Avec 200 ours, la Cordillère cantabrique s’éloigne du risque d’extinction de l’espèce à court terme

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Ce que l’on sait de l’ours est fait de clairs obscurs. Le biologiste Javier Naves, spécialiste de l’espèce, les envisage dans cet entretien: ce que nous savons, les questions sans réponse et leurs conséquences sur la conservation.

- Les populations orientale et occidentale jusqu’alors séparées ont établi leur connexion, en effet des animaux « hybrides » ont été découverts.

220 ours peuplent la Cordillère cantabrique, dont environ 150 composent la population occidentale, essentiellement présente dans le Sud-Ouest des Asturies. Le reste forme la population occidentale, répartie entre León et Palencia. Les spécimens de deux groupes possèdent une génétique différente et alors qu’ils ont été séparés pendant plus d’un siècle, depuis une dizaine d’années des liens s’établissent à nouveau. Résultat: deux ours hybrides trouvés en 2008 de père occidental et de mère orientale. Ce sont quelques unes des conclusions de l’étude réalisée par l’Université d’Oviedo et le CSIC /équivalent du CNRS français/ pour le compte du gouvernement asturien entre 2007 et 2010, et qui apporte les premiers chiffres réellement fiables concernant la population d’ours.

Les études génétiques garantissent les données obtenues. Comme l’explique le biologiste Javier Naves, un des directeurs d’étude chargé des recherches pour le CSIC avec Miguel Delibes y Alberto Fernández-Gil, la méthode permettant de déterminer scientifiquement le nombre de spécimens et leurs caractéristiques génétiques, a consisté en un système de «capture» basé sur les traces au sol et les analyses de poils et d’excréments. Pour calculer l’effectif de la population – y compris les individus dont on n’avait pas une connaissance directe – de nouveaux prélèvements ont été effectués et selon un calcul de probabilité à partir des nouvelles découvertes et de la confirmation des précédentes on a pu déterminer que la population oscillait entre 195 et 210 individus.

Ana Domínguez, professeure au département de génétique de l’Université d’Oviedo, qui a dirigé l’étude pour la partie relevant de cette université, indique que le nombre d’ours détecté rend la population viable à court terme mais pas à moyen ni long terme. Pour que disparaisse le risque d’extinction il faudrait arriver à 500 reproducteurs. Les chercheurs ont calculé que dans une population d’ours un quart seulement des bêtes est en état de procréer. La population des ours cantabrique serait donc sauvé lorsque qu’elle atteindrait au moins les 2000 individus.

Javier Naves précise qu’il est difficile de déterminer le temps qu’il faudra pour y arriver: «La dynamique d’une population d’ours ne fonctionne pas comme celle des vaches ou des lapins, l’évolution est beaucoup plus lente.» Grâce à l’augmentation des effectifs ces dernières années, les deux populations ont de nouveau connectés, «et même mieux, elles se déplacent ; il y a donc davantage de possibilités de rencontres.»

Mais cette nouvelle situation implique des problèmes et des défis. Notamment celui de savoir où vont pouvoir vivre les nouveaux ours qui naissent. Naves pense que la zone orientale offre un habitat potentiel. Cependant il n’est pas évident a priori qu’un nouveau noyau, intermédiaire, s’installe facilement dans la montagne centrale asturienne: «Il s’agit de zones à présence humaine assez forte et bas niveau de protection, et la préservation d’espaces naturels a été la clef qui a permis la reproduction des ours.» De plus, il prévient que même si les données sont positives, la présence des ours n’est pas assurée définitivement: «Il n’y a qu’un nombre très petit d’animaux et toute altération du milieu ou mauvaise condition physiologique est un risque pour eux.» S’y ajoute le fait que la faune sauvage ne voit pas de vétérinaire, et cela affaiblit les possibilités de survie.

La séparation entre les deux populations a coïncidé avec la construction de la route de Pajares. Régénérer tout le versant du Cellón et la ligne qui l’unit aux Tres Conceyos est la clef du problème, alors que les parties basses de la vallée du Ayer sont aujourd’hui très peuplées.

Lorsqu’il y a quinze ans on comptait les ours à partir d’estimations indirectes, avec pour référence le nombre de mères suitées, la population occidentale s’élevait à environ 70 individus, comme le constatait Naves dans sa thèse de 1997 basée sur des données de 95. Pour la partie Ouest de la Cordillère, le pourcentage de diversité génétique de la population est de 45%, en prenant pour référence la moyenne des populations d’Amérique du Nord et de Scandinavie. Elle est de 25% pour l’Est, un des taux les plus bas connus.

