'explique ici la future secrétaire d'Etat à l'Ecologie, son truc, c'est "tous les publics qui comptent et qui ont des préoccupations spécifiques [chasseurs, boulangers, pharmaciens, etc. ndlr]". (Voir la vidéo. "Défense de rire", prévient le journaliste)

- WWF a flirté avec l'apartheid

On apprend dans ce livre que l'association World Wildlife Fund (Fonds mondial pour la nature, WWF), née en 1961, a été "créée par des notables britanniques dont la motivation était de pouvoir continuer à chasser le grand gibier sauvage en Afrique". Et surtout que son mode de financement a été monté par Anton Rupert, un des hommes clés du système de l'apartheid en Afrique du Sud. Découvrir cela fut le plus grand choc de cette enquête. (voir la vidéo)

Ce péché originel pourrait être éventuellement oublié. Mais, aujourd'hui encore:

"Le WWF est si proche des intérêts des transnationales qu'il a accepté de siéger dans des tables rondes avec les industries les pires de la planète pour créer des labels industriels soutenables, sur le soja, les biocarburants ou encore l'huile de palme."

Greenpeace "à la mode Staline"
Greenpeace, l'ONG du Rainbow Warrior est devenue "une petite entreprise capitaliste comme une autre". Son directeur général, Pascal Husting, se vante officiellement dans un article du Nouvel Economiste d'avoir mis à la porte la moitié des salariés et qu'aucun n'ait gagné son procès aux prud'hommes.

Chez Greenpeace, les campagnes sont décidées au niveau international, au nom d'une sorte de "centralisme démocratique à la mode Staline".
Nicolino souligne en passant que l'association a servi de tremplin aux ambitieux qui visaient un siège de député européen. Comme Robert Lion, ancien directeur de la Caisse des dépôts et consignations, devenu président de Greenpeace, avant de se faire élire sur les listes d'Europe Ecologie aux élections régionales de 2009.

Nicolas Hulot? "Un boy-scout qui nous fait perdre du temps"
Après avoir vanté la "sincérité" de cet homme qu'il a longtemps défendu dans ces milieux de gauche ou écolo, alors qu'il était moqué comme le personnage de TF1 et de Rhône-Poulenc, le journaliste dresse un bilan réaliste.
Des dizaines et dizaines de tête à tête qu'il a eus avec Jacques Chirac, il n'est strictement rien sorti

"C'est un boy-scout. Il a parrainé le Grenelle et dit qu'il serait jugé à l'aune d'une mesure essentielle qui serait la taxe carbone, et il a osé prétendre que le Grenelle était un succès.
Il y a quelque chose de pathétique à voir un homme sincère dire que les choses vont très mal, mais faire comme si on avait 500 ans pour régler les problèmes."

Pour Fabrice Nicolino, "il y a plus de chance qu'Hulot se présente [aux primaires d'Europe Ecologie, et à la présidentielle, ndlr] que le contraire", mais peu importe puisque cet homme "nous fait perdre du temps". Par exemple, en n'étant pas mobilisé contre les gaz de schiste.

- FNE, des "fonctionnaires bénévoles"

France nature environnement (FNE), fédération de 3 000 associations de défense de la nature spécialiste des inventaires de la faune et de la flore, a surtout un penchant pour les Légions d'honneur, note l'auteur:

"Les militants se sont fait fonctionnaires bénévoles. Serviteurs de l'Etat sans toucher le moindre salaire. Ils ont commencé à siéger dans une infinité de commissions locales ès qualité. Commissions départementales des Carrières, de l'hygiène, de l'urbanisme, des déchets, des sites, etc.
Ils y sont encore, sacrifiant nombre de soirées à ce qui ressemble furieusement à de pures et simples chambres d'enregistrement."

Sans compter que le financement de FNE, public à 65%, n'a rien pour assurer son indépendance.

"Qui a tué l'écologie?" laissera sans aucun doute quelques traces dans le monde écolo. Comme l'écrit David Naulin sur le blog CDurable:

"Votre nouveau livre brise surtout toutes mes certitudes et je gage qu'il va provoquer le même électrochoc auprès d'un certain nombre de mes lecteurs."

Auteur: Sophie Verney-Caillat
Source: Rue89 du 21/03/2011