Le Monde des Pyrénées

Environnementalistes: la Haine de l'Eleveur Pyrénéen

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Cela fait plus de 20 ans que les environnementalistes dits "pro-ours" tentent d'éliminer toutes activités humaines dans les zones "dites à ours" qui n'ont d'ailleurs jamais été définies si tant est qu'elles puissent l'être. Nous avons vu des attaques contre le "mitage urbain" qui est fait le mitage traditionnel des granges foraines et l'architecture des villages, contre la chasse traditionnelle qui participe à la régulation de certaines espèces tel que sangliers et chevreuils voir même isards, contre les cabanes d'estives qui, à une époque, devaient être démolies, enfin, contre les éleveurs et bergers qu'il fallait "déporter" vers les villes pour qu'ils n'assurent plus leur métier et laisse les territoires libres pour l'ours.
Aujourd'hui, nous assistons a une forme de satisfaction de voir les éleveurs confrontés à une maladie qui pourrait décimer les troupeaux, pas seulement dans les Pyrénées, au motif que l'ours fait moins de dégâts. Triste et lamentable comportement que nous analysons ci-dessous.

Faire l'amalgame entre FCO (Fièvre Catarrhale Ovine et ours relève d'une malhonéteté intellectuelle incroyable. La FCO touche toute la France et pas seulement les Pyrénées et ce sont les services de l'Etat qui ont en charge les questions sanitaires et non pas les associations pour ou contre l'ours.

"Dans le temps, dans les Pyrénées, les bergers laissaient avec leurs troupeaux, deux ou trois chiens des Pyrénées,..." Dans le temps, à Paris, on se chauffait au bois et au charbon. c'est ce qui a fait la fortune des auvergnats avec les petits cafés aujourd'hui disparus. Dans le temps, il y avait aussi de bonnes et vraies guerres....
Faut-il toujours rester au niveau de "dans le temps... mon grand père..." La aussi, mauvaise foi et amalgame... ce sont les deux points forts des dictatures.

- - L'ours et le moucheron

Où l'on découvre que le moucheron est un plus grand prédateur que l'ours. Pays de l'Ours-Adet dénonce la piteuse mascarade de l'Aspap.

Des années que l'Aspap le clame sur les cimes et les ondes: "l'ours, c'est la mort du pastoralisme", "l'estive, un paradis devenu un enfer", sans ours, des Pyrénées tranquilles... Bref, tout irait bien pour l'élevage pyrénéen s'il n'y avait l'ours.

Et voilà qu'un moucheron ramène brutalement tout le monde à la réalité: la fièvre catarrhale ovine (FCO, ou maladie de la langue bleue, propagée par un moucheron) est en train de décimer les troupeaux pyrénéens.
En quelques jours, la FCO a fait plus de dégâts économiques dans les Pyrénées que l'ours en 10 ans.

Et que fait l'Aspap, l'association qui prétend défendre l'élevage dans les Pyrénées? Que dit-elle? Que propose t-elle? Que demande t-elle? Rien.
Pourtant, qu'un ours s'avise de toucher une brebis, et c'est une déferlante de communiqués, de courriers au Préfet, et de manifestations, parfois violentes.
Et là, alors que les brebis meurent par milliers, rien?!

Depuis longtemps, nous rappelons que l'ours est une des plus petites causes de mortalité de brebis en montagne: 1% environ, soit 300 brebis, pour 30.000 mortes par an le long de la chaîne des Pyrénées. Les asticots sont bien plus "prédateurs", sans parler des chutes, des chiens divagants, et des maladies.

Bien sûr, l'Aspap n'est pas responsable de l'épidémie de FCO.
Toutefois, en focalisant le débat sur la question de l'ours, l'Aspap a créé un écran de fumée qui a masqué les vrais problèmes de l'agriculture de montagne.
En entraînant avec elle les responsables professionnels et politiques, elle a mobilisé des moyens humains et financiers qui auraient été tellement plus utiles pour traiter vraiment les problèmes économiques, techniques et sanitaires de l'élevage pyrénéen.

