THT et santé

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Vivre à proximité d'une ligne électrique à haute tension pose problème aux riverains.
Quelles seraient les conséquences pour ceux qui vivraient à proximité d'une ligne à Très Haute Tension, c'est-à-dire une THT?
Les communications médicales et scientifiques se multiplient sur le sujet et sont parfois contradictoires.
Qu'en est-il exactement notamment pour le projet des traversée des Pyrénées?

- Vivre à proximité d'une ligne THT aurait des effets sur la santé

Un collectif d'associations mobilisé contre la construction d'une ligne à très haute tension a commandé une étude sur les risques sanitaires associés. Les premiers résultats montrent que les personnes vivant à proximité d'une ligne à très haute tension auraient plus problèmes de santé (maux de tête, troubles du sommeil, irritabilité, etc.), voire plus de maladies graves que les autres...

Selon RTE, le gestionnaire gestionnaire du Réseau de transport d'électricité en France, "le transport de l'électricité à l'échelle nationale, voire européenne, est principalement assuré en 400.000 volts", c'est à dire via des lignes à très haute tension (THT). Or, la France est parcourue par un réseau de plus de 13.000 km de lignes, si elles sont souvent éloignées des habitations, ce n'est pas toujours le cas et certains tronçons passent à seulement quelques mètres des riverains.

Alors que les études sanitaires sur l'exposition des riverains aux lignes THT ne semblent pas fournir une réponse satisfaisante aux inquiétudes qu'elles occasionnent, début décembre 2007, le collectif Anti THT Cotentin Maine a contacté le CRIIREM (Comité de recherche et d'information indépendant sur les rayonnements électromagnétiques non ionisants) pour mettre en place l'enquête "Vivre avec une ligne THT".
"Depuis le début du projet Cotentin-Maine, on a des difficultés à se mettre d'accord avec RTE, indique Jean-Charles Herriau, du collectif Mayenne SurVolTée. Ils prétendent qu'il n'y a pas d'incidence des lignes sur la santé. Nous, nous pensons le contraire. On essaie même d'évaluer celles qui ne sont pas forcément prises en compte. Alors, pour vérifier les arguments qu'on avance, on a décidé de mener une enquête."
En effet, une coordination inter-régionale de 80 associations sur 5 départements (Mayenne, Ile et Vilaine, Manche, Orne et Calvados) se mobilise contre le projet de ligne THT Cotentin Maine. Celui-ci devrait accompagner la construction à Flamanville, dans la Manche, du premier réacteur nucléaire de troisième génération, EPR (European pressurised water reactor) dont la mise en service est attendue pour 2012.
Les premiers résultats de l'étude sanitaire
L'étude a consisté à mettre en place un comparatif entre des riverains exposés à une ligne THT 2 x 400 000 Volts (Flamanville - Domloup) et des futurs riverains d'une ligne 2 x 400 000 Volts (Cotentin Maine) non encore installée mais dont le couloir est répertorié par RTE.

