Qui veut tuer le loup?

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Personne ne veut tuer le loup. En fait, nombreux sont ceux qui le souhaitent mais vu les conséquences judiciaires, personne ne souhaite le faire… clairement. Car la réalité pourrait bien être différente. Mais comment le savoir. Et pourtant les loups sont nombreux pour faire autant de prédations insoutenables pour les éleveurs et bergers. Le problème est que personne ne sait combien il y en a avec précision sauf que… le chiffre de 200 régulièrement annoncé depuis plusieurs années est incontestablement faux et mensonger.

Si José Bové vient de faire une déclaration très médiatique, il est certain qu’il aura mis 20 ans pour y réfléchir car jamais il ne se sera mouillé dans affaire, pas plus que dans celle de l’ours dans les Pyrénées. Il a su assurer une totale ambiguïté d’une honnêteté intellectuelle discutable, entre l’image du bon berger et celle de l’écolo pour s’assurer un avenir plus confortable que celui de paysan en devant député européen.

Pendant que José se montre, d’autres travaillent dans la discrétion depuis plusieurs années à la révision des textes fondamentaux que sont la Convention de Berne et la Directive Européenne Habitats. Jean Lagier-Tourenne, président de la FDSEA 05, donne un aperçu de ce travail pour que la FNSEA aboutisse à l’objectif que s’est  fixé le syndicat majoritaire de zéro prédation.

- Faut-il tirer sur le loup?

Dans les Hautes-Alpes, on en sait quelque chose: la “question“ du loup est épineuse. Ici, peut-être plus qu’ailleurs, les récents propos de José Bové sur le sujet ont de quoi intéresser ou faire bondir.

Mi-juillet, l’eurodéputé donnait en effet sur une radio de Lozère une position pour le moins tranchée, et qui a surpris de la part d’un élu écologiste: “Si le loup risque d’attaquer un troupeau, la meilleure façon de faire c’est de prendre le fusil et de tirer”.

La réaction ne se fait pas longtemps attendre. L’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), basée dans la Drôme, lui décerne une “médaille d’or de la démagogie” et porte plainte pour “incitation au braconnage envers une espèce protégée”, le 1 er août, auprès du tribunal de Mende.

Ailleurs, cependant, les mots de José Bové ont trouvé de l’écho. Du côté de la FNSEA par exemple, ou de sa fédération haut-alpine. «José Bové étant du parti écologiste, c’est un peu étonnant bien sûr. Mais moi aussi, je me félicite de sa position» confie Jean Lagier-Tourenne, président de la FDSEA 05.

- La classification du loup en question

Le Haut-Alpin a d’ailleurs pris contact avec Xavier Beulin, son président national, il y a quelques jours. «Je l’ai appelé après l’attaque qui a eu lieu à Névache pour lui dire que ça ne pouvait plus durer: les attaques se multiplient (au 6 août, et depuis début 2012, la préfecture des Hautes-Alpes compte 57 constats de dommages, dont 38 indemnisables au titre de la prédation du loup, qui concernent 116 bêtes, Ndlr) et il faut impérativement qu’une entrevue tripartite se tienne rapidement entre la profession, le ministère de l’Écologie et celui de l’Agriculture. Les tirs de défense ne suffisent pas. Il faut rediscuter au niveau national, mais aussi européen. Rachida Dati s’est également exprimé en ce sens».

L’eurodéputée, alertée par le maire de Sisteron Daniel Spagnou, a en effet écrit à la ministre de l’écologie, a évoqué “une évolution de la classification du loup, dans le cadre de la Convention de Berne ou de la directive Habitats, pour permettre aux éleveurs de sauver leurs troupeaux”.

Revoir le statut du loup dans la Convention de Berne – qui “vise la protection des espèces végétales et animales rares et en danger, ainsi que les habitats naturels de l’Europe” – est aussi une nécessité pour Jean-Claude Michel, président du groupement pastoral de Saint-Étienne-en-Dévoluy. La commune haut-alpine a été le théâtre de plusieurs attaques cet été et pour le responsable, «il faut prendre les choses en main au niveau des pouvoirs publics».

Un avis que partage Dominique Sarrasin. L’éleveur de Rambaud a perdu une partie de ses brebis lors de l’attaque de Névache, au début du mois.

«Ça va mal fini », prédit un éleveur. Autant dire qu’il n’est pas choqué par les propos de José Bové. «Je suis d’accord avec lui, ce qui me surprend, c’est que ça vienne d’un écologiste. Mais ça a au moins l’avantage d’avoir jeté un pavé dans la mare des écologistes. Il faut qu’on puisse tirer directement, sinon on ne s’en sortira pas. Depuis que je vais à Névache – ça fait quinze ans – je n’ai jamais eu une attaque comme celle-là».

Pour l’éleveur, il y a vraiment urgence. «On ne peut plus travailler, on est sur les rotules. Maintenant, il faut que les politiques prennent leurs responsabilités, vite, car ça va mal finir».

Auteur: Adeline Taupin
Source: Le Dauphiné Libéré du 09/08/2012

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