Le coût du loup vu par une bergère du Vercors

Logo Facebook
Vous êtes ici: Accueil > Faune-Pyrenees > Loups > Europe > France > Alpes > Opposition-Manifestations-Colere > Loup-Alpes-Vercors-cot-vu-par-une-bergere

Annette Jouvent est secrétaire (section Isère) de l'Association des Eleveurs et Bergers du Vercors Drôme-Isère. Autant dire qu'elle est au coeur du problème loup tout comme des problèmes des éleveurs ovins de montagne. Elle analyse la situation avec beaucoup de lucidité liée à son expérience et ses observations personnelles. Nous publions ici le texte qu'elle a bien voulu nous faire parvenir.

Il serait revenu "naturellement" des Abruzzes au Mercantour en 1992.

De deux loups arrivés en 1992, le Ministère de l'Ecologie reconnaît en 2007 la présence de 140 à 160 loups dans les Alpes.

Bien difficile à compter le prédateur, plus rusé et plus malin que l'homme!!!!
Mais il ne se contentera pas des Alpes, il est recensé chaque année dans un nouveau département (Pyrénées-Orientales, Morvan, Lozère, Jura etc...)

Mais c'est dans les Alpes (Savoie, Haute-Savoie, Isère, Drôme, Alpes Maritimes, Hautes Alpes, Alpes de Haute Provence) qu'il commet le plus de dégâts sur les troupeaux domestiques (ovins, bovins, équins).

En 2002, une commission parlementaire (Mrs Estrosi et Spagnou) étudiant très précisément la présence du canidé dans les zones pastorales, affirmait "l'incompatibilité entre la présence des loups et l'élevage".

Il fallait alors contraindre les éleveurs à accepter l'arrivée des loups, il fallait aussi les convaincre qu'ils seraient en appliquant les mesures de protection dites "Mesures T", "protégés" des loups et indemnisés des dégâts commis.

Les éleveurs n'avaient pas vraiment le choix, même si ces mesures vont à l'encontre des règles de bonne gestion pastorale, posent des problèmes avec les autres usagers de l'espace (Patou), affectent l'équilibre de l'exploitation et la vie de l'éleveur, 600 contrats ont été signés.

Il est vrai que d'une cinquantaine d'attaques en 1994 on est passé à plus de 950 en 2005, le taux annuel moyen d'accroissement des attaques se situe à environ 30%.
Cette augmentation s'accompagne bien sûr d'une augmentation du nombre des victimes, de 200 en 1994, on passe à 3700 en 2005, pour l'essentiel des ovins, et caprins mais aussi des bovins et quelquefois des équins.

- Tout ceci a un coût pour la société:

Le choix de protéger les loups (Convention de Berne et Directive Habitat) est donc un choix coûteux pour notre société et désastreux pour nos éleveurs, il ne fait que progresser puisque progresse le nombre de loups, mais les chiffres sont de plus en plus difficiles à obtenir et sont toujours sous estimés.
Cette année 2008, de nombreux dossiers d'indemnisation ont été refusé, les victimes se trouvaient pourtant en "zone à loups" et présentaient toutes les caractéristiques d'attaques du canidé.
Ces dossiers ne seront pas indemnisés.

Ces indemnisations proposées, encouragées, préconisées par l'Etat pour compenser des pertes indignes, deviendraient elles trop lourdes? Le budget ne serait-il pas aussi extensible que la population de loups? Aurait-on en haut lieu, le projet de ne pas tenir ses engagements de contrats pourtant signés?
La situation des éleveurs et bergers dans les zones à loups est insupportable avec le risque permanent de voir anéantir leur cheptel qui est aussi leur patrimoine et souvent, bien plus qu'un outil de travail.
Alors refuser des indemnisations devenues légitimes ne peut que conduire à l'incompréhension, la frustration, le sentiment d'avoir été trompé depuis le début, d'être humilié et méprisé.
Nous savons à quelles extrémités peuvent conduire ces ressentis.

La mesure efficace, celle qui permettrait aux bergers de défendre leur troupeau est considérée comme criminelle (passible de plusieurs passages devant les tribunaux).
De qui se moque-t-on?
Qui fait les frais de cette prétendue "écologie"...?
Les bergers et les éleveurs comprennent trop bien qu'ils sont sacrifiés à un lobby d'une société qui ne reconnaît pas le sens de leur travail: fournir un alimentation de qualité, grâce à un mode d'élevage peu coûteux en énergies fossiles, respectueux de l'environnement et enrichissant pour la nature et la biodiversité.

Laisserons nous les derniers éleveurs et bergers des Alpes s'élever seul contre une politique destinée à les anéantir?

Annette Jouvent Secrétaire (section Isère) de l'Association des Eleveurs et Bergers du Vercors Drôme-Isère - le 5 mai 2008