L'épidémie de FCO est un évènement dramatique. Elle révèle tristement la piteuse mascarade de l'Aspap. Lutter vaillamment contre un ennemi prestigieux comme l'ours était certes valorisant pour son très médiatique porte-parole, alors qu'un moucheron ne saurait constituer un adversaire à sa mesure, sans doute.

Et pourtant, aujourd'hui, chacun se rend compte à quel point il a été floué:

La morale de cette histoire est triste: les défenseurs du pastoralisme ne sont pas ceux que l'on croyait. Le retour de l'ours, en apportant des moyens nouveaux aux bergers, a fait beaucoup plus pour l'élevage que l'Aspap qui a caché les vrais problèmes sans n'en résoudre aucun.

Plus dure est la chute pour les éleveurs qui n'avaient pas besoin de ça ...

Saurons-nous en tirer les leçons?

Source: Communiqué de l'ADET-Pays de l'ours du 28-08-2008 - 19:04, effacé depuis de leur site

- Commentaire

Voilà donc un fait nouveau: l'ADET-Pays de l'ours s'intéresse à la Fièvre Catarrhale Ovine (FCO). L'ours n'est donc plus sa seule préoccupation. Les brebis et une mouche devient un nouveau centre d'intérêt après l'ours.

Ce n'est pas vraiment pour défendre les intérêts des éleveurs pyrénéens et plus spécialement ceux de l'Ariège mais pour tenter de justifier l'unique objectif, pour le moins restreint de cette association: l'ours.
Ainsi donc, la FCO tue plus que l'ours donc l'ours peut et doit être accepté. Tel est le raccourci et l'amalgame que l'ADET tente de nous imposer au nom de sa pensée unique: "l'ours est l'avenir de l'homme" ou "l'avenir de l'homme dépend de l'ours."

Le raisonnement simpliste de cette association "pro-ours" est quelque peu haineux à l'égard des éleveurs qui travaillent dur, plus dur que ceux qui pensent en réunion et derrière un ordinateur, et vivent dans l'angoisse de perdre leur troupeau soit du fait de cette maladie qui vient de se déclarer et dont nous avons découvert tardivement les vaccins mais aussi l'angoisse qu'un ours vienne tout détruire. La maladie n'a rien d'agréable surtout la FCO mais ce n'est rien à côté de ce que peut-être les conséquences de l'ours. Alors, oui, "l'ours, c'est la mort du pastoralisme" parce qu'on ne peut pas le soigner alors que la FCO on peut vacciner et prendre des mesures réalistes et concrètes pour s'en protéger.

En tout état de cause, ours + FCO c'est insuportable. "Comme on élimine la FCO par la vaccination, éliminons l'ours par d'autres moyens" selon certains éleveurs. En définitive la FCO ne fait que renforcer leur conviction que l'ours doit disparaître. Les communiqués comme celui de l'ADET ne font que renfoncer cette conviction.

Toute fois, faire l'amalgame entre FCO et ours comme peuvent le faire l'ADET et FERUS, est non seulement petit et lamentable mais c'est aussi ne rien avoir à proposer autre chose que des ours pour faire vivre les Pyrénées. C'est manquer d'imagination, d'ouverture d'esprit. Heureusement, depuis de nombreuses décennies, les pyrénéens n'ont pas attendus l'ADET, Alain Reynes et François Arcangéli pour vivre et se développer. Mieux encore, ils souhaiteraient qu'ils ne s'occupent plus jamais d'eux et qu'ils ne perçoivent plus de subventions. On ne peut pas imposer un bonheur visionnaire à ceux qui n'en veulent pas. Nous ne sommes pas dans une dictature, il y a des instances démocratiquement élues, laissez les décider. Ces associations ne sont rien et n'ont strictement aucune légitimité, même pas celle de la compétence. Alors, que viennent-ils faire sur ce sujet de l'élevage à chaque fois qu'un problème est soulevé? Les problèmes, ce sont eux qui les créent avec les grands prédateurs comme si les maladies pontuelles et autres soucis n'étaient pas suffisant. Il faut que ces associations en réjoutent. Manifestement les éleveurs les dérange au point de passer leur temps à les critiquer pour le travail qu'ils réalisent.