Pour les prochaines années, le défi consiste à identifier les passages ou couloirs permettant aux mâles de migrer d’Ouest en est, ainsi que la prévention des dommages à l’apiculture, l’agriculture et l’élevage. La principauté écarte toute idée de réintroduction d’ours d’une autre origine, ou de places de nourrissage artificiel, «sur ce plan, il n’y a pas débat.»

220 ours peuplent la Cordillère cantabrique, dont environ 150 composent la population occidentale, essentiellement présente dans le Sud-Ouest des Asturies. Le reste forme la population occidentale, répartie entre León et Palencia. Les spécimens de deux groupes possèdent une génétique différente et alors qu’ils ont été séparés pendant plus d’un siècle, depuis une dizaine d’années des liens s’établissent à nouveau. Résultat: deux ours hybrides trouvés en 2008 de père occidental et de mère orientale. Ce sont quelques unes des conclusions de l’étude réalisée par l’Université d’Oviedo et le CSIC /équivalent du CNRS français/ pour le compte du gouvernement asturien entre 2007 et 2010, et qui apporte les premiers chiffres réellement fiables concernant la population d’ours.

Les études génétiques garantissent les données obtenues. Comme l’explique le biologiste Javier Naves, un des directeurs d’étude chargé des recherches pour le CSIC avec Miguel Delibes y Alberto Fernández-Gil, la méthode permettant de déterminer scientifiquement le nombre de spécimens et leurs caractéristiques génétiques, a consisté en un système de «capture» basé sur les traces au sol et les analyses de poils et d’excréments. Pour calculer l’effectif de la population – y compris les individus dont on n’avait pas une connaissance directe – de nouveaux prélèvements ont été effectués et selon un calcul de probabilité à partir des nouvelles découvertes et de la confirmation des précédentes on a pu déterminer que la population oscillait entre 195 et 210 individus.

Ana Domínguez, professeure au département de génétique de l’Université d’Oviedo, qui a dirigé l’étude pour la partie relevant de cette université, indique que le nombre d’ours détecté rend la population viable à court terme mais pas à moyen ni long terme. Pour que disparaisse le risque d’extinction il faudrait arriver à 500 reproducteurs. Les chercheurs ont calculé que dans une population d’ours un quart seulement des bêtes est en état de procréer. La population des ours cantabrique serait donc sauvé lorsque qu’elle atteindrait au moins les 2000 individus.

Javier Naves précise qu’il est difficile de déterminer le temps qu’il faudra pour y arriver: «La dynamique d’une population d’ours ne fonctionne pas comme celle des vaches ou des lapins, l’évolution est beaucoup plus lente.» Grâce à l’augmentation des effectifs ces dernières années, les deux populations ont de nouveau connectés, «et même mieux, elles se déplacent ; il y a donc davantage de possibilités de rencontres.»

Mais cette nouvelle situation implique des problèmes et des défis. Notamment celui de savoir où vont pouvoir vivre les nouveaux ours qui naissent. Naves pense que la zone orientale offre un habitat potentiel. Cependant il n’est pas évident a priori qu’un nouveau noyau, intermédiaire, s’installe facilement dans la montagne centrale asturienne: «Il s’agit de zones à présence humaine assez forte et bas niveau de protection, et la préservation d’espaces naturels a été la clef qui a permis la reproduction des ours.» De plus, il prévient que même si les données sont positives, la présence des ours n’est pas assurée définitivement: «Il n’y a qu’un nombre très petit d’animaux et toute altération du milieu ou mauvaise condition physiologique est un risque pour eux.» S’y ajoute le fait que la faune sauvage ne voit pas de vétérinaire, et cela affaiblit les possibilités de survie.

La séparation entre les deux populations a coïncidé avec la construction de la route de Pajares. Régénérer tout le versant du Cellón et la ligne qui l’unit aux Tres Conceyos est la clef du problème, alors que les parties basses de la vallée du Ayer sont aujourd’hui très peuplées.

Lorsqu’il y a quinze ans on comptait les ours à partir d’estimations indirectes, avec pour référence le nombre de mères suitées, la population occidentale s’élevait à environ 70 individus, comme le constatait Naves dans sa thèse de 1997 basée sur des données de 95. Pour la partie Ouest de la Cordillère, le pourcentage de diversité génétique de la population est de 45%, en prenant pour référence la moyenne des populations d’Amérique du Nord et de Scandinavie. Elle est de 25% pour l’Est, un des taux les plus bas connus.

Pour les prochaines années, le défi consiste à identifier les passages ou couloirs permettant aux mâles de migrer d’Ouest en est, ainsi que la prévention des dommages à l’apiculture, l’agriculture et l’élevage. La principauté écarte toute idée de réintroduction d’ours d’une autre origine, ou de places de nourrissage artificiel, «sur ce plan, il n’y a pas débat.»

