Nous reproduisons une émission de France Inter réalisée à l'occasion
d'un voyage de presse organisé à l’initiative de la
Confédération Pyrénéenne. Cette émission résume parfaitement la situation des éleveurs, quelques soit le syndicat auquel ils sont affiliés. Le danger de disparition du pastoralisme et
de l’élevage de montagne, toutes filières confondues, est bien réel.
L'inquiétude grandit chez les éleveurs et les bergers.
Le préfet des Hautes-Alpes a autorisé, vendredi dernier, l'abattage de trois loups dans la vallée du Queyras et le massif du Dévoluy à la suite "d'une augmentation extrêmement
importante d'attaques".
- Témoignages
- Première rencontre avec Thomas Vernay, dans le Valgaudemar (Hautes-Alpes), en plein Massif des Écrins.
Thomas n'est plus éleveur. En 2005, il s'installe dans le Haut-Diois, dans la Drôme, avec un projet atypique:
un troupeau de 150 chèvres cachemire (pour la laine).
En 2010, une meute de loups s'installe dans le secteur.
En 2012, malgré tous ses efforts, il a quasiment perdu toutes ses bêtes:
"Soit tu dors au troupeau, et cela n'empêche pas les attaques par temps de brouillard
soit tu dors chez toi, et dès que tu entends les chiens gueuler, tu accours dans la nuit, tu vois qu'il n'y a pas d'attaque, tu ne reviens pas le lendemain, et finalement
il y a eu une attaque...
Cela devient 100 % de ton temps. Et c'est impossible à gérer".
A 31 ans, elle est installée dans le Parc du Mercantour (Alpes-Maritimes). Bergère depuis l'âge de 16 ans, fille et femme d'éleveurs, mère de deux enfants, sa vie est aujourd'hui
un cauchemar. 25 bêtes tuées et six disparues ces deux derniers mois. Son mari ne lâche plus le troupeau des yeux.
Résultat:
"On n'a plus de vie de famille. Dans le couple, il y en a un des deux qui a pris la décision de s'occuper des enfants, du ravitallement et du reste de l'exploitation... Et l'autre,
mon mari, reste tout le temps en montagne. Les enfants ne comprennent pas pourquoi papa et maman ne vivent pas ensemble".
Problème:
Sur le loup, le dialogue entre pro et anti semble impossible. Chacun campe sur ses positions, plus personne n'écoute personne. Et c'est avant tout ce qui blesse Fanny Métrat,
éleveuse en Ardèche:
"Quand on parle du loup, il n'y a plus aucune solidarité vis-à-vis des éleveurs. Et quand je lis des articles sur le loup, les éleveurs sont mis systématiquement dans un gros panier
d'anti-nature, d'anti-écologie... On est pris pour des ploucs, quoi!"
- Faut-il changer le statut du loup?
Alors quelle solution?
Pour la Confédération paysanne, il serait temps, maintenant que le loup est à nouveau bien implanté en France, de lui retirer son statut d'espèce protégée, pour pouvoir le chasser.
Olivier Bel est éleveur, et responsable du dossier à la Confédération paysanne:
"Il faut revoir le statut du loup. Ce n'est plus une espèce menacée. Le fait de changer son statut permettrait de rentrer dans une stratégie de prélèvements, de piégeages...
Car la cohabitation n'est plus possible".
Selon les chiffres officiels, 300 loups ont été recensés en France. Classés "espèce protégée", leur population augmente de 20 % tous les ans, et s'est étendue à une trentaine
de départements dans le pays