Problème d’ours ou ours à problème dans les Pyrénées? - 2012

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Si certains pensaient qu’il n’y avait plus de problème d’ours dans les Pyrénées parce qu’il n’en entendait pas parler, ils se trompaient. Les problèmes n’ont jamais cessé d’exister qu’il y ait ou non des élections. Un seul ours dans les Hautes-Pyrénées et ce sont 15 à 20 brebis qui sont croquées chaque année. Imaginez, s’il y en avait 50, ce serait 3 troupeaux sacrifiés chaque année… et très vite un désert qui s’installerait dans les vallées comme dans les Asturies. Et très prochainement dans la vallée du Biros en Ariège s’ils ne prennent pas rapidement des mesures efficaces sans attendre une cogitation parisienne d’une nouvelle Ministre.

- Comment défendre les troupeaux?

Les associations environnementalistes dites« écolos » ou « pro-ours » ont cette faculté remarquable de donner des conseils en élevage sans jamais avoir gardé un troupeau. Ils ont la solution…. «La solution nous la connaissons depuis longtemps…». De Gérard Caussimont, Président du FIEP, par ailleurs professeur d’espagnol et chef d’un établissement d’enseignement privé à François Arcangéli, maire d’Arbas et Conseiller régional Europe Ecologie, par ailleurs architecte de son état, en passant par le sulfureux directeur de l’ADET, Alain Reynes, dont il dit être « payé grâce à l’argent du plan ours »et qui n’a manifestement jamais rien fait d’autre que de rechercher des subventions et inventer des marques de produits du genre fromage «Pe descaou» ou «broutard du Pays de l’ours» sans grand succès, eux ont la connaissance et la vérité. Les éleveurs n’y connaissent rien.

C’est simple!

Un chien Patou dit chien de protection, dont on sait qu’il crée pas mal de problèmes aux randonneurs, et finies les attaques. Il suffit de voir la liste des procès à répétition du fait des randonneurs dans les Alpes, la liste des itinéraires de randonnée interdits notamment dans le Vercors et les communes qui interdisent les Patous dans les Alpes Maritimes… Pour être convaincu que le chien de protection n’est pas vraiment LA solution miracle. Et puis, le Parc National des Pyrénées nous expliquera peut-être pourquoi ceux qui étaient au Clot et au Marcadau ont subitement disparu…

Y a qu’à (formule classique) garder les bêtes jour et nuit, 24h/24 et 7 jours / 7 si possible sans dormir (c’est plus efficace), payé 35h par semaine au SMIC. Ce n’est pas cher et ça peut rapporter une prime qui ne couvre pas tous les frais. Si vous trouvez un naïf pour faire le travail, prévenez-nous…

Et puis, la haute technologie au service du berger: le parc. Il suffit de parquer les bêtes la nuit. De cette manière, l’ours n’a plus qu’à foncer dans le paquet sans faire l’effort des rassembler. Il a tout à disposition. Il ne risque rien, le berger n’a que… son bâton pour s’opposer… arme de 5ème catégorie dans une manifestation ou une attaque…

Parc et garde ont été testés en val d’Azun il y a quelques années. Erwan s’en souvient encore. Il a plié bagage et redescendu le troupeau. C’était plus sûr pour tout le monde… abandonner la montagne. En fait c’est bien là l’objectif des écologistes.