220 ours peuplent la Cordillère cantabrique, dont environ 150 composent la population occidentale, essentiellement présente dans le Sud-Ouest des Asturies. Le reste forme la population occidentale, répartie entre León et Palencia. Les spécimens de deux groupes possèdent une génétique différente et alors qu’ils ont été séparés pendant plus d’un siècle, depuis une dizaine d’années des liens s’établissent à nouveau. Résultat: deux ours hybrides trouvés en 2008 de père occidental et de mère orientale. Ce sont quelques unes des conclusions de l’étude réalisée par l’Université d’Oviedo et le CSIC /équivalent du CNRS français/ pour le compte du gouvernement asturien entre 2007 et 2010, et qui apporte les premiers chiffres réellement fiables concernant la population d’ours.

Les études génétiques garantissent les données obtenues. Comme l’explique le biologiste Javier Naves, un des directeurs d’étude chargé des recherches pour le CSIC avec Miguel Delibes y Alberto Fernández-Gil, la méthode permettant de déterminer scientifiquement le nombre de spécimens et leurs caractéristiques génétiques, a consisté en un système de «capture» basé sur les traces au sol et les analyses de poils et d’excréments. Pour calculer l’effectif de la population – y compris les individus dont on n’avait pas une connaissance directe – de nouveaux prélèvements ont été effectués et selon un calcul de probabilité à partir des nouvelles découvertes et de la confirmation des précédentes on a pu déterminer que la population oscillait entre 195 et 210 individus.

Ana Domínguez, professeure au département de génétique de l’Université d’Oviedo, qui a dirigé l’étude pour la partie relevant de cette université, indique que le nombre d’ours détecté rend la population viable à court terme mais pas à moyen ni long terme. Pour que disparaisse le risque d’extinction il faudrait arriver à 500 reproducteurs. Les chercheurs ont calculé que dans une population d’ours un quart seulement des bêtes est en état de procréer. La population des ours cantabrique serait donc sauvé lorsque qu’elle atteindrait au moins les 2000 individus.
Javier Naves précise qu’il est difficile de déterminer le temps qu’il faudra pour y arriver: «La dynamique d’une population d’ours ne fonctionne pas comme celle des vaches ou des lapins, l’évolution est beaucoup plus lente.» Grâce à l’augmentation des effectifs ces dernières années, les deux populations ont de nouveau connectés, «et même mieux, elles se déplacent ; il y a donc davantage de possibilités de rencontres.»

Mais cette nouvelle situation implique des problèmes et des défis. Notamment celui de savoir où vont pouvoir vivre les nouveaux ours qui naissent. Naves pense que la zone orientale offre un habitat potentiel. Cependant il n’est pas évident a priori qu’un nouveau noyau, intermédiaire, s’installe facilement dans la montagne centrale asturienne: «Il s’agit de zones à présence humaine assez forte et bas niveau de protection, et la préservation d’espaces naturels a été la clef qui a permis la reproduction des ours.» De plus, il prévient que même si les données sont positives, la présence des ours n’est pas assurée définitivement: «Il n’y a qu’un nombre très petit d’animaux et toute altération du milieu ou mauvaise condition physiologique est un risque pour eux.» S’y ajoute le fait que la faune sauvage ne voit pas de vétérinaire, et cela affaiblit les possibilités de survie.

La séparation entre les deux populations a coïncidé avec la construction de la route de Pajares. Régénérer tout le versant du Cellón et la ligne qui l’unit aux Tres Conceyos est la clef du problème, alors que les parties basses de la vallée du Ayer sont aujourd’hui très peuplées.

Lorsqu’il y a quinze ans on comptait les ours à partir d’estimations indirectes, avec pour référence le nombre de mères suitées, la population occidentale s’élevait à environ 70 individus, comme le constatait Naves dans sa thèse de 1997 basée sur des données de 95. Pour la partie Ouest de la Cordillère, le pourcentage de diversité génétique de la population est de 45%, en prenant pour référence la moyenne des populations d’Amérique du Nord et de Scandinavie. Elle est de 25% pour l’Est, un des taux les plus bas connus.

Pour les prochaines années, le défi consiste à identifier les passages ou couloirs permettant aux mâles de migrer d’Ouest en est, ainsi que la prévention des dommages à l’apiculture, l’agriculture et l’élevage. La principauté écarte toute idée de réintroduction d’ours d’une autre origine, ou de places de nourrissage artificiel, «sur ce plan, il n’y a pas débat.»

Auteur: María José Iglesias
Source: La Nueva España - Diario Independiente de Asturias – 23 février 2011

Traduction: B. Besche-Commenge ASPAP/ADDIP