2012 - Déclaration du groupe -Avec le Loup, pas de Paradis-

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Alors que depuis des années il nous est expliqué, aussi bien par les pouvoirs publics que par les associations environnementalistes, que tout se passe bien en Espagne avec le loup et l’ours, que la cohabitation est parfaite et que les éleveurs de montagne français ne sont que des arriérés incapables d’évoluer, de se remettre en cause et de garder leurs moutons, une fois encore, l’Espagne, et plus précisément les bergers du Parc des Picos de Europa (Massif Cantabrique) nous montre, à partir d'une déclaration, que chez eux, vivre avec le loup, ce n’est pas le paradis et que les systèmes pastoraux sont globalement les mêmes quelque soit les montagnes.

La déclaration publiée dans la presse espagnole le 17 août 2012 reprend de nombreux éléments de celle qui avait déjà été écrite le..... 23 août 2002.
C'est dire que depuis 10 ans, rien n'a changé dans cette région qui nous est abusivement présentée comme un paradis de la cohabitation entre l'homme, les bergers et les grands prédateurs, ours et loups.

Quand les associations écologistes françaises, relayées par l’Etat, cesseront-ils de mentir en acceptant la réalité des faits aussi bien en France qu'en Espagne ou en Italie?

Au cœur de l’intense polémique (toujours là depuis des années mais jamais résolue) sur la gestion correcte du loup dans les montagnes asturiennes (et surtout dans les Picos de Europa), le collectif «Avec le Loup, pas de Paradis»(A) rend public le document ci-dessous, une réflexion sur l’histoire du pastoralisme dans les Asturies et les raisons pour lesquelles la présence du loup doit conduire à un contrôle de l’espèce bien plus important que celui mis en œuvre jusqu’à présent par les autorités:

- Déclaration du groupe «Avec le Loup, pas de Paradis» en 2012

Un certain nombre de choses que vous devriez savoir à propos des Loups et des Bergers
qu'on ne vous a jamais racontées

1) - Bien qu’il soit possible dans les Asturies de compter autant de modèles pastoraux que de communes ou de paroisses, on peut globalement considérer deux systèmes différents:
- celui du versant Sud, le plateau castillan et léonais, qui est l’une des extrémités historique de "l'Elevage Transhumant" des brebis mérinos, gardées par des chiens de protection, les «mastines». Une fois l’hiver terminé, elles venaient d’Estrémadure profiter des pâturages d’été;
- celui du versant Nord, tourné vers l’océan, qui est une zone d’élevage «Estante»(B), pratiquée par les communautés locales d’éleveurs ovins, caprins, et en moindre mesure bovins qui, depuis des siècles, se sont spécialisées dans l’utilisation des pâturages pour la fabrication du fromage. Il se déplacent entre vallée et montagnes: l’été sur les pâturages d’altitude (ils restent là, entre 1000 et 2000 m d’altitude), et l’hiver sur les pâturages du bas ou «inviernos» entre 600 et 100 m. L’élevage du Sud se déplaçait en latitude, celui du Nord en altitude.

2) - Sud et Nord, les deux zones étaient séparées par les trois massifs des Picos et notamment par une ligne de crêtes et de défilés qui jouèrent le rôle d’une frontière naturelle rendant difficile le passage du loup des plateaux castillans vers les zones côtières cantabriques. C’est la raison pour laquelle les estives les plus intérieures et toute la zone asturienne restèrent un territoire d’accès difficile pour les loups des plateaux castillans. Ce contexte particulier était déterminé par la nature et par la géographie: d’une part l’effet barrière, d’autre part la possibilité de disposer de pâturages tout au long de l’année en suivant les variations d’altitude.
Depuis des milliers d’années ces circonstances particulières ont permis d’exister à une société pastorale particulière. Aujourd’hui les communes dePeñamellera Alta y Baja, Cabrales, Onis, Cangas de Onis et Amieva forment toutes des communautés locales de bergers estantes élevant des brebis et des chèvres, aux méthodes particulières, aux institutions locales de gouvernance par les habitants, aux formes spécifiques de pâturage et de gestion des communaux, aux paysages et spécialités agroalimentaires en liaison avec la fabrication de fromages.