- Vider la montagne de ses habitants

Christopher Servheen, spécialiste de l’ours à l’Université du Montana est également à la tête du Comité d’experts sur les ours pour l’Union mondiale pour la conservation de la nature (IUCN), l’âme sœur du WWF. Pour se justifier face à l’injustifiable, il fut un temps où les services du ministère de l’environnement le mandatait pour de menus services. Il l’avait été en 1996 pour réaliser un « état des lieux de la population ursine et de son habitat dans le Haut-Béarn ». Pour faciliter la présence des ours, il arrivait à ces recommandations remarquables: «Il ne faudrait plus construire de nouvelles routes. Il faudrait fermer pour de bon aux véhicules motorisés les routes existant déjà et ne reliant pas d’agglomérations permanentes ». Et il rajoutait pour mieux se faire comprendre: «Il serait nécessaire d’abandonner les maisons isolées et autres structures semblables (cabanes de bergers), et de les supprimer des habitats de l’ours. Il est aussi fortement recommandé de réduire au minimum les perturbations momentanées causées par la chasse, l’écobuage, les chiens errants, les randonneurs, etc.». Le plus extraordinaire est que ledit rapport est annexé au cahier des charges de la N 134 de la vallée d’Aspe pour accéder au Somport… Sans parler de certaines démarches en vue du déplacement des bergers dans les banlieues de Tarbes et Pau (Cf. « Génération démagogie » de Marianne Bernard)

Dans le même état d’esprit, leur rapport intermédiaire au Plan Ours (2008) du WWF, ADET et FERUS, ces associations préconisent « un retour 2000 ans en arrière». Nous sommes en République, le délire est autorisé. Doit-on le suivre?

Et puis, Marie-Odile Guth, Inspectrice générale de l’environnement, ex-directrice du Parc National du Mercantour et actuellement administratrice du Parc National des Pyrénées qui estime que nos montagnes et vallées sont: «Des territoires confortés, adaptés et soutenus face à la présence de loups»… et pourquoi ne pas transposer à l’ours pendant qu’elle y est? Et elle précise: «Ces espaces pourraient correspondre aux massifs montagnards colonisés actuellement (Alpes du Nord et du Sud) et en colonisation prévisionnelle (Jura, Vosges, Pyrénées) et qui dans le cadre d’un soutien à la politique du pastoralisme disposent d’aides substantielles en matière de prévention et d’indemnisation des élevages extensifs…» («Evaluation des actions menées par l’Etat dans le cadre du plan d’action sur le loup – 2004-2008» – Rapport Marie-Odile Guth et Pierre Bracque – 6 mars 2008). Ainsi donc nos éleveurs bénéficient d’aides qui les obligeraient à accepter des grands prédateurs ours et loups. Il serait intéressant de lui faire visiter les élevages des Pyrénées… avant le prochain conseil d’administration du Parc National. A moins qu’elle ne préfère nous expliquer comment trois loups sont partis d’un élevage italien… pour coloniser les Alpes??? Qui sait? Ou encore comment des loups italiens sont arrivés dans les Pyrénées….??? Les grands prédateurs offrent tellement de surprises…. Pour vider les montagnes de leurs habitants. Tout est bon! Et elle semble dotée d’une certaine expérience efficace.

- Cohabitation impossible et acceptation sociale inexistante

Pour les éleveurs qui sont en AOC, le décret interdit tous regroupements de quelque nature que ce soit. Les bêtes doivent être laissées en liberté (Cf. Décret d’origine de 2003 renouvelé en 2008 et le cahier des charges d’AOP ) Un décret et des pratiques ancestrales totalement opposées aux préconisations du plan ours. Le problème n’est pas l’AOC comme certains voudraient le faire croire mais la totale absence d’étude préalable aux introductions sur les pratiques pastorales et l’acceptation sociale de la présence de l’ours. Au motif de l’urgence écologique, les associations écologistes dès la première introduction (1996 et 1997), avec la complicité active des services de l’État totalement inféodés à l’écologie politique installée en leur sein via Gilbert Simon, ont imposé des lâchers d’ours.

Les résultats, dont on ne sait s’ils sont officiels ou officieux, de la consultation publique menée du 27 décembre 2010 au 4 février 2011 portant sur le projet d’introduction d’une ourse en Béarn, sont éloquents. Sur les 925 communes des 6 départements du massif (toutes ne sont pas concernées), plus de 91% sont défavorables aux introductions. Quant aux particuliers qui se sont exprimés directement ou par l’intermédiaire d’un organisme, mais toujours individuellement (les motions n’ont pas été prises en compte), ce sont plus de 75% de personnes hostiles.