Prétendre que "en quelques jours, la FCO a fait plus de dégâts économiques dans les Pyrénées que l'ours en 10 ans" relève d'une affirmation mensongère pour tenter de justifier. Il suffit de voir les communiqués de presse des préfectures au 29 août pour comprendre que nous sommes encore loin des prédations de l'ours et que l'hécatombe enregistré au départ provient d'une erreur stratégique des pouvoirs publics en matière de vaccination. Encore eux!

Ce sont les pouvoirs publics qui introduisent des ours sans consulter et surtout sans tenir compte des avis des structures démocratiques des territoires et ce sont eux qui se trompent de vaccins dans l'Ariège... Beaucoup d'erreurs au sein des services de l'Etat dont sont victimes les éleveurs des Pyrénées, pas seulement ceux de l'Ariège. Mais comme l'ADET a besoin de se valoriser dans un certain milieu associatif, elle s'attaque à l'ASPAP comme si c'était elle qui décidait seule de l'avenir du pastoralisme.

L'ASPAP, ce n'est pas une administration ou un syndicat agricole. Ce n'est pas non plus que des éleveurs mais un ensemble d'acteurs du milieu montagnard. Les éleveurs ont leurs structures traditionnelles et démocratiques, leurs syndicats et une Chambre d'Agriculture pour les défendre et trouver des solutions pour enrayer cette maladie. Il ne faudrait pas tout confondre. Mais l'amalgame est tellement facile....

Et puis, l'ASPAP n'a probablement pas le même budget que l'ADET-Pays de l'ours ou FERUS. En tout cas, ils n'ont pas le même personnel.

L'ADET prétend que "en focalisant le débat sur la question de l'ours, l'Aspap a créé un écran de fumée qui a masqué les vrais problèmes".
C'est franchement faire preuve d'une grande ignorance des faits. La FCO n'est apparue dans le nord de la France qu'en 2006 et dans les Pyrénées en 2008 alors que la problématique de l'ours date de 1996 + 2005/2006. La FCO ne fait que rajouter à la problématique de l'ours et n'est pas spécifique aux Pyrénées mais à l'ensemble de l'Europe.

Dire que l'ASPAP, "a mobilisé des moyens humains et financiers qui auraient été tellement plus utiles pour traiter vraiment les problèmes" ne peut que faire sourire l'observateur. Il s'agit de deux problèmes différents qui se déroulent à des périodes de mobilisation différentes. De plus, l'ASPAP ne mobilise pas que des éleveurs. Ce n'est pas une association d'éleveurs et elle présente l'avantage de disposer de moyens humains locaux nettement supérieure à l'ADET à défaut d'avoir les mêmes moyens financiers. Et c'est peut-être la très grande difficulté qu'éprouve François Arcangéli, Alain Reynes tout comme DFERUS avec ses missionnaires de la bonne parole ursine: trouver des militants motivés sur les territoires de l'ours dans les Pyrénées. Jalousie? Dépit? En tout cas, malaise.

Alors, que font les éleveurs de l'ASPAP face à la FCO? La même chose que les autres éleveurs. Ils agissent sur le terrain avant de faire des déclarations qui ne servent à rien. Même chose chez les élus... Quant aux médias, ils parlent de la FCO qui sévit dans toute la France et pas seulement en Ariège. Ils parlent aussi de l'ours lorsqu'il y a une occasion tel que l'accident avec un minibus ou la tentative de récupération "people" d'une lettre que Carla Bruni-Sarkozy n'a même pas écrite. Ils en parlent encore mieux lors de la réunion du Groupe Ours à Toulouse et, à cette occasion, ils parlent de ceux qui ont des choses à dire et qui ont remis un rapport conséquent et documenté. Aucun soucis, ils en parleront encore si on leur amène des éléments... nouveaux. Quant à les critiquer... en laissant croire "qu'ils se sont fait avoir" et "balader" sur "la fable des demoiselles d'Ariège", c'est les prendre pour des idiots. Et si les médias comme le public avaient tout compris des manipulations et mensonges successifs, de début août 2008, bien sûr, mais aussi depuis plus de 20 ans.

