Loup en Suisse: Le valais ne veut plus du loup - 2015

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:Comme en France, face aux grands carnivores, essentiellement le loup, la Suisse se trouve confrontée avec d’une part les élus politiques et les éleveurs confrontés au sujet au quotidien sur le terrain et, d’autre part, les grands penseurs et idéologues sectaires, qui imaginent la Suisse en grand parc animalier. Nous voyons des élus qui proposent de se défendre face aux prédateurs et un écologiste du KORA qui estime qu’il est possible d’avoir d’autres loups. D’un côté, le réalisme humaniste et de l’autre le délire écologiste qui est le même sur toute la planète avec tous ses excès au détriment des hommes.

- Le Valais attaque le loup sur tous les fronts

Le conseiller aux Etats haut-valaisan René Imoberdorf demande au Conseil fédéral d’inscrire le loup parmi les espèces pouvant être chassées. Après la motion de son confrère valaisan Jean-René Fournier, demandant en 2010 de renégocier la convention de Berne pour que le canidé ne soit plus protégé, la motion Imoberdorf sera discutée au parlement jeudi.

Mais les Valaisans n’ont pas attendu d’éventuels assouplissements de la loi fédérale. Vendredi, le parlement cantonal a adopté un postulat demandant le tir d’un loup ayant commis des dégâts dans le Haut-Valais. «Cet été, sur quatre alpages entre le Turtmanntal et le Törbeltälli, un ou plusieurs loups ont attaqué 54 moutons et chèvres», explique Peter Scheibler, chef du Service cantonal de la chasse. Malgré ces dégâts importants, aucune autorisation de tuer l’animal n’a été délivrée. «Nous étions favorables au tir du loup, car la mise en œuvre des mesures de protection des troupeaux était initiée et que ce processus progressait. Cependant, la Confédération a considéré que les mesures auraient dû être concrétisées pour le début de l’estivage, ou à défaut que les propriétaires se soient déclarés d’accord avec la mise en place des mesures proposées, via la signature d’une déclaration d’intention», explique Peter Scheibler.

En juin 2014, l’association Agridea, mandatée par la Confédération pour gérer la protection des troupeaux, a publié un rapport sur le Valais. Ce dernier recommandait de réunir les petits troupeaux afin d’avoir les moyens financiers d’engager un berger et relevait les déficits de la protection des troupeaux dans le Haut-Valais: les conditions de prévention y sont remplies dans 7% des cas.

Le postulat proposé par le PDC haut-valaisan Beat Rieder a été accepté à une large majorité, alors que le tir du loup ne relève aucunement de la compétence du Grand Conseil, mais de celles du Conseil d’Etat et de la Confédération. Le parlement donne ainsi l’ordre au conseiller d’Etat Jacques Melly d’enfreindre la loi fédérale. «Si vous avez peur d’une poursuite pénale, il y a suffisamment d’avocats dans la salle du parlement pour vous défendre», a lancé le député au ministre. «Nous sommes en train d’étudier de quelle manière nous pourrons répondre à ce postulat qui nous semble en contradiction avec la législation fédérale», explique Laurent Bagnoud, secrétaire général du département concerné.

Auteur: Marie Parvex
Source: Le Temps du 18 septembre 2014

- Les élus chasseurs se sont organisés

Le loup hante les débats parlementaires depuis des années. Et ce n’est pas fini. Une motion visant à autoriser sa chasse sera traitée jeudi au Conseil des Etats

Le loup hante depuis des années la bergerie fédérale. Nouvel épisode aujourd’hui avec le traitement d’une motion de René Imoberdorf (PDC/VS) proposant une solution radicale: inscrire le loup dans la liste des espèces pouvant être chassées toute l’année.

A Berne, le loup a toujours eu le fusil sur la tempe. Les représentants des cantons alpins, les lobbies de la chasse ou encore de l’agriculture redoutent cette présence qui, selon eux, occasionne d’importants dommages aux troupeaux mais également pour le tourisme. Sans parler des coûts engendrés par les mesures de protection. Les Chambres ont ainsi voté en 2010 déjà une motion du conseiller aux Etats Jean-René Fournier (PDC/VS) demandant au Conseil fédéral de renégocier la Convention de Berne pour permettre à la Suisse de réguler le loup ou de dénoncer le texte en cas d’échec des discussions. Un succès pour le lobby de la chasse présent sous la Coupole.

