Nature des mouvements écologistes et leurs véritables objectifs: Profil et mode d'opérer - L'écoterrorisme

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Profil et mode d'opérer des principaux acteurs écologistes
Par Emmanuel Grenier

L'écoterrorisme

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- Le cas Unabomber

Theodore Kaczynski est un cas d'école qui montre que l'écoterrorisme ne peut pas être considéré comme un phénomène en tant que tel, mais qu'il est l'une des composantes nécessaires du mouvement écologiste international. Ce fou qui signait ses méfaits du pseudonyme "Unabomber", a été présenté dans la presse comme un "tueur isolé", mais cette thèse ne tient pas la route.

Rappelons les faits: Kaczynski, qui a été arrête en 1996, a envoyé au cours des années précédentes des colis piégés à une vingtaine de victimes, tuant ainsi trois personnes et blessant seize autres. Ses cibles qui faisaient partie des élites du monde scientifique et industriel, sont en fait de la même nature que celles du groupe Animal Liberation Front (ALF, voir ci-dessous) et montrent que ce qui est remis en cause c'est le progrès technologique. Ce point a d'ailleurs été confirmé lorsqu'en septembre 1995, Unabomber a exigé que la presse publie son manifeste La société industrielle et son avenir faute de quoi, il aurait recommencé à tuer. Le Washington Post et le New York Times ayant cédé très complaisamment ce chantage, on put retrouver sous la plume du tueur, des lignes qui portaient trés nettement l'influence des pères de l'écologisme:

"La révolution industrielle et ses conséquences ont été un désastre pour l'espèce humaine. Elles ont grandement accru l'espérance de vie de ceux qui vivent dans les pays avancés, mais elles ont également déstabilisé la société, elles ont créé une vie de frustration, el les ont soumis les êtres humains à un état indigne, amené des souffrances psychologiques très répandues (et des souffrances physiques dans le tiers monde) et enfin, provoqué des dommages graves pour la nature."

Cette complaisance des deux journaux américains vis-à-vis du tueur, met en évidence la responsabilité de la presse dans le développement de l'écoterrorisme: Unabomber est tout d'abord le résultat, en quelque sorte, de la fascination de certains journalistes vis-à-vis des thèses anti-industrielles. Ecoutons par exemple Jean-Marie Apostolides qui, en France, a traduit et présenté Unabomber aux Editions du Rocher:

"Unabomber conçoit ses engins comme des signes qu'iI envoie, au-delà de la personne particulière de la victime qu'il a choisie, à la société tout entière, et que celle-ci doit déchiffrer pour le comprendre (...). Sa position, qui recouvre jusqu'à un certain point celle de l'artiste dans la tradition romantique, le dote d'une perspective de moraliste qui lui permet de désigner le mal qui nous ronge. (Souligné par Apostolides.) Ce mal, c'est bien entendu l'oppression technologique qui justifie, selon lui, non pas les méthodes d'Unabomber, mais ses thèses..."

En fait, beaucoup de pistes partant de Unabomber nous conduisent directement à des mouvements écologistes et, en particulier, à des groupes écoterroristes. Par exemple, le Native Forest Network (NFN) a organisé en novembre 1994, une conférence sur le campus de l'université de Montana, à laquelle a assisté Unabomber. Le NFN a été fondé en 1990 dans la région australienne de Tasmanie par la Fondation australienne pour la conservation et par le Rainforest Action Network (RAN). La Fondation australienne pour la conservation a été fondée en 1963 par le prince Philip et le RAN en 1985 par Greenpeace, Earth First!, le Sierra Club et la National Wilderness Society. Phil Knight, fondateur du NFN, est également cadre de Earth First! et dirige la section occidentale de l'ALF.

David Foreman, l'un des fondateurs d'Earth First! écrivait en 1983:

"Le sang des cadres des industries du bois est ma boisson naturelle et le dernier soupir des administrateurs forestiers est une douce musique pour mes oreilles".

Cependant, depuis 1990, Earth First! essaie de se faire passer pour un mouvement pacifiste. Est-ce crédible? Si l'on en revient à la conférence de Montana de 1994, l'on constate - outre la présence de groupes criminels tels qu'ALF, aux côtés d'Earth First! qu'un exemplaire du journal de Earth First! (Live Wild or Die) a été distribué à tous les participants (selon Barry Clausen, le détective qui a infiltré Earth First!). Dans ce journal se trouvait une diatribe contre des sociétés qui détruisent l'environnement comme "Exxon, qui engagea Burson Marsteller pour contrer la publicité négative provoquée par la marée noire de l'Exxon-Valdez". Le 10 décembre 1994, Thomas Masser, ancien haut responsable de Burson-Marsteller fut tué par un colis de Unabomber. Dans sa lettre de recommandation, ce dernier déclarait avoir choisi Mosser parce qu'"entre autres méfaits, Burson-Marsteller avait aidé Exxon à nettoyer son image après l'accident de l'Exxon-Valdez". Carmelo Ruiz-Marrero, l'auteur de l'article de Live Wild or Die a reconnu par ailleurs avoir utilisé des documents de Greenpeace pour l'écrire.

Kaczynski était-il un tueur isolé en dépit de l'arsenal qu'il possédait chez lui et dont on voit mal comment il aurait pu se le procurer seul? Peut-être a-t-il en effet construit ses bombes lui-même. Cependant, il signait ses revendications en disant "nous" au lieu de "je", ce qui montrerait que dans son esprit malade, il s'identifiait à un groupe. Dans ces conditions, il est clair que les véritables responsables de ses meurtres sont bien ceux qui ont façonné son environne ment intellectuel - presse et écologistes. L'écoterrorisme n'est donc pas le fait de quelques fous isolés en Amérique du Nord, mais bel et bien le symptôme d'une maladie culturelle de notre société dans son ensemble.

- L'écoterrorisme en Europe

L'écoterrorisme est un phénomène qui s'est surtout développé aux Etats Unis et au Canada, notamment sur la côte Pacifique. Cependant, l'Europe n'en a jamais été totalement épargnée comme nous allons le voir sur quelques exemples - de genres très différents - qui ont eu lieu au cours de la dernière décennie.

Même si les écoterroristes ou écoguerriers sont surtout actifs dans les pays anglo-saxons, ils commencent à avoir une certaine publicité en France et, quelque fois très positive. C'était le cas d'un reportage consacré aux écoguerriers qui est passé en juin 1999 à l'émission de Patrick de Carolis Des racines et des ailes, diffusée sur France 3, où l'on voyait notamment des opérations de résistance passive mais aussi des menaces de mort. Néanmoins, commentant ce reportage, Hubert Reeves, astrophysicien au CEA, a déclaré:

"Sans aller jusqu'à approuver les actions terroristes, je pense que leur cause est bonne. Je suis très admiratif de leur courage. Je trouve très bien que ces jeunes se moblisent pour des actions que l'on peut qualifier d'héroïques."