Une bergère des Alpes de Haute-Provence parle de son métier face au loup

 

Ce témoignage reflète une réalité de terrain qui ne semble pas être perçue par les pouvoirs publics. Les bergers sont à bout. Ils vivent dans une angoisse permanente de voir amputer ou disparaître leur troupeau, c’est-à-dire leur outil de travail, sans pouvoir intervenir uniquement parce que le prédateur est totalement protégé contrairement aux hommes et aux animaux d’élevages dont certains sont en voies de disparition.

C’est ce décalage de perception de la réalité qui pousse à l’explosion, c’est le désespoir qui peut pousser à des actes extrêmes.  Il semble indispensable de prendre en considération les aspects sociaux et économiques  et de traiter le sujet des grands prédateurs, ours, loups et lynx dans un cadre de développement durable et non avec une vision strictement environnementaliste, expression du sectarisme de nombreuses associations telles que FERUS, ASPAS, FRAPNA, WWF….

Les concertations et autres palabres n’ont aucun intérêt, tout a été dit et les faits suffisent à eux-mêmes pour respecter les hommes et prendre les décisions qui s’imposent face à l’animal.

Louis Dollo, le 11 août 2012

 

José Bové incite à tuer les loups : moi, je dors avec un fusil pour protéger mes brebis


LE PLUS. Un loup attaque un troupeau ?

"La meilleure façon de faire, c'est de prendre un fusil et de tirer." Cette préconisation, sortie tout droit de la bouche de José Bové sur Radio Totem, provoque un tollé chez les écologistes, mais pas chez les premiers concernés. Caroline Ailhaud, bergère depuis 10 ans dans les Alpes de Haute-Provence, a choisi de s'armer contre les loups. Édité et parrainé par Rozenn Le Carboulec

Dormir sous une tente avec mes enfants et… un fusil. C’est le quotidien auquel je suis confrontée si je veux protéger mon troupeau de brebis, étant donné que les loups attaquent la nuit. Il y a un an, nous avons obtenu l’autorisation au tir de défense, qui nous permet de nous armer face aux loups. J’ai donc passé le permis de chasse avec une amie. Mais rien n’y fait.

Un agneau éventré sur la clôture

Nous avons encore perdu deux ovins il y a une semaine. On a retrouvé un petit agneau que ma fille nourrissait au biberon éventré sur la clôture. Vous imaginez la violence d'une telle scène pour des enfants ? Le problème avec ces attaques, c’est qu’il y a tout un aspect psychologique qu’on ne prend pas du tout en compte.

Autour de nous, les brebis tombent par dizaines. Trente brebis ont récemment été retrouvées à 100 mètres de l’école. Les gendarmes ont été appelés en pleine nuit parce que les loups rôdaient dans le village. Ce qui nous fait peur aujourd'hui, c'est que nos enfants ne sont plus en sécurité. Les miens n’ont pas école et sont à la maison toute la journée. Ils sont obligés de jouer avec un chien de protection à leurs côtés.

Et à cela s’ajoute l’aspect financier. Le protocole nous oblige à prendre au moins deux mesures de sécurité si nous voulons être indemnisés en cas d’attaques. En plus du tir de défense, nous avons également dû installer un parc électrifié, mais les loups ont tout de même réussi à y pénétrer. Ça montre bien la capacité d'adaptation de l'animal, qui a compris que le courant fait mal, mais n'est pas dangereux. On nous impose toutes ces mesures qui, en plus d’être mal vues par le voisinage, sont bien souvent inefficaces. C’est de la poudre aux yeux qui ne règle rien.

15.000 euros de pertes à cause des loups

Il y a plusieurs mois, des crottes de loups ont parasité l’ensemble du troupeau, car vecteurs du ténia. Les brebis ont été infectées par des péritonites terribles, qui ont rendu la viande impropre à la consommation. En conséquence, tout notre lot a été saisi et ça nous a coûté 15.000 euros, soit huit mois de travail... Et bien sûr, pas moyen de se faire indemniser dans un tel cas : nous n’avions aucun moyen de prouver que ces infections étaient dues aux loups.

On nous impose un tas de choses mais on ne fait rien pour nous aider. La ministre de l’Écologie, Delphine Batho a promis une "concertation" sur le loup, mais ça fait 20 ans qu’ils se concertent ! Seule Nathalie Kosciusko-Morizet avait pris position et essayé de trouver une solution en 2011, mais ça n’a pas suffi.

Tout ça au nom de la biodiversité

Aujourd’hui, on défend les loups sous prétexte de vouloir sauvegarder la biodiversité, mais on fait tout l’inverse en éloignant les troupeaux des prairies. C’est tout de même un signe si un militant écologiste comme José Bové incite à tuer les loups qui menacent les troupeaux ! Sa position est intéressante et permet de mettre en avant les contradictions au sein même d’Europe-Écologie-Les Verts.

En attendant, on fait comme on peut, mais la situation devient intenable et la production ovine ne cesse de péricliter. Plus de 5.000 moutons ont été tuées en 2011 (Voir communiqué FNSEA) à l’échelle nationale. Résultat, nombreux sont ceux qui baissent les bras…

Avec Caroline Ailhaud, Bergère dans les Alpes de Haute-Provence Propos recueillis par Rozenn Le Carboulec
Source : Le plus Nouvel Obs du 03-08-2012

 


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