Depuis plus de 20 ans?
Tiens voilà une occasion de ressortir de vieilles archives... même celles du tunnel du Somport. Cela devrait intéresser du monde et pas forcément ceux que l'on croit.... Il est quand même curieux que cette association ne se pose aucune question sur son passé et son devenir. Que se cache-t-il là dessous? Une affaire d'argent? A vérifier..... Ou une histoire de "pouvoir"? Que la fièvre catarrhale vient perturber en faisant "écran de fumée"?
Là encore à vérifier....

Et puis, peut-être en êtes-vous frustré, mais personne n'a eu l'idée d'introduire en Ariège ou dans les Pyrénées la fameuse mouche responsable de la FCO.
Un oubli de votre part?
Pourtant, elle fait bien partie de la biodiversité au même titre que les brebis et l'ours.
Qu'attendez-vous pour le suggérer?
Ce serait l'occasion de tester le bon état de conservation de nos zones humides.

Cet après midi, je regardais pour la troisième fois un film de Yann Artus-Bertrand où François Arcangéli intervient. De son intervention je ne retiens qu'une chose: moi je détiens la vérité, je ne comprends pas que les autres n'acceptent pas cette vérité en discutant avec moi pour entériner la dite vérité parcequ'il n'y en a pas d'autre. Ou, sous une autre forme:
de toute manière je vous imposerai ce que vous ne voulez pas parce que l'ours c'est l'avenir de l'homme.

Je crains que beaucoup de pyrénéens, aujourd'hui, invitent François Arcangéli à se faire son propre avenir pour lui seul avec sa propre vérité et ses ours sans s'occuper des autres.

La fièvre catarrhale ovine est un mauvais moment à passer même si des troupeaux sont décimés (ce qui reste à prouver) ou perturbés dans leur développement et la sélection des bêtes. C'est un mal qui passera comme les autres maladies. Tandis que l'ours, c'est un "mal pour la vie" avec des gens qui prennent les Pyrénées pour un cirque ou un zoo que l'on visite en autobus comme a su le faire Nelly Olin au premier lâcher d'Arbas en 2006. C'est sûrement cette différence qui nous montre que l'ADET n'a toujours rien compris.

Louis Dollo, le 29 août 2008

- Le méchant ours et le pauvre moucheron (fable des Pyrénées)

Au début de 2002, alors que la neige était encore installée en Ariège, en quelques lieux du moins, je me suis rendu un dimanche matin - je crois - chez Olivier Ralu. Je ne le connaissais pas. Je savais juste qu'il était un éleveur de brebis, et un virulent opposant à la présence de l'ours dans les montagnes avoisinantes. Moi, j'essayais de mieux comprendre la haine séparant les partisans de la cohabitation et les autres.

Je revois les immensités d'herbe qui couraient sous le col Dolent, au bout de la piste menant chez l'éleveur. C'était beau, poignant, c'était un monde. Mais à part cela, je dois dire qu'on m'attendait de pied ferme. Ce n'était pas un guet-apens, pas tout à fait. Ralu n'était pas seul, et avait prévenu ses copains de l'Association pour le développement durable de l'identité des Pyrénées (Addip), violemment anti-ours. Les premières minutes furent tendues, oui tendues. J'étais seul en face d'une franche hostilité. Ralu s'était fait envoyer le fax d'un mien article, dans lequel je moquais en grand la Confédération paysanne. Celle de Bové, oui, qui à l'époque semblait unanime dans sa condamnation de l'ours. Or Ralu était de la Conf'. Un syndicat de gauche. Un syndicat écolo. J'étais l'ennemi parigot de tout ce que ces gens avaient construit là-haut dans les alpages.

Ce matin-là, on me sommait de m'expliquer, et j'étais embêté. Car sincèrement, je n'ai jamais considéré que la vie pastorale dans une zone où vivent des ours est toute facile. De leur côté, Ralu et les siens - je crois me souvenir du ton extrême d'Hélène Huez et, à un degré moindre, de celui de Dominique Destribois - hurlaient, tempêtaient, montraient des photos de brebis égorgées. Si l'un(e) ou l'autre lisent ces lignes, qu'ils sachent que je ne me moque pas d'eux. Au reste, je crois qu'ils le savent, car j'ai ensuite écrit un article (dans Terre Sauvage) qui leur rend, je le pense en tout cas, certaine justice.