Dans le rapport final Life (financement européen) en 2000, cette absence d’acceptation avait également été notée. Les financements européens dans ce domaine n’existent plus depuis cette date. Il est pour le moins curieux que l’on nous dise aujourd’hui que les introductions sont obligatoires sauf à prendre le risque de se voir arrêter toutes les aides européennes. Manifestement une foutaise et une nouvelle manipulation écologiste!

Les deux experts nommés pour la préparation des premières introductions dites «expérimentales»,ont démissionné avant les importations de Slovénie. J.M. Parde, docteur en biologie et ingénieur conseil (cf. Lettre à Gilbert Simon du 25 janvier 1996) note que: «Le monde agricole n’est pas partenaire des tâches à accomplir…//…. Les actions de préparation indispensables, en particulier auprès des éleveurs et des habitants concernés, ne sont pas et ne seront jamais faites…». La liste des griefs est longue. J.M. Parde démissionnera de l’opération d’importation d’ours de Slovénie qu’il ne cautionne pas. Le 6 avril 2000, il confirme: «Les mesures concernant le pastoralisme et le développement local ne se sont accompagnés d’aucune innovation concrète et leur application a donné lieu à des débordements peu compatibles avec la bonne tenue de cette opération».

Autre expert consulté, Antony P. Clevenger, démissionne également le 27 mai 1995 pour divers motifs dont le défaut « d’acceptation publique » en mentionnant une absence de concertation mais aussi un détournement d’objectif en passant d’un stade de «conservation » à celui« d’introduction».

Depuis plus de 20 ans nous vivons sur un leurre et une vaste manipulation parfaitement décrite par David Chétrit dans son ouvrage «La réintroduction de l’ours – Histoire d’une manipulation» (Ed. Privat) Les associations environnementalistes sont à la base de cette manipulation à laquelle se sont associés, parfois avec beaucoup de vigueur, de nombreux fonctionnaires au plus haut niveau notamment des Préfets de région. Doit-on poursuivre dans cette voie?

- Les vraies solutions existent-elles?

Une révision du protocole ours à problème n’est pas sérieuse. Des tentatives ont déjà eu lieu et très récemment. Dans un communiqué du 26 juillet 2007, Nathalie Kosciusko-Morizet, alors Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie écrit: «Je propose donc qu’Alain AUVÉ, conseiller technique au cabinet des Ministres, anime dès maintenant, avec toutes les parties concernées, les travaux sur la révision du protocole.» Il s’agissait de réaliser «une amélioration du protocole «ours à problèmes». Devant la presse, la même Secrétaire d’Etat disait haut et fort que «Alain Auvé resterait sur place jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée.» En fait, «le blanc bec parisien s’est vite enfui vers le métro. La montagne lui faisait peur et la crotte de moutons devait le salir» nous disait un responsable agricole de l’époque. Depuis, plus de nouvelles d’Alain Auvé et le protocole est toujours le même depuis le 10 février 2006, avant les dernières importations. Que vaut la parole d’un Ministre et par voie de conséquence d’un Préfet qui ne fait que transmettre et appliquer les décisions du Ministre?

Il faut sans doute se tourner vers d’autres solutions qui semblent bien exister dans la législation actuelle. Outre le fait que l’ours, comme tout animal sauvage, n’est pas un patrimoine contrairement aux affirmations et dérives linguistiques récurrentes, s’il est protégé il n’est pas en péril. C’est donc le statut de protection qui est contestable. Par ailleurs, le code rural, le code de l’environnement et le codes des collectivités territoriales sont pleins de ressources à exploiter.

Voilà quelques voies qui mériteraient d’être étudiées. Nous pouvons même nous interroger sur les motifs qui font que, jusqu’à maintenant, personne n’y ait fait allusion. Qu’il soit «ours à problème» ou non, il y a bien un problème d’ours qui mériterait d’être solutionné, sans attendre un avis ministériel, en puisant dans l’arsenal juridique actuel.

Louis Dollo, le 12 juin 2012