Le Directeur Scientifique du CRIIREM, Pierre Le Ruz, Docteur en physiologie souligne qu'après une étude partielle de 350 dossiers, un certain nombre de tendances semblent émerger:
"1. Des dysfonctionnements, sur les appareils électriques et électroniques chez les riverains exposés, deux fois plus importants que chez les riverains non exposés. Ce phénomène indique que des problèmes de compatibilité électromagnétique sont constatés.
2. Des problèmes de santé focalisés sur des troubles du sommeil, de la mémoire, de l'audition, mais aussi des maux de tête, de l'irritabilité et des états dépressifs sont significativement plus fréquents chez les riverains exposés que chez les riverains non exposés. De plus, les symptômes décrits ci-dessus disparaissent significativement lorsque les riverains quittent la zone affectée par la ligne THT.
3. Des maladies graves ayant fait l'objet de traitements lourds, d'actes chirurgicaux et des cancers (leucémie, cancers du sein et de la thyroïde, ...) sont détectés significativement en plus grand nombre chez les riverains exposés.
Ces observations confirment les conclusions du rapport Bio Initiative du 31 août 2007, signés par David Carpenter et Cindy SAGE (Université d'Albanie, New York).
4. Les facteurs de confusions (tabac, alcool, drogue) ayant été pris en compte, n'influent pas sur les autres données de l'étude.
5. Les élevages étudiés montrent que la ligne THT (2 x 400 000 Volts) peut être à l'origine de courants parasites dans les structures métalliques (portails, abreuvoirs, cornadis....) générés par des phénomènes d'induction, nuisibles aux animaux et à la production des exploitations."
Quelques études précédentes
Selon le CRIIREM, près de 200 000 personnes en France vivraient à moins de 100 mètres d'une ligne à très haute tension. Chez les enfants, "si l'on examine les tumeurs du cerveau et d'autres diagnostics, on constate que le risque de leucémie est de 69 % plus élevé que la moyenne si l'on se trouve à moins de 200 mètres d'une ligne à haute tension, et de 23 % plus élevé si l'on se trouve à une distance comprise entre 200 et 600 mètres d'une ligne à haute tension" a expliqué Gerald Draper, directeur de recherche à l'université d'Oxford. L'étude d'épidémiologie réalisée de 1997 à 2001 et rendue publique en juin 2005 porte sur 60.000 enfants britanniques, pour moitié issue du registre national des tumeurs infantiles.
Le lien entre les champs magnétiques des lignes à haute tension et la fréquence des leucémies infantiles a été mis en évidence dès 1979. "Depuis, des dizaines d'études épidémiologiques, de plus en plus sophistiquées, ont été publiées", résume ainsi Peter Boyle, le directeur du CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer). En 2000, le CIRC a conclu: "il apparaît pour l'ensemble de ces travaux un doublement du risque de leucémie infantile, pour une exposition supérieure à 0,4 microTesla". Pourtant, un arrêté du 17 mai 2001 a fixé la limite d'exposition à 100 microTesla (densité de flux magnétique) en France...
Toutefois, l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) note que "jusqu'ici, aucun effet sanitaire indésirable résultant d'une exposition prolongée à des radiofréquences ou aux fréquences correspondant au transport d'énergie électrique n'a été confirmé", poursuivant toutefois que "la recherche se poursuit activement dans ce domaine." Ce pourquoi, la nouvelle étude du CRIIREM est intéressante; les conclusions définitives seront publiées en juin 2008.

Enfin, RTE propose bien un site Internet relatif aux règles à suivre sous les lignes à haute tension, mais n'y mentionne pas les risques sur la santé des riverains.

Ces premiers résultats inquiétants mobilisent plus que jamais la coordination Stop THT, qui regroupe des associations sur les trois départements concernés par le projet de ligne THT liée à l'EPR (Ille-et-Vilaine, Manche et Mayenne).
A ce titre, Stop THT demande aux candidats aux prochaines élections municipales de s'engager à mettre en oeuvre, s'ils sont élus, tous les moyens juridiques et politiques en leur pouvoir pour imposer une distance de protection entre toute future ligne THT et les riverains et exploitations les plus proches.

En savoir plus

Auteur: Christophe Magdelaine
Source: Notre Planète du 5 mars 2008

- Lignes à très haute tension : attention riverains

Près de 3.000 foyers d'Ille et Vilaine, de Mayenne et de la Manche résidant près d'une ligne à très haute tension (THT) font l'objet d'une enquête sanitaire sans précédent, menée à l'initiative d'un collectif d'associations. Les premiers résultats confirment chez ces riverains un nombre accru de maux de tête, d'états dépressifs et de leucémies.

"Il n'existe en France aucune étude d'impact sur les conséquences sanitaires de la présence d'une ligne haute ou très haute tension", explique Jean-Charles Herriau, l'un des pilotes de la coordination Stop THT. Elle regroupe une centaine d'associations de Mayenne, d'Ille-et-Vilaine et de la Manche, opposées au projet de ligne THT liée à la construction de la centrale nucléaire EPR à Flamandville (Manche, annoncée pour 2012. "Les seuls points abordés par EDF et RTE, gestionnaire du réseau français de transport d'électricité, concernent l'insertion paysagère et l'accompagnement financier du projet d'installation", ajoute-t-il. Le collectif a donc décidé de mener sa propre enquête "sur le vécu et le ressenti des populations habitant sous des lignes THT ou susceptibles d'y habiter demain".