Cela ne m'empêchera jamais de défendre autant que je le peux la présence de TOUS les animaux possibles et imaginables, partout où l'incroyable arrogance des humains le permet. PARTOUT, et bien sûr dans ces montagnes pyrénéennes où les ours sont chez eux sans contestation possible. Là-bas, il est manifeste qu'ils sont devenus malgré eux le porte-parole d'une armée de ventriloques. Je vais m'expliquer, rassurez-vous.

Sommairement, il existe deux groupes de pression politique qui veulent la peau de l'ours (il en reste chez nous moins de 20, la plupart immigrés de Slovénie, réintroduits donc). à l'ouest de la chaîne, en Béarn, le député Jean Lassalle, grand copain de Bayrou. Depuis qu'il s'est emparé du dossier, il y a une quinzaine d'années, l'ours autochtone des vallées d'Aspe et d'Ossau s'est rapproché à pas rapides de l'extinction pure et simple. Deux ou trois y survivent peut-être. Il y aurait un pamphlet à faire contre Lassalle, mais les lecteurs manqueraient. Sachez qu'il fut un fervent défenseur du tunnel du Somport, qui devait - mais si - "désenclaver" la vallée d'Aspe et conduire ses habitants à Pau à la vitesse du gave, le torrent du coin. Pauvre garçon.

Lassalle sera passé des dizaines (des centaines?) de fois à la télé grâce à l'ours, qui lui a fait un nom. Serait-il député sans l'animal? Je n'en jurerais pas. Car l'ours est le "bon client" par excellence des médias locaux et nationaux. L'imaginaire de pacotille que les journalistes y ajoutent - pâturages, bergers, flûteaux, clochettes et cabanes - permet de ne pas trop se fouler l'esprit à la recherche d'un autre sujet. Lassalle doit (presque) tout à l'ours.

Côté Est, côté Ariège cette fois, il faut citer Augustin Bonrepaux. C'est un socialiste à la mode locale, et ce n'est pas un compliment. Député à six reprises - il ne l'est plus -, longtemps président du Conseil général, il aura passé les dernières années de sa vie politique active à brailler contre l'ours. Encore faudrait-il décrire comme! Car ici, l'ours d'origine n'est plus depuis des décennies. Ceux qui s'y trouvent, je l'ai dit plus haut, ont été ramenés en camion depuis la Slovénie. En Ariège, l'ours est un immigré de fraîche date, dont les papiers sentent le faux. Je vous laisse penser la suite.

La fable est heureuse: l'Ariège de gauche et le Béarn de droite détestent donc l'animal sauvage. Entre les deux Excellences que je vous ai brièvement présentées, une microsociété de braillards. L'Addip déjà citée comprend en son sein des associations locales, dont l'Aspap (Association de Sauvegarde du Patrimoine d'Ariège-Pyrénées). Son responsable, Philippe Lacube, est désormais le président de l'Addip et représente donc le combat de la société authentique contre notre grand voyou. Lisez plutôt la phrase-fétiche de l'Aspap, qu'on retrouve à l'entrée de son site Internet (ici): "L'introduction et l'expansion des grands carnivores menacent le modèle pastoral pyrénéen, patrimoine et avenir d'un espace montagnard pour tous".
Franchement, ça me fait rire.
Les ennemis de l'ours, dont beaucoup des plus actifs sont des soixante-huitards venus dans les Pyrénées après la révolte d'il y a quarante ans, sont souvent des comiques.

Ainsi donc, 18 ours menaceraient le modèle pastoral pyrénéen. L'ami Alain Reynes - un abrazo, cher Alain - dirige depuis le petit village d'Arbas l'association du Pays de l'Ours-Adet, favorable à l'affreux carnivore. Arbas a pour maire un homme que j'estime beaucoup, François Arcangeli - otro abrazo, François - dont les rues calmes ont été dévastées le 1er avril 2006 par les copains de Lacube. Dévastées, je répète: outre de gentilles menaces de mort, les gens de l'Aspap s'en étaient pris ce jour-là à des bâtiments, jetant du sang, des pierres, des pétards contre la mairie et brûlant une belle statue en bois de l'ours, installée au beau milieu d'Arbas.

