Polémique dans les Vosges sur les déclarations de Bové

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Suite aux déclarations de José Bové sur le tir du loup, la polémique est relancée dans les Vosges

- Polémique sur le loup

En plein cœur de l’été, le ministère de l’Écologie annonce une légère baisse des attaques de loups en France. Une information prématurée et contraire à la situation dans les Vosges.

Depuis le retour du loup en France, il y a vingt ans, le ministère de l’Écologie marche sur des œufs. La moindre attaque ici ou là, la moindre perte de cheptel sur les estives et la polémique ressurgit, à l’image de la récente prise de position «radicale» contre le prédateur de l’ex-éleveur de brebis et eurodéputé écologiste José Bové.

Pris entre deux feux, l’État tente donc l’apaisement par tous les moyens, y compris par les chiffres. Le dernier communiqué du ministère en est l’illustration: au 25 juillet dernier les raids de Canis lupus contre les troupeaux seraient légèrement en baisse, soit 497 attaques depuis le début de l’année contre 585 à pareille époque en 2011.

Une donnée à relativiser, voire carrément à oublier, car tous les spécialistes de l’espèce savent que le pic des attaques se produit de la mi-août à la mi-septembre! «Le gros de la vague est devant nous. C’est le type même d’information qu’il faut diffuser avec prudence, car elle est trop prématurée», confie Eric Marboutin, chef de projet Loup/lynx au Centre national d’études et de recherches appliquées (CNERA) Prédateurs et animaux déprédateurs de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) basé à Gières, dans la banlieue de Grenoble.

- Une poignée en 1992, 250 actuellement

Le ministère détaille en outre le nombre de ces attaques et de leurs victimes dans les 12 départements concernés par son Plan/Loup. Un programme où figurent cette année les Vosges, le Haut-Rhin et la Haute-Saône. Sans surprise, les Alpes-Maritimes arrivent en tête, suivies du Var et du massif vosgien où les assauts du canidé ont fortement progressé: 48 attaques reconnues et 165 victimes au 25 juillet dernier pour 45 agressions et 133 ovins tués fin novembre 2011.

Dans les Vosges, devenues Zone de présence permanente (ZPP) après deux années consécutives d’observation, le prédateur est fixé. Selon le dernier bilan du Réseau loup de l’ONCFS, son suivi atteste d’une implantation dans un secteur qui englobe les communes de Ventron, Cornimont et La Bresse. Le typage génétique réalisé sur les excréments, poils et urines récoltés sur le terrain identifie une femelle, tandis que les clichés des pièges photographiques trahissent la présence d’un mâle. « Il est cependant trop tôt pour parler de meute dans la mesure où l’on ne sait pas si ces animaux sont tous deux matures », souligne le Réseau.

Deux pionniers avérés et peut-être plus depuis qu’un nouveau «foyer» d’attaques a surgi au printemps dans le bassin de Neufchâteau. Dans les Vosges, comme ailleurs en France, l’animal est en expansion. L’ONCFS évalue désormais sa population «autour de 250 individus », précise Eric Marboutin, « le nombre de ZPP est passé de 27 l’an dernier à 29 cette année dont 19 abritent des meutes constituées».

Dans ce dossier, le ministère qui va organiser cet automne une réunion de concertation pour élaborer un nouveau plan national d’action sur le loup pour la période 2013-2017, avance en terrain miné. Il le sait et ce n’est pas en publiant des données voulues rassurantes, mais beaucoup trop prématurées qu’il calmera les esprits sur les pentes des Hautes-chaumes ou des alpages.

Auteur: Patrice Costa
Source: Vosges-Matin du 11 août 2012

- Vosges - Tirer sur le loup, Bové relance le débat

Les analyses ont confirmé la présence d'une femelle sur le massif en janvier 2012.

«Si le loup risque d’attaquer un troupeau, la meilleure façon de faire c’est de prendre le fusil et tirer.»

C’est par ces mots que l’eurodéputé Europe Ecologie Les Verts (EELV) José Bové a relancé la polémique sur le tir du loup dans une interview accordée à Radio Totem le 18 juillet 2012. Interview au cours de laquelle il a été amené à réagir sur le « retour fortement présumé du loup dans le département (ndlr de la Lozère dans le Causse Méjean»

Une position claire qui lui a valu l’ire de l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) qui a déposé plainte pour «incitation au braconnage envers une espèce protégée». Dans un communiqué l’association a fustigé les propos de l’ancien porte-parole de la confédération paysanne: «Curieuse façon de faire, pour un élu chargé de voter des lois, et qui, pour complaire à quelques-uns de ses ex-amis, appelle à les enfreindre.»

Dans son propre camp, des voix commencent à s’élever, y compris en Lorraine avec le conseiller régional EELV Daniel Béguin. Ce dernier pointe «la faute» de José Bové dans les lignes du Républicain Lorrain, et rappelle que «la présence du loup (ndlr dans le même environnement que les troupeaux) n’est pas incompatible comme on le voit dans les Abruzzes (Italie) où les éleveurs ont su s’adapter.».

Si, de son côté José Bové répond que « les habitudes et les méthodes d’élevage ne sont pas les mêmes » il précise tout de même qu’en ce qui concerne la situation dans l’Est de la France et les Pyrénées, il «se garde bien d’établir des généralités».

Dans les Vosges, les dernières informations en date du lundi 9 juillet 2012 ont démontré que l'un des deux loups présents sur le massif vosgien en janvier 2012 était une louve, le le Républicain Lorrain de son côté révélait le 11 juillet que de nouvelles photos d'un loup avait été prises, mais cette fois dans la plaine.

Rien n'indique cependant que ce soit le début d'une meute: les attaques du printemps à Grand (88) et peut-être Contrisson (55) dans la plaine sont éloignées de celles intervenues dans la même période à la Bresse (88) donc sur le massif, secteur des attaques recensées en 2011 en janvier 2012 (voir la carte ci-dessous).

Les quelques 80 attaques intervenues depuis janvier 2012 sont-elles le fait de deux animaux séparés ou d'un couple en mouvement?

Pas de réponse pour l'instant, seules le prochaines attaques pourraient permettre de confirmer l'une de ces deux hypothèses.

Auteurs: Jean-Christophe Dupuis-Rémond avec Margaux Henry
Source: France 3 Lorraine du 07/08/2012