Lors d'une interview accordée à France 3 Sud en novembre
2009, la Secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Chantal Jouanno,
avait eu cette phrase tout à faire remarquable : " Quand
on pense Pyrénées, on pense ours ". Un tel propos
en dit long de la vision qu'une certain " intelligentsia "
parisienne peut se faire des Pyrénées. Manifestement,
Madame Jouanno, bien installée dans les bureaux feutrés
d'un Ministère n'a pas beaucoup évolué depuis les
récits rocambolesques des auteurs du romantique du 19ème
siècle découvrant " des précipices " dans des " montagnes sauvages et impénétrables
".
Il est vrai que
des rapports officiels récents font état des mêmes
visions apocalyptiques des Pyrénées. C'est aussi bien
le cas d'inspecteurs généraux de l'environnement que d'universitaires
du genre Benhamou ou Carbonneau sans parler du " naturaliste "
professeur d'espagnol, Gérard Caussimont. Autant de personnages
qui s'attribuent des compétences sans avoir beaucoup regarder
autour d'eux.
L'ours sauveur du tourisme pyrénéen.
Un ancien sous-préfet de Saint-Girons (Ariège) me disait,
en parlant de l'ours, que " les pyrénéens avaient
loupés une occasion de développement ". On croit
rêver à entendre de tels propos.
Conscient qu'il
est pratiquement impossible de voir un ours dans un espace naturel sans
même s'apercevoir que la notion de naturel n'existe plus dans
les Pyrénées depuis quelques millénaires, il aurait
fallu comme à Somiédo, dans les Asturies, faire découvrir
l'ours en cage ou du moins dans un espace clos. Nous faisons là
un constat de l'ignorance des donneurs des leçons. En effet,
il y a longtemps que les Pyrénées françaises disposent
de telles structures sans pour autant constituer le pôle d'attrait
touristique le plus important. Nous avons ce genre
d'enclos pour touristes à Borce en vallée d'Aspe,
avec quelques difficultés pour se maintenir, à Argelès-Gazost
et à Saint-Lary dans les Hautes-Pyrénées, aux Angles
dans le Capcir dans les Pyrénées-Orientales sans
parlers des loups également en captivité à Orlu
en Ariège.
Nous n'avons donc
pas grand-chose à envier aux pays " référents
" toujours cités par les écologistes pro-ours. En
aucun cas l'ours ne fait vivre le pays pas plus que les touristes ne
viennent pour voir uniquement l'ours dans des enclos. Les Pyrénées
ont d'autres attraits connus depuis longtemps.
Et dans la nature ?
Toute la question est de savoir ce qu'est la nature. Les Pyrénées
n'ont jamais été une frontière sauvage avec des
montagnes infranchissables. Bien au contraire. Toute l'histoire toute
la culture pyrénéenne est faite d'échanges entre
vallées, de passages, de vie. Les montagnes sont humanisées
depuis 6 ou 7000 ans qu'existe le pastoralisme. Aujourd'hui, il y a
sans doute moins de pasteurs mais plus de touristes, de randonneurs,
alpinistes, vététistes, etc qui remplacent les bergers
d'autrefois mais pas les troupeux toujours présents. Des routes
ont été construites pour relier les vallées et
les villages afin d'utiliser l'automobile à la place de l'âne,
du mulet ou de ses jambes. Ces moyens ont permis de développer
le tourisme, notamment le thourisme thermal, déjà existant
au 18ème siècle. C'est ce qui s'est passé dans
toutes les campagnes de France sans exception. Qui s'en plaindrait ?
Personne ! Tout le monde a droit au développement y compris les
montagnards pyrénéens et surtout un développement
choisi et non un développement imposé, méthode
qui n'a d'ailleurs jamais réussi quelque soit le pays.
Au cours de cette
période, l'ours a peu à peu disparu. C'était, selon
les archives existantes, une volonté des pyrénéens
depuis au moins le Moyen Âge. C'est aussi ce qui s'est passé
dans toute la France. La France étant constitutionnellement une
et indivisible, pourquoi y aurait-il deux catégories de français
: ceux qui doivent vivre sans ours et ceux qui doivent les accepter
? Et puis, la nature sauvage n'existant plus depuis longtemps dans les
Pyrénées, pourquoi vouloir imposer un animal sauvage à
la population pyrénéenne ?