Alain Reynes vient de m'envoyer un communiqué de l'Adet (ici) que je trouve formidable, et qui m'a décidé à écrire cet article. Voyez-vous, la FCO vient de lancer une énième attaque contre les brebis des Pyrénées. La FCO, c'est la Fièvre catarrhale ovine, autrement appelée maladie de la langue bleue. Des dizaines de foyers d'une souche de type 1, très virulente, ont été découverts, notamment en Ariège et en Haute-Garonne, deux pays de l'ours. Véhiculé par un moucheron (Culicoides imicola), qui d'habitude demeure en Afrique du nord, le virus aurait déjà coûté bien davantage aux élevages des Pyrénées ces derniers jours que l'ensemble des ours en dix ans. C'est ce qu'écrit Alain dans le communiqué de l'Adet, et comme j'ai grande confiance en lui, je sais qu'il dit vrai.

Il accuse au passage - et comme j'en suis d'accord! - les opposants à la présence de l'ours d'être incapables de défendre les intérêts de la montagne et du pastoralisme. La question est certes redoutablement complexe, et dépasse le cadre de ce blog. L'association d'Alain, l'Adet elle-même, n'est au mieux qu'un ferment, le ferment d'un avenir possible pour les Pyrénées, avec l'ours bien sûr. En l'occurrence en tout cas, cette fin d'été rappelle quelques fortes évidences. L'ours n'est pour certains qu'une peau sous laquelle il est aisé de camoufler sa véritable identité. L'ours n'est jamais que l'émissaire d'une folie aussi vieille que notre espèce. L'ours est l'objet d'une haine recuite et proprement anthropologique.

Remarquez-le avec moi: depuis qu'il a commencé sa conquête du monde, l'homme ne s'est pratiquement jamais arrêté. Il est au désert, sur la banquise, dans les îles, au coeur des villes, il chasse jusqu'au profond des plus profondes forêts. Dans les Pyrénées, non. Pour des raisons locales et conjoncturelles, là, et pour la première fois depuis le Néolithique, il recule et baisse pavillon. Les humains de cette antique montagne sont descendus d'un cran, et n'occupent plus comme avant les hauteurs, les prés d'altitude, les abords des hêtraies. On appelle cela la déprise. On appelle cela l'exode. C'est une fuite.

Moi, je gage qu'une obscure souffrance, hideuse mais fondamentale, est au centre de la controverse sur l'ours. Ceux qui veulent la mort de l'animal n'acceptent pas de lui laisser la place. Dans les tréfonds, il y a comme le refus du moindre recul, le dégoût de cette défaite pourtant dérisoire contre le sauvage. La nature, la vraie, la seule, celle qui vit sans rien demander à personne, voilà le grand ennemi. Le reste, tout le reste n'est que fable et pauvre littérature. Il était une fois un moucheron qui faisait bien plus de mal qu'un ours. Mais qui passait moins bien à la télévision.

Auteur: Fabrice Nicolino
Source: Planète sans visa du 30 août 2008

- Commentaire

Fabrice Nicolino, journaliste environnementaliste extrémiste, a cette faculté remarquable lorsqu'il traite d'un sujet "militant" de parler de ce qu'il ne connaît pas et de nous raconter son histoire personnelle.

Ainsi donc, nous apprenons qu'il est venu en 2002 dans les Pyrénées pour faire la connaissance d'Olivier Ralu, co-président de l'ASPAP (il ne l'a pas noté, il ne devait pas le savoir) et d'Hélène Huez non moins engagée au sein de l'ASPAP. Mais depuis 2002, beaucoup d'eau est passée sous les ponts...

L'ADDIP est devenue la coordination pyrénéenne et est présidée par Philippe Lacube qui n'est pas président de l'ASPAP, mais son porte parole...