Ce lobby est composé d’une dizaine d’élus, dont Christophe Darbellay (PDC/VS), Jean-François Rime (UDC/FR), Jean-René Fournier (PDC/VS), Martin Landolt (PBD/GL), Stéphane Rossini (PS/VS) ou encore Jean-Paul Gschwind (PDC/JU). «Nous nous voyons à chaque session pour discuter des dossiers qui ont des conséquences pour l’environnement et plus particulièrement la chasse», explique Jean-René Fournier. Lequel ne cache pas que ce petit groupe a grandement contribué à l’acceptation de cette motion. «Nous avons pris les parlementaires un par un pour les convaincre qu’il fallait renégocier la Convention de Berne. Je suis moi-même parvenu à faire changer d’avis Dick Marty, pourtant un défenseur du loup, que ce n’était pas juste que la Suisse soit traitée différemment d’autres pays qui ont obtenu des exceptions pour le loup.»

- Motion en cours

Mais selon toute vraisemblance, le «Groupe chasse» ne va pas condamner le canidé durant cette session parlementaire. Jean-René Fournier plaide lui-même pour que la motion de René Imoberdorf soit renvoyée en commission pour un traitement plus approfondi. «C’est un chemin raisonnable, estime-t-il. Nous ne sommes pas contre le loup mais nous sommes conscients des problèmes que sa présence pose et voulons trouver des solutions», explique-t-il. Pour lui, la motion inscrite au programme est la conséquence de l’attitude du Conseil fédéral qui rechigne à appliquer sa propre motion demandant de renégocier la Convention de Berne afin que les cantons puissent avoir la compétence de réguler l’animal. «C’est un déni qui risque d’aboutir à une solution extrémiste. Mais j’espère que nous n’en arriverons pas là et que la Commission de l’environnement mène une saine réflexion avec la conseillère fédérale Doris Leuthard.»

Auteur: Magalie Goumaz
Source: Le Temps du 18 septembre 2014

- Une population loin d’être stable en Suisse

Par rapport au nombre d’animaux sauvages et à l’espace disponible, la Suisse pourrait accueillir «entre 50 et 60 meutes», selon un expert

Ils s’en viennent puis disparaissent. Près d’une soixantaine de loups ont été identifiés en Suisse depuis 1995, date de leur réapparition dans le pays. Les jeunes mâles – mais également quelques femelles – s’aventurent dans les Alpes, en provenance d’Italie et de France. On retrouve leurs traces jusqu’au nord du pays, dans le canton de Zurich ou celui de Neuchâtel.

Une présence qui s’étend tout en restant fugace. «La plupart des loups identifiés génétiquement ne sont détectés que pendant une seule année», constate KORA, l’institution responsable du monitoring du loup. «Parfois ils apparaissent de nouveau dans un pays voisin, mais dans la plupart des cas, leur sort reste inconnu.»

Il y a ceux, aussi, qui sont abattus. Quinze bêtes ont été retrouvées mortes, selon KORA. Cinq tuées par des trains ou un chasse-neige, dix par des chasseurs.

Ainsi, M16, qui s’était promené et avait attaqué des moutons dans les pâturages proches de Saanen (BE) et des Diablerets (VD), a finalement été abattu légalement en Valais en 2010. M35 a connu le même sort en 2013 dans le Haut-Valais. Cette année, c’est aux Grisons que deux loups ont été tirés. L’un par erreur (le chasseur l’a pris pour un renard), l’autre par un braconnier. Au final, il resterait donc une vingtaine de loups en Suisse. Outre des individus esseulés, un couple s’est reproduit pour la première fois en 2012 à Calanda (GR), formant l’unique meute du pays.

Quand les canidés seront-ils assez nombreux en Suisse pour que l’espèce soit jugée «viable» et puisse être chassée librement? Les scientifiques restent prudents: «Les loups ont besoin de grands territoires qui ne se limitent pas aux frontières suisses. Il faut donc considérer le nombre de loups dans les pays voisins. En France, comme en Allemagne, il existe plus de 250 individus… et l’espèce est toujours protégée. Nous sommes loin d’une population stable en Suisse», précise Ralph Manz, responsable du monitoring du loup chez KORA.

En termes biologiques, le potentiel de croissance est encore grand. «Près de la moitié du territoire suisse peut être considéré comme un espace vital adéquat. Sur cette surface, environ 300 loups (60 familles) pourraient vivre. Mais leur nombre sera influencé de manière décisive par des facteurs humains», admet le spécialiste.

Auteur: Sandrine Hochstrasser
Source: Le Temps du 18 septembre 2014