La Préfecture des Vosges cacherait des photos

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La presse locale accuse la Préfecture des Vosges de cacher des photos de loups qui auraient été prises. Situation assez classique lorsqu’il s’agit d’environnement: mensonges, manipulations et documents cachés sont la règle de conduite des agents dépendant du Ministère de l’écologie depuis plus de 30 ans.

Mais à la décharge de la Préfecture, il est à peu près certain que celle-ci ne soit même pas informée par l’ONCFS en charge du dossier loups. Les vosgiens apprendront peut-être un jour comment fonctionne ce milieu de l’écologie et comment les éleveurs se feront rouler dans la farine pendant une dizaine d’années par des promesses qui ne viendront jamais. Les Alpes connaissent cette situation depuis 20 ans et les Pyrénées 30 ans. Et le système fonctionne toujours en 2012 même si parfois il y a quelques problèmes.

Louis Dollo, le 11 août 2012

- Ces trois photos de loup que la préfecture nous cache

La préfecture des Vosges est en possession depuis maintenant près de trois semaines de trois clichés du loup qui aurait tué 59 ovins en à peine trois mois dans la plaine vosgienne. Mais elle ne souhaite pas les divulguer.

Il faut reconnaître à la préfecture des Vosges un savant talent pour entretenir le mystère. Après avoir pendant plusieurs mois nié le retour du loup dans son département, la voilà depuis près de trois semaines en possession de trois clichés du loup qui sévit dans la plaine, à proximité de Neufchâteau. Tous ont été pris par des appareils à déclencheur automatique dispersés dans la forêt autour de Grand.

La première image date du 27 mai, dans les bois de Midrevaux, à 5h49. Les deux autres ont été faites le même jour, le 10 juin. Mais à trois heures de différence et à environ 15km de distance. L‘une toujours à Midrevaux, à 3h29. La seconde au lever du jour, donc cette fois sans flash, à 6h46, à Avranville. Cette dernière est incontestablement la plus réussie. Comme habitué à l’appareil, le loup semble quasiment y prendre la pose de trois-quarts face, façon star de cinéma. Alors qu’on le voit de côté sur les deux premières.

«C’est une belle bête», raconte l’un des rares privilégiés qui ont eu accès à ces images. Parmi eux, quelques éleveurs de la plaine ou des naturalistes qui ont gentiment demandé à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Les agents assermentés leur ont fait partager leurs trouvailles, sur leurs téléphones ou leurs ordinateurs.

Les autres, à commencer par la population ou les passionnés de l’espèce protégée, n’ont plus qu’à s’en remettre à leur imagination. Et on sait à quel point elle peut être fertile lorsqu’il s’agit de loups… Cette rétention d’information, par une préfecture qui ne cesse en permanence de faire croire à ses interlocuteurs qu’elle traite l’affaire en toute transparence, répond à une stratégie qu’à ce jour personne n’arrive à expliquer de manière rationnelle. La défense du cabinet du préfet tient en deux phrases: «Nous avons annoncé lors de la dernière commission que nous avions des photos nous prouvant qu’il y avait bien un loup sur le secteur. C’est ça l’information, et elle a été donnée.» Soit.

- Deux enseignements

Reste maintenant à analyser les enseignements découlant de ces clichés fantômes. Le premier, d’importance, c’est que les trois photos montrent à chaque fois le même animal. Ce qui accréditerait l’hypothèse que le loup qui sévit autour de Grand depuis le 6 avril serait bien seul. En l’espace de trois mois, le prédateur a pourtant serré entre ses crocs la bagatelle de 59 ovins sur le secteur. Une surconsommation qui faisait dire à différents spécialistes qu’une meute avait pris ses quartiers dans la plaine. Pas forcément répond Benoît Clerc, de l’ONCFS: «Il peut plutôt s’agir d’un loup chassé d’une meute et qui apprendrait donc à prélever seul après l’avoir fait pendant longtemps en groupe. D’où ce phénomène d’"overkilling" observé au début et qui s’est depuis régulé. Nous avons désormais une prédation sur le secteur tous les 5 à 7 jours, pour 5 à 6 kilos de consommation en moyenne.» Soit la ration hebdomadaire d’un loup seul.

Deuxième élément: «Le loup de la plaine ne ressemble pas au mâle photographié l’été dernier au col du Bonhomme.» Il s’agirait donc soit d’un nouvel arrivant. Soit de la femelle identifiée récemment suite aux analyses d’urine recueillie sur les hauteurs du massif (Lire RL d’hier), aucun des trois clichés ne permettant de déterminer le sexe. La plupart des spécialistes penchent plutôt pour la présence d’au moins trois loups sur le département. La préfecture attendra certainement de réunir le trio sur un seul et même cliché pour confirmer l’hypothèse…

Auteur: Philippe Marque
Source: Le Républicain Lorrain du 11/07/2012