Les neiges du Kilimandjaro 2006

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Réchauffement climatique, déforestation, précipitations trop faibles: les scientifiques s'interrogent sur les raisons de la disparition progressive des neiges éternelles du Kilimandjaro, le plus haut sommet d'Afrique qui culmine à 5.895 mètres.

- Evolution de la surface du glacier du Kilimandjaro entre 1993 et 2000

Sommet du Kilimandjaro en 1993 (Ph. AFP)
Sommet du Kilimandjaro en 2000 (Ph. AFP)

- Les neiges du Kilimandjaro ne seront plus éternelles, à qui la faute?

Réchauffement climatique, déforestation, précipitations trop faibles: les scientifiques s'interrogent sur les raisons de la disparition progressive des neiges éternelles du Kilimandjaro, le plus haut sommet d'Afrique qui culmine à 5.895 mètres.

Il y a deux ans, un Tanzanien, Faustin Meela, qui habite le village de Marangu au pied de la majestueuse montagne, n'en a pas cru ses yeux. Le glacier du Gredner sur le "Kili", qu'il avait escaladé six ans auparavant, avait disparu.
Et le pire est peut-être à venir. Le peu de glace et de neige qui restent au sommet du Kilimandjaro, mais aussi sur le Mont Kenya et les montagnes Ruwenzori (entre la RDCongo et l'Ouganda), pourraient disparaître d'ici à 20 ou 50 ans, selon les scientifiques.

La perte de ces trésors naturels peut être en grande partie attribuée à l'homme, estiment-ils. Et plus précisément aux émissions de gaz à effet de serre, qui sont liées à la combustion des énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon) et piègent la chaleur du soleil dans l'atmosphère, provoquant un réchauffement de la Terre.
Mais les scientifiques reconnaissent aussi manquer cruellement d'informations, en raison notamment du peu de données météorologiques locales, pour expliquer totalement la fonte des neiges sur les sommets africains.
"Beaucoup de personnes disent +Oh, ce doit être le réchauffement de la planète+", explique à l'AFP Ellen Mosley-Thompson, glaciologue à l'université américaine de l'Ohio: "mais il est irresponsable de pointer du doigt une seule cause."
Pour Stefan Hastenrath, professeur en études atmosphériques à l'université du Wisconsin (Etats-Unis) et expert en glaciers africains, les neiges africaines ont commencé à fondre vers les années 1880, soit au début de la Révolution industrielle.
Depuis plus d'un siècle, l'Afrique de l'Est connaît une forte diminution du niveau des lacs et une augmentation des vents d'ouest, signe d'un climat de plus en plus sec, note M. Hastenrath. "Ce n'est pas vraiment de notre faute", en déduit-il.

Selon d'autres théories, la disparition progressive des neiges éternelles en Afrique peut être attribuée à la déforestation ou à des perturbations récurrentes dans les précipitations.
Couper des arbres réduit l'humidité dans l'atmosphère, ce qui diminue la couverture offerte par les nuages et la brume. En conséquence, les glaciers sont à la merci de vents secs et du soleil, explique un porte-parole du Mouvement de la ceinture verte, Fredrick Njau.
Ce mouvement, qui a été fondé par le prix Nobel de la paix 2004, la Kényane Wangari Maathai, lutte contre la déforestation. Il a lancé le mois dernier un projet de deux millions de dollars (1,56 million d'euros) pour replanter des arbres sur les pentes du Mont Kenya (5.199 mètres), deuxième plus haut sommet d'Afrique, en partie pour stopper la fonte des neiges.

Les glaciers ne sont pas seulement splendides, ils sont aussi vitaux pour l'approvisionnement en eau.
"D'ici à 2025, environ 480 millions de personnes en Afrique habiteront des régions où l'eau manquera ou sera sévèrement limitée", selon un rapport de l'ONU publié à l'occasion de la 12e conférence internationale sur le climat qui se tient à Nairobi jusqu'au 17 novembre.

Alors que le temps presse, un professeur en géologie à l'Université de Londres, Evan Nisbet, a proposé de recouvrir le sommet du "Kili" d'un immense drap pour le protéger du dégel. Une idée qui, pour beaucoup, ne tient pas la route.
"Le plus triste, c'est que bientôt, la seule glace qui restera du Kilimandjaro sera dans des frigidaires à l'université de l'Ohio", prédit Mme Mosley-Thompson.

Auteur: Gerry Smith
Source: AFP du vendredi 10 novembre 2006