Le tourisme et la nature sauvage
On nous site régulièrement des exemples de réussite
d'un tourisme avec l'ours. Par exemple, le massif Cantabrique en Espagne,
l'Italie, la Roumanie, la Slovénie . De quoi faire rire
! Combien de touristes ? Combien de personnes en vivent ? Quelle liberté
pour les randonneurs ? On oubli toujours de nous expliquer les conditions
de randonnée avec toutes ses contraintes, les conditions sociales
et économiques des habitants, etc Il suffit d'y aller voir,
se renseigner, comparer les chiffres pour très vite comprendre
que nous n'avons rien à envier à ces régions. Mieux
encore, l'ours apparaît TOUJOURS comme un facteur d'appauvrissement
des populations. D'ailleurs, combien de touristes apprécieraient
se retrouver face à un ours ? Assez peu Si peu qu'il n'y
en aurait pas assez pour faire vivre toute une vallée.
Les raisons ? C'est
un site écolo pro-ours qui nous les présente. Le site,
tenu par un belge, est sans doute le plus haineux qui puisse exister
à l'égard des éleveurs pyrénéens.
Que nous montre-t-il ? Une vidéo d'une ourse suitée qui
fait une charge d'intimidation.
Regardez !
Charge d'intimidation d'une ourse suitée
Pense-t-on encore ours pour passer des vacances reposante dans les Pyrénées
après une telle charge ?
Après avoir
vu une telle vidéo, combien de touristes souhaitent vivre une
telle aventure ? Que pensent les parents qui veulent venir dans les
Pyrénées aves leurs enfants goûter un moment de
détente ? Sans compter que là, ça se passe bien, mais parfois ça
se passe mal. Contrairement aux affirmations mensongères
qui sont diffusées, les
accidents existent tous les ans en Europe centrale qui n'est
pas la destination touristique estivale la plus prisée.
Il n'y a jamais eu de mort dans les Pyrénées.
C'est vrai que les exemples de personnes tuées par les ours sont
rares même inexistants ces dernières années. Et
pour cause ! Il y a peu d'ours. Même pas une vingtaine sur toute
la chaîne Et pour que la population soit viable et puisse
se renouveler il en faudrait au moins 200 dont 70 dans le seul Béarn
selon un rapport de 1993.
Alors, imaginons
qu'il y ait plein d'ours dans toutes les Pyrénées. En
dehors du fait qu'il n'y aurait qu'un élevage reliquaire d'écomusée
comme c'est le cas partout où il y a des ours dans le monde,
notamment dans les Asturies
en Espagne, combien de touristes oseraient encore s'aventurer
dans nos montagnes ?
Les associations de défense du patrimoine pyrénéen
revendiquent également la défense de l'économie
locale faite, non seulement de l'élevage mais aussi du tourisme
qui est encré dans la culture de nombreuses vallées depuis
au moins le 18ème siècle. En s'opposant aux "
importations " d'ours ils disent défendre "
le développement durable des vallées " mais aussi
une " biodiversité à visage humain autour de la
présence de l'homme acteur de cette biodiversité depuis
des millénaires ". Ils avancent l'idée confirmée
par la conférence de Rio comme par le Grenelle de l'Environnement
que " l'homme fait partie de cette biodiversité " mais aussi " les
races d'élevage dont beaucoup sont en voie de disparition
". Ils insistent sur le fait que " le développement
durable repose sur 4 piliers : l'environnement, le social, l'économie
et le culturel ". En face, que proposent les associations écologistes
pro-ours ? Uniquement l'ours et seulement l'ours.
Est-cela l'avenir des Pyrénées ?
Ou bien est-ce le calme, la sérénité, les paysages,
les lacs, les cacades, les sommets, les troupeaux dans les estives,
les villages, les produits de qualité, etc
Non, Madame Jouanno. Quand on pense Pyrénées, on ne
pense pas ours mais on pense beaucoup d'autres choses que, manifestement,
vous ne connaissez pas.