Le loup sur la frontière sauvage de l’Italie

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Comme pour les Pyrénées dans les années 1970, des auteurs bien intentionnés inventent la "frontière sauvage" de l'Italie. Il ne s'agit, en fait, d'une réserve royale entre Piémont et vallée d’Aoste créée par le roi d’Italie en 1856 afin d'y chasser tranquillement le bouquetin.

C'est à partir de cet espace et enconformité avec l'idéologie dominante de l'époque, qu'en 1922 fut créé le parc national du Grand Paradis. Avec ses 710 km2 additionnés aux 530 km2 du Parc National de la Vanoise en France, ils forment l’une des plus vastes zones protégées en Europe occidentale. Est-ce pour autant une frontière sauvage ? En tout cas cet excès de langage est en parfaite conformité avec l'idéologie du "rewilding" c'est à dire de l'accaparement et l'ensauvagement des territoires.

Le National Geographic vient de sortir un article de Jérémi Berlin sous le titre "Sur la frontière sauvage de l’Italie". Un paragraphe consacré au loup nous crédite d'une réflexion étonnante qui en dit long sur les arrières pensées de l'auteur:

"Seuls les ignorants ont peur du loup. Les agriculteurs et les bergers éclairés savent qu’il n’est pas dangereux. Il a seulement faim, comme tout le monde".

Il se pourrait que le véritable ignorant soit cet intellectuel sans aucune expérience du terrain et sans aucune culture historique. Le jours où apparaîtra un vrai probléme, sa responsabilité morale sera totale et nous saurons lui rappeler.

Louis Dollo, le 18 mars 2015

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En 2007, plus d’un siècle après son extermination dans la région, une meute de sept individus est apparue dans la vallée d’Aoste. Quand des bergers ont perdu des moutons, on a accusé les loups. La meute a disparu en 2011 – «sans doute abattue», selon von Hardenberg. Mais, dès 2012, un autre couple est arrivé dans la vallée de Soana. À l’automne 2014, les loups étaient à nouveau au moins cinq.

Aux yeux de Bruno Bassano, vétérinaire et directeur scientifique du parc, les loups sont une bénédiction: ils tuent des renards et des sangliers, contribuant à l’équilibre écologique. Mais les habitants sont partagés. Certains voient là une terrible menace pour les troupeaux. D’autres en tirent profit. Dans une épicerie de Piamprato, des tee-shirts avec de jolis dessins de loups sont vendus à côté des tranches de prosciutto.

Anna Rotella ne s’en inquiète pas. Par une belle matinée de juillet, à Valsavarenche, elle et son compagnon traient des dizaines de brebis et de chèvres blanches. «Seuls les ignorants ont peur du loup, assure-t-elle. Les agriculteurs et les bergers éclairés savent qu’il n’est pas dangereux. Il a seulement faim, comme tout le monde.»

Sur le versant piémontais du parc, les membres de la famille Longo, aux joues bien rouges, affirment que les loups ne les dérangent pas non plus. Il y a là Beppe, Lina et leur grand fils, Claudio, ainsi que sa petite amie, Licia. Ils vivent dans une vieille maison en pierre. Ici, tout se fait à la main, comme il y a un siècle. Le téléphone portable est la seule concession à la modernité.

Les poules caquettent et les cloches des vaches tintent. Beppe et Claudio retirent six boules de fromage d’un chaudron de fer rouillé où bout du lait fraîchement trait. Lina prélève des morceaux de beurre gros comme une belle pomme dans un vieux bidon, puis pétrit les boules jaunes jusqu’à obtenir un bloc en forme de brique. Licia lave des vêtements dans une baignoire à l’aide d’une brosse, d’une pierre et de l’eau distribuée par un système d’adduction qui descend en serpentant de la colline.

Une dizaine d’autres familles vivent ainsi dans la vallée. C’est une existence où les comptes sont sur le fil: les bénéfices de la vente des produits laitiers au marché servent à payer le loyer, et guère davantage. Mais, selon Lina, c’est un mode de vie aussi inestimable qu’intemporel.

Retour au café du village de Dégioz. Luigino Jocollè l’affirme: ce dont souffrent les parcs nationaux ces temps-ci, c’est d’un financement insuffisant et d’un excès de bureaucratie. Les lois environnementales se heurtent aux règles d’urbanisation et aux intérêts commerciaux. Résultat, le mélange de culture et de protection de la nature spécifique au parc pourrait se révéler difficile à préserver. Rien de très nouveau, en somme. «Au Grand Paradis, dit Luigino Jocollè, nous devons toujours équilibrer les priorités sociales et celles de la nature.»

Auteur: Jeremy Berlin
Source: National Géographic du 19 mars 2015