3) - Le pâturage estante des Picos de Europa constitue une culture originale très ancienne et en danger d’extinction, sans doute l’une des plus originales d’Europe. La conservation du paysage et le système agroécologique du versant océanique des Picos en dépendent.
Vitale pour assurer cette conservation, cette culture agonise et s’éteint en silence pour plusieurs raisons: manque d’information des citoyens, irresponsabilité du parc national qui n’a jamais considéré l’importance du pastoralisme comme pierre angulaire de l’écosystème, mépris des Administrations publiques et particulièrement de celles liées à la conservation de la nature, changements et innovations introduites par l’économie industrielle, et triomphe d’une propagande conversationniste biaisée qui se fonde sur l’idée que c’est le loup qui doit occuper l’espace des brebis et des chèvres. Ce fut d’abord la technologie forestière franquiste qui les chassa des estives et des zones d’hivernage des Picos pour y planter des pins. Ensuite, une politique de conservation erronée, complètement détachée de la logique de l’écologie culturelle et de l’histoire de cette terre, encouragea la recolonisation du loup afin qu’il prenne possession des «cabrales» /nom d’un fromage de la zone/ et en finisse ainsi avec le pastoralisme estante.

4) - A partir des années 80 du siècle passé le loup est entré en expansion depuis les derniers réduits où il s’était réfugié au Nord de l’Espagne après des années d’intense persécution. Une opinion publique urbaine qui idéalisait le loup, des politiques de protection et une nette diminution de la population rurale firent que le loup commença à prospérer ce qui se manifesta, à partir de 1986, par des incursions et des dommages sur le versant océanique des Picos de Europa.

5) - A partir des années 90 les loups envahirent tout le reste du versant asturien des Picos . Après une longue et stérile polémique entre bergers et Administration sur lévriers ou chien de chasse - et loups par ci, et chiens par là - on permit aux loups de continuer leur implacable travail et de s’organiser en meutes stables sur le versant océanique des Picos. Avec le consentement de l’Administration du Parc National - qui dans ses presque cent ans d’histoire n’eut jamais aucune estime pour les bergers - on finit par permettre tacitement aux loups de détruire en quelques années un complexe système pastoral adapté et bien réglé qu’il avait fallu des millénaires pour construire. On alla jusqu’à éditer un poster commémoratif et plein de louanges pour leur souhaiter la bienvenue.
Les loups passèrent ainsi 20 ans à se nourrir quasi exclusivement de bétail domestique. On a calculé qu’ils ont tué près de 3.000 brebis pendant ces années. Par contre ce dont on n’a pas le chiffre, c’est la quantité de bergers qui ont jeté l’éponge devant l’impossibilité de maintenir brebis et chèvres dans les estives. Et c’est ainsi que furent vendus et disparurent des troupeaux qui étaient parfaitement adaptés à la montagne, aux cycles annuels de circulation entre estives et zones d’hivernage, et qui pendant des siècles avaient fabriqué fromage et paysage.
Aucune organisation écologiste, aucune Administration ni régionale ni nationale n’alerta sur la tragédie écologique, humaine, écologique et culturelle qui nous tombait dessus avec la mort du pastoralisme et l’expansion du loup sur le versant océanique des Picos.

6) - A partir des années 2000, après en avoir fini avec les brebis et chèvres des Picos, les loups s’attaquèrent aux massifs pré littoraux du Cuera et du Sueve . Ce n’est qu’alors, quand ils massacraient déjà les troupeaux juste à côté des plages de Llanes et Ribadedeva, que sonnèrent toutes les alarmes et que l’Administration voulut bien commencer à sortir les rustines. Trop tard. A ce moment là les loups, grâce à ceux qui leur avaient permis de se répandre sans limite et de se reproduire à leur aise, en avaient fini avec des millénaires de troupeaux fromagers ovins et caprins. L’embroussaillement gagna sans aucun frein et l’écosystème, qui jusque là était géré par la culture des bergers, entra définitivement en dérive. Comme une barque qui n’aurait plus ni capitaine ni équipage.
Si quelqu’un croit que le loup va s’occuper de la nature dans les Picos de Europa, il se trompe. Les loups n’ont rien à faire du territoire, simplement ils en usent en fonction de leur intérêt de grands prédateurs, et suivant leur logique, développée et instinctivement intelligente, ils conquièrent chaque fois un peu plus de ce territoire qu’ils convertissent en nouvelle aire de gîte et de reproduction. Si les amis des bêtes et autres défenseurs de la nature croient qu’ils vont s’arrêter, là encore ils se trompent. Ils ne s’arrêteront jamais parce que là est la clef de leur extraordinaire force naturelle: conquérir de nouvelles terres et s’y adapter, tuant toutes les proies qu’ils peuvent pour s’alimenter.