- 8.000 dossiers, 300 enquêteurs, 160 communes

Associant élus et syndicats agricoles, cette enquête, entamée mi-janvier 2008 et touchant environ 10 000 riverains, frappe par son ampleur et son organisation. Elle s'appuie sur une armée de 300 bénévoles. Tous signataires d'une charte de l'enquêteur et encadrés par une équipe de 20 coordinateurs, suivis et formés par le Criirem, le Centre de Recherche et d'Information sur les Rayonnements Electromagnétiques, responsable de l'ensemble du protocole d'enquête et du questionnaire administré. Anonyme, celui-ci porte sur l'habitation, le lieu de travail, les modes de vie... Une fois rempli lors d'un entretien individuel, ce questionnaire est mis sous pli, cacheté sous les yeux de la personne interrogée, puis adressé aux scientifiques du Criirem. L'association a reçu 8.000 courriers, répartis en trois groupes.

L'enquête, telle qu'elle a été conçue, compare en effet trois zones distinctes. Des couloirs de 300 mètres de large, situés de part et d'autre de deux lignes THT, près de Rennes. Et un troisième fuseau, le long de l'arc Maine-Contentin, autour du tracé envisagé pour la future ligne THT liée à l'EPR. Cette population, non exposée, sert de groupe de contrôle aux observations faites dans ceux déjà exposés.

- Risque accru de leucémies

Les conclusions définitives sont attendues fin juin 2008, mais l'analyse préliminaire de 350 dossiers dessine plusieurs tendances. "Des problèmes de santé focalisés sur des troubles du sommeil, de la mémoire, de l'audition, mais aussi des maux de tête, de l'irritabilité et des états dépressifs sont plus fréquents chez les riverains exposés que chez les riverains non exposés et disparaissent de façon significative lorsque les riverains quittent la zone affectée par la ligne THT," résume Pierre Le Ruz, du conseil scientifique du Criirem. Des cancers du sein et des leucémies sont aussi détectés en plus grand nombre.

Relevés dès la fin des années 1970, les effets cancérigènes des lignes électriques, THT incluses, ont suscité un net regain d'attention en 2005, à l'occasion de la parution en Grande-Bretagne du rapport Draper, une étude rétrospective portant sur 60.000 enfants dont la moitié atteints d'un cancer. "Si l'on examine les tumeurs du cerveau et d'autres diagnostics, on constate que le risque de leucémie infantile est 69 % plus élevé que la moyenne pour les enfants habitant à moins de 200 mètres d'une ligne THT, et 23 % plus élevé lorsque cette distance se trouve comprise entre 200 et 600 mètres," a expliqué l'épidémiologiste Gerald Draper, de l'Université d'Oxford.

- Corridors préventifs?

Au Royaume-Uni, après une première proposition de loi demandant un moratoire immédiat sur la construction de maisons et d'écoles à proximité de lignes THT, le rapport SAGE a conclu en avril 2007 que "le lien entre la proximité de lignes électriques et la leucémie infantile est suffisant pour adopter une recommandation de précaution, y compris l'option, dans la mesure du possible, d'enterrer toute nouvelle ligne électrique et d'empêcher la construction de nouveaux bâtiments résidentiels à moins de 60 m des lignes existantes." Un avis que la Commission d'enquête parlementaire a recommandé au gouvernement d'étendre jusqu'à 200 mètres des lignes les plus puissantes.

Victime collatérale de lignes THT: le marché de l'immobilier britannique, dont la décôte des habitations exposées approche les 25%. Mais à ce jour, le gouvernement Gordon Brown n'a pourtant fixé aucune bande de sécurité minimum encadrant les lignes THT. La France compte quand à elle plus de 13.000km de lignes THT, contre 3.000 en Grande-Bretagne. Depuis 2004, un décret fixe autour des lignes THT des servitudes allant de 10 à 40m, appliquées à la discrétion du préfet. Insuffisant, revendique le collectif Stop-THT. "Nous souhaitons que les élus concernés s'engagent à protéger leur population, mais aussi faire évoluer les normes et obtenir des distances de protection par rapport aux personnes et aux exploitations. Trois députés sont déjà prêts à porter les résultats à l'Assemblée nationale," affirme Jean-Charles Herriau. Affaire à suivre. Près de 200.000 personnes en France vivraient à moins de 100 mètres d'une ligne THT.

Auteur: Maxence Layet
Source : Novethic.fr du 10/03/2008