Tout ceci est bien compliqué vu de très loin des Pyrénées.Mais c'est néanmoins plus clair que la nébuleuse de Cap-Ours avec la FNE, etc... Et il fallait le préciser pour recadrer la situation.

Fabrice Nicolino aurait pu rajouter que ces gens là, et beaucoup d'autres, étaient des déçus de l'introduction de 1996/97. On leur avait promis beaucoup de choses qui ne se sont jamais réalisés. Même le maire de Melles, ex-président de l'ADET, qui avait accueilli les 3 introductions de l'époque était très critique. Critique au point d'envisager un parc de vision fermé à... Melles, pour y mettre tous ces ours qui créaient problème. C'était, en quelque sorte, la première idée de cantonnement que tout le monde a oublié mais reprise par l'ASPAP. Une idée d'un maire pro-ours!

Alors, lorsque notre "écolo-extrémiste" écrit: "Cela ne m'empêchera jamais de défendre autant que je le peux la présence de TOUS les animaux possibles et imaginables, partout où l'incroyable arrogance des humains le permet. PARTOUT, et bien sûr dans ces montagnes pyrénéennes où les ours sont chez eux sans contestation possible" nous sommes tentés de lui dire que c'est facile lorsqu'on ne les a pas dans son jardin au milieu de son exploitation agricole car, juridiquement, une estive est la continuité de l'exploitation agricole et fait l'objet de contrôles.

Lorsque Fabrice Nicolino affirme que dans ces montagnes, "les ours sont chez eux" il semble avoir une connaissance de l'histoire quelque peu limitée. L'ours brun n'est pas une espèce spécifique aux Pyrénées mais était partout en France et en Europe. Alors, pourquoi ne pas en avoir également en Ile de France, à Fontainebleau ou dans le Bois de Boulogne tout comme en Roumanie dans la périphérie de Brasov?

Lorsqu'il écrit qu'il existe "deux groupes de pression politique" il est totalement "largué". Dans ce domaine il nous fait une démonstration publique de son ignorance du sujet. Jean Lassalle n'est sûrement pas le plus opposé en Béarn. Il y a encore plus virulent. Quant à Augustin Bonrepaux il n'est pas personnellement à la manoeuvre. Mais comme tous les élus des Pyrénées, il approuve et encourage les actions hostiles à l'ours. Mais bon... depuis Paris difficile d'expliquer comment cela se passe.

Comment expliquer que l'ours a cette faculté remarquable de fédérer toute la classe politique de droite à gauche y compris au plus proche de Jean-Louis Borloo?
Ce dernier point est peut-être un scoop pour les parisiens mais sûrement pas pour les dirigeants de l'ADDIP ou des Conseils Généraux des Pyrénées. Un bon journaliste aurait pu s'informer et ainsi comprendre que le positionnement de Carla, c'était du passé qui fait, aujourd'hui, sourire. La politique, les décisions, ne se prennent pas dans les alcôves au grès des fantasmes journalistiques.

Mais tout ceci n'est pas bien grave puisque la "phrase fétiche" de l'ASPAP fait rire Fabrice Nicolino. Pour d'autres, il devient franchement comique notamment pour les "soixante-huitards venus dans les Pyrénées après la révolte d'il y a quarante ans" mais aussi et surtout pour beaucoup de pyrénéens de souche, autrement plus nombreux, qui veulent défendre leur patrimoine et leur mode de vie contre des petits dictateurs, venus d'un peu partout, qui voudraient leur imposer le leur.

Ce n'est donc plus une question d'ours ou pas d'ours mais une question de choix de société où notre personnage n'a pas grand-chose à dire.

Quant au communiqué d l'ADET, nous en avons déjà parlé. Assez lamentable. Mais bon... quand on a rien à dire... il faut toujours tenter d'exister.

Que Fabrice Nicolino sache que " e sauvage" dans les Pyrénées a disparu il y a de nombreux siècles et que ses habitants ne sont pas des sauvages et n'aspirent pas à une vie sauvage en revenant à la lampe à huile. S'il veut voir du sauvage, qu'il aille ailleurs mais pas ici. Ce n'est pas la bonne adresse.

Louis Dollo, le 31 août 2008