7) - Pour ne pas se tromper dans la gestion du loup sur le versant océanique des Picos, il faut connaître comment fonctionnait autrefois l’écosystème pastoral fondé sur la «reciella» (1)
Avant d’encourager la colonisation du loup sur ce versant, les responsables de la conservation de la nature gagneraient à connaître le fonctionnement du système pastoral local et à valoriser et respecter l’importance écologique de ce patrimoine culturel créé par les communauté des bergers.
Et pourtant, alors qu’il s’occupe depuis presque un siècle de ce paysage culturel, le Parc National n’a jamais lancé la moindre étude pour connaître ce qu’avaient pu faire les bergers qui témoignent de plus de 6000 ans de gestion ininterrompue de ces montagnes, y compris loups et faune sauvage. Jamais il ne leur a demandé comment et pourquoi ils faisaient les choses. Le système pastoral local s’est quasiment éteint sans qu’au moins on ait essayé de le connaître. Nous allons brièvement l’expliquer.
Comme nous l’avons dit, la reciella parcourt un cycle annuel entre la vallée et les sommets à la recherche de pâturage. A la fin de l’automne et en hiver, les animaux sont cantonnés dans les zones d’hivernage, les invernales, utilisant alors les pâturages les plus bas, entre 100 et 700 mètres au dessus du niveau de la mer. A la mi printemps, une fois mis bas, chèvres et brebis avec leurs petits montent vers les estives, entre 900 et 1600 mètres, où elles sont alors traites pour le fromage, profitant des pâturages d’altitude. A cette époque les animaux suivent un rythme quotidien très précis: on trait aux premières heures du jour, chevrettes et agnelles «se extreman» (2) et restent à proximité des cabanes tandis que les mères vont pâturer en effectuant un ample parcours (3) qui s’achève avec le retour à la cabane à la dernière heure du jour pour la seconde traite.
Puis à partir de la mi août, quand les brebis tarissent et cessent de donner du lait, elles ne sont plus rassemblées la nuit près des cabanes mais grimpent et pâturent al relencu (4) sur les pâturages les plus hauts, entre 1.400 et 2.000 mètres. Mères et petits prennent du poids, engraissent, et continuent à profiter des pâturages sans présence quotidienne du berger qui partage son temps entre travaux en bas dans la vallée, et surveillance de la maturation du fromage dans les caves naturelles sur l’estive. Bien entendu, toutes ces formes et phases du pastoralisme ajustées au millimètre près ne sont possibles que si elles ne sont pas traquées par le loup. La complexe orographie des Picos, les dangers de leur sol formé des milles fissures d’une roche calcairetrès accidentée, la dispersion des zones étroites de pâturage, celle du troupeau qui pâture en petits groupes unis par des liens de familiarité, et les abondants et fréquents brouillards, tout cela rend impossible la surveillance permanente du berger à côté du bétail (C). Jamais dans l’histoire des Picos on n’a pâturé le massif avec des chiens de protection. Il n’y a aucun vestige ethnographique de pièges ou de «"chorcos"» (D) pour les loups. On n’est pas ici sur le plateau castillan où les brebis pâturent en troupe serrée gardée par les chiens de protection. Ici, à cause de la fragmentation et des failles du terrain, à cause de la dispersion de zones de végétation, cette forme de pâturage est impossible et il est invivable de pâturer au milieu des loups. Les loups sont compatibles, et encore avec des limites, sur le versant castillan, ils ne le sont pas du tout sur le versant asturien.

8) - Où on raconte comment les bergers de reciella fromagère se sont transformés en vachers de vaches nourrices subventionnées.
Le seul havre de paix qui restait à l’économie pastorale après le triomphe du loup et l’impossibilité de faire pâturer la reciella - pas seulement à cause des loups mais aussi parce que si l’on voulait continuer il fallait le faire comme si on vivait encore au Moyen Age - fut l’élevage de bovins primés par la PAC. Les montagnes s’emplirent alors de vaches nourrices subventionnées. On sait pourtant que plus du tiers de la superficie des pâturages des Picos sur le versant asturien ne peut être utilisé que par les chèvres et les brebis, et qu’il n’est pas bon que la montagne soit prise d’assaut chaque été par une troupe de vaches sur une mer de bruyères. Mais les bergers fabricants de fromage n’ont pas eu d’autre choix que de se transformer en vachers.

9) - L’écologie des pâturages est fondamentale pour la conservation du paysage et de la biodiversité du parc national des Picos de Europa.
L’habitat le plus important du parc sur le versant asturien est celui des pâturages subalpins, et sur le versant léonais et les zones intermédiaires celui des bois caducifoliés. Mais tout cela doit être gradué et ordonné. Les gestionnaires administratifs et politiques du parc ne connaissent rien - ou pour mieux dire n’ont jamais rien voulu savoir - de l’importance écologique des cultures pastorales des communautés locales. Les bergers et leurs troupeaux de reciella sont indispensables pour conserver la biodiversité des pâturages alpins et subalpins qui, avec les reliefs calcaires, sont l’essence même des Picos de Europa comme espace digne de protection.

