En Russie, la chasse est ouverte aux loups. Plusieurs régions du pays, notamment la Sibérie orientale et sa voisine la Yakoutie, ont été mises en état d’urgence à cause d’attaques de prédateurs; L’hiver rude et la faim ont attiré les animaux dans les villages. Les autorités ont été contraintes de mobiliser les chasseurs.
Ces brigades spéciales sont déjà parties à la chasse. La population de loups en Yakoutie, au nord-est de la Sibérie, doit être divisée par sept d’ici trois mois, c'est à dire qu’elle doit passer de 3.500 à 500. Les autorités locales ont doté les troupes de carburant et de munitions, et ils leur ont promis une récompense pour chaque animal tué. Les trois meilleurs chasseurs recevront une prime particulièrement généreuse: 25 000 euros. Les autorités sont persuadées que les énormes dommages que subissent les exploitations fermières justifient les dépenses. Le principal danger est que les meutes s’approchent trop des endroits habités. Le zoologue Dmitri Poïarkov a raconté à la Voix de la Russie comment se comportent les prédateurs:
La taille des meutes peut être très variable, mais en moyenne il y a environ 10-12 loups dans une meute. Généralement, elle est composée d’une famille, c'est à dire du couple fondateur et d’une ou deux générations de jeunes. En Yakoutie, on a observé des meutes assez importantes, jusqu’à 20 loups, si je me souviens bien.
En plus de Yakoutie et du kraï voisin de Transbaïkalie, la chasse aux loups a été également ouverte dans Oural (dans l’oblast de Sverdlovsk), dans l’Extrême-Orient russe (dans le kraï de Khabarovsk) et dans le sud de la Sibérie (au Touva). Au Touva, les prédateurs abattus sont échangés contre du bétail. Ici, les policiers ont aussi affaire à des loups. Ils sont appelés par des villageois lorsque leur bétail est attaqué. Une des patrouilles de police a dû se protéger avec des Kalachnikovs. Cependant, de telles méthodes de lutte contre les prédateurs sont loin de faire l’unanimité. Les défenseurs des animaux proposent de renouveler la population de lièvres, victime d’une chasse non contrôlée. Toutefois, l’expert du Fonds mondial pour la nature Vladimir Krever estime que le problème des lièvres n’existe pas:
"Les lièvres ne sont évidemment pas les seules proies des loups. Tout dépend de la région dont on parle. En principe, la population de loups est de 3500-5000 ici. Elle est relativement stable depuis longtemps".
Les défenseurs des animaux et les scientifiques sont d’accord sur la nécessité d’une approche complexe du problème. En attendant, c’est le prédateur qui emporte la victoire sur l’être humain. Ainsi, l’hiver dernier, en Yakoutie seulement, les loups ont tué 16 000 cerfs et 300 chevaux, alors que pas plus de 600 loups ont été abattus.
Source: La voix de la Russie du 19 janvier 2013