Les responsables de parcs animaliers parlent du loup

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L’avis des responsables de Parcs Animaliers de loups est toujours intéressant mais il faut retenir que leurs compétences se limitent à celui d’animaux en captivité dont le comportement est différent de ceux en liberté. Ces animaux sont habitués à l’homme qui les nourrit. Difficile de prendre pour argent comptant les propos de ces éleveurs d’animaux d’élevage. Il ne faut pas tout confondre. Mais lorsqu’ils disent que la colonisation peut aller dans la plaine, c’est une évidence. Ils ne nous apprennent rien. C’est la question qui est décalée de la réalité.

- «Et bientôt dans nos forêts, n’en doutez pas, le loup.»

C’est Pierre Singer, 1 er adjoint au maire de Saint-Quirin et directeur du parc animalier Sainte-Croix, qui le dit: «Les Vosges mosellanes regroupent les plus importantes communes forestières de France et les massifs forestiers sont encore peuplés d’espèces animales disparues telles que le Grand Tétras, le lynx, le cerf élaphe et bientôt, n’en doutez pas, le loup.»

Cet éminent spécialiste de la faune sauvage pronostique donc le retour imminent du canidé qui sévit actuellement dans les montagnes vosgiennes et, depuis peu, dans la plaine.

Source: Le Républicain Lorrain du 21/05/2012

- Ouest des Vosges: «Un jeune loup»

Pour Anthony Kohler, du parc de Sainte-Croix, la progression du loup est sans limite. Il estime leur nombre en Lorraine à au moins trois.

Anthony Kohler, 25 ans, est coordinateur en animations nature pour le parc animalier de Sainte-Croix, à Rhodes, et animateur du réseau local Ferus pour les Vosges, association de protection des grands prédateurs.

Comment expliquez-vous le retour du loup en Lorraine?

Anthony Kohler: «Quand une meute, c’est-à-dire un couple reproducteur, a déjà des jeunes et qu’une nouvelle portée arrive, le territoire n’est plus assez grand. Les jeunes partent. C’est ce qu’on appelle la dispersion. Ayant déjà massivement occupé les Alpes, ils cherchent d’autres espaces. Ils sont arrivés dès 1994 dans le massif des Vosges, où un loup avait été braconné. En 1999, on les a signalés dans les Pyrénées. Là, ils reviennent chez nous, semble-t-il en provenance des Alpes italiennes. C’est un mouvement naturel de recolonisation.»

Pour vous, combien d’individus dans les Vosges?

«Depuis janvier, on sait qu’il y en a au minimum deux dans le massif. Les attaques sur l’Ouest étant beaucoup moins propres, il semblerait qu’au moins un autre jeune soit arrivé. Il s’agit d’un individu qui ne sait pas vraiment tuer. Ce qui explique l’over killing (la surcharge de décès).»

Les Vosges leur offrent-elles un terrain durable?

«Oui, grâce à la très bonne gestion des ongulés sauvages de la part des chasseurs. Le loup y trouve suffisamment de nourriture pour s’établir. Même s’il cède évidemment à la facilité en s’en prenant aux moutons. Selon les spécialistes, il y a même de fortes chances que la Lorraine et la Forêt noire se retrouvent à la jonction de deux sous-espèces de loups, l’une remontant d’Italie, l’autre venant d’Europe de l’Est.»

Jusqu’où peut aller sa progression dans la région?

«En Italie, on a un phénomène de loups spaghetti, qu’on appelle comme cela parce qu’ils vivent aux abords des habitations et se nourrissent dans les décharges. La présence humaine n’est pas un problème pour eux. Il est d’ailleurs bon de rappeler qu’il n’y a aucun danger pour la population.»

Comment faire cohabiter les éleveurs et l’espèce protégée?

«Le loup a disparu des Vosges depuis la fin du XIX e siècle, donc on y a appris un peu plus longtemps qu’ailleurs à vivre sans grand prédateur. Son retour crée des situations délicates sur un secteur économique très peu viable, les éleveurs faisant cela par passion et vivant souvent d’un autre métier. Il faut donc trouver des mesures qui dissuadent le loup.»

L’Etat a donné l’autorisation de tuer en France onze loups en 2012/2013. Cela vous choque-t-il?

«Oui, car l’an dernier le chiffre était de six. Il a pratiquement été doublé alors que la population n’a pas autant augmenté puisque l’estimation globale est passée de 200 à 220. Autant le prélèvement sur la population stable des Alpes me semble important, autant sur le front de colonisation, dans les Pyrénées ou les Vosges, je suis plus mesuré. Plutôt que de chercher à avoir la peau du loup, il faut aider les éleveurs à vivre avec lui. C’est le rôle de l’administration.»

Propos recueillis par Philippe Marque
Source: Le Républicain Lorrain du 12/05/2012