10) - «Avec le Loup, pas de Paradis», est une façon d’affirmer que dans des paysages culturels comme ceux des Picos de Europa nous ne voulons pas que la gestion de la nature soit entre les mains du loup ni d’une politique de conservation étrangère au pastoralisme.
Nous ne demandons pas l’extinction du loup, mais nous ne voulons pas que ce soit lui qui commande et gère le territoire. Nous ne voulons pas que disparaisse le parc des Picos de Europa, mais nous voulons dénoncer une politique de protection de la nature qui a passé quasiment un siècle à comploter contre les bergers. D’abord et dès le début en essayant de réduire leurs droits, leurs institutions où les habitants décidaient, leurs propriétés communales. Ensuite, dans les années 70 du siècle précédent et la période du tardo-franquisme, en plantant des pins dans les zones d’hivernage de la reciella et légiférant pour qu’elle ne monte plus en estive. Et à présent, depuis les années 90, en favorisant l’expansion incontrôlée du loup sur le versant océanique du parc afin qu’il élève ses petits au milieu des chèvres et des brebis et en finisse avec le travail séculaire de nos ancêtres.

Picos de Europe, le 17 août 2012

Traduction: B. Besche-Commenge ASPAP/ADDIP - 29 août 2012

Publié par «Crónicas del Oriente», 18 août 2012

Appel de notes: en chiffre, des auteurs - les notes concernent essentiellement des termes asturiens utilisés tels quels dans le texte en castillan

(A) Note du traducteur: Référence directe au slogan touristique de la Principauté des Asturies= «Asturias, paraíso natural» = Asturies, paradis naturel.

(B) Note du traducteur: «ganadería estante» = pour estante le dictionnaire de María Moliner propose cette définition: «employé à propos du bétail, spécialement à laine, qui pâture toujours à l’intérieur des limites juridictionnelles du territoire auquel il est rattaché.» Très généralement on oppose troupeaux estantes et foráneos: locaux et étrangers. Certains auteurs utilisent estante uniquement pour le bétail restant à proximité des exploitations, bœufs de travail par exemple autrefois.
Dans le texte, le mot s’oppose à «transhumant» au sens tel que défini précédemment. L’espagnol connaît deux mots pour dire les déplacements estivaux des troupeaux: à côté de «trashumancia», le mot «trasterminancia» n’a pas d’équivalent en français même si la même réalité existe: il désigne la «transhumance courte» effectuée par les éleveurs valléens qui progressivement montent de leur propriétés aux estives voisines en passant par l’étage intermédiaire. Ils restent sur leur territoire, et cela s’accompagne très majoritairement de façons de tenir les bêtes en montagne très différentes de celles des grandes transhumances, spéculatives, souvent quasi industrielles déjà à dates très anciennes en Espagne comme en France. Les races sont généralement différentes dans les deux situations: mérinos dans la transhumance, races locales dans la trasterminancia.
Ici, «estante» est mis en relation avec cette forme de déplacement court et les races locales comme on le voit ensuite. Je garde le mot espagnol dans la traduction: sans équivalent français, il signifie à la fois «sur place, dans son territoire» et «transhumance courte de bas en haut et vice versaà l’intérieur de ce territoire ».

(1)Note des auteurs: le petit troupeau, ovins et caprins.

(2)Note des auteurs: se séparent des mères

(3)Note des auteurs: Les bergers n’accompagnent pas le bétail dans ce parcours parce qu’ils sont à la cabane en train de faire le fromage. Mais le troupeau suit un itinéraire circulaire de plusieurs kilomètres avec une précision extraordinaire: ce n’est pas pour rien que les grandes lignées de bergers - les Valle, Suero, Asprón, Remis … - ont vécu pendant des siècles dans ces montagnes en suivant ces itinéraires et maintenant ainsi leur espace vital de génération en génération.

(4)Note des auteurs: sans présence quotidienne du berger et sans être rassemblées près des cabanes

(C) Note du traducteur: c’est exactement le système des «escabots» pyrénéens. Le système «à la rage» de certaines vallées alpines (Champsaur, Valgaudemar notamment) en est une variante. Quant à la période de traite suivie de celle de tarissement où les brebis sont alors libres, on retrouve les mêmes dans les estives ovines fromagères des Pyrénées, majoritairement Pyrénées de l’Ouest.

(D)Note du traducteur: Les "chorcos" étaient des pièges à loups vers lesquels des rabatteurs poussaient la bête. Le «chorco de los lobos» à Corona, dans la vallée de Valdeón (versant léonais des Picos de Europa], est célèbre pour l'ordonnance de 1610, la plus ancienne connue, qui règle le fonctionnement de cette battue. Elle associait quasiment tous les habitants du village, les femmes aussi dans certains cas, selon une stratégie très ordonnée où chacun devait jouer un rôle précis à une place précise afin que le loup ne pût faire autrement que finir dans le piège.
On est là sur le versant léonais, de tels pièges n’existent pas sur le versant océanique asturien comme l’indiquent les auteurs.