En 1904, les chasseurs suisses des Grisons tuaient le dernier ours

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En Suisse dans les Grisons, comme partout ailleurs en montagne encore au 19ème et début du 20ème siècle la chasse à l’ours était largement pratiquée. La chasse était d’ailleurs un patrimoine tout comme les chasseurs qui rendaient service aux éleveurs au point d’être fêtés à chaque prise et indemnisés par les Etats. L’Engadine n’échappe pas à cette culture montagnarde et nous voyons bien sur la photo qu’un tel événement rassemble les villageois.

- Il y a 100 ans mourait le dernier ours suisse...

Le dernier ours sauvage vivant en Suisse a été abattu il y a 100 ans, à Scuol, dans les Grisons.

Et si des ours bruns, venant pour la plupart du nord de l'Italie ont quelques fois franchi la frontière depuis, ils n'ont jamais recréé de groupe.

A l’heure où fleurissent, sur les présentoirs des supermarchés, le DVD de «Frère des Ours», le dernier dessin animé ‘traditionnel’ de la compagnie Walt Disney, réapparaît une page de l’histoire suisse… ou en tout cas de l’histoire de la faune suisse.

Le 1er septembre 1904 fut en effet un jour marquant pour la population de Basse-Engadine, quand les chasseurs Jon Sarott Bischoff et Padruot Fried exposèrent l'animal qu'ils avaient abattu : un ours.

Les deux hommes étaient partis chasser le chamois. Mais c’est une femelle ours qu’ils aperçoivent sur les pentes du Piz Pisoc. L’époque n’est pas aux grands sentiments animaliers ni à la protection des espèces en voie de disparition… Les chasseurs n'hésitent donc pas à tuer l’animal.

On peut encore le voir, empaillé, au Museum Schmelzra S-charl, à Scuol.

- Aucune reconstitution de groupe

Aujourd’hui, les ours sont évidemment protégés en Suisse comme ailleurs, et ne peuvent donc plus être chassés. Mais jusqu'au milieu du 19e siècle, deux à trois ours étaient abattus chaque année en Engadine.

A cette époque, les ours n'ont pas réussi à se reproduire suffisamment vite pour compenser les animaux abattus. N’est pas lapin qui veut.

L'ours indigène suisse a ainsi disparu. Quelques animaux ont encore été vus par la suite en Valais, au Tessin ou dans les Grisons, mais plus aucun groupe ne s'est développé sur le territoire suisse. Et une réimplantation n'est pas envisagée.

Une immigration est en revanche toujours possible, selon Reinhard Schnidrig, directeur-adjoint de la section chasse et animaux sauvages à l'Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage (OFEFP) et Georg Brosi, inspecteur de la chasse aux Grisons.

Il y a quelques années, un ours femelle venant du nord de l'Italie s'est approché jusqu'à environ 30 km de la vallée de Puschlav dans le sud des Grisons.

L'animal avait quitté le parc naturel d'Adamello-Brenda en direction du nord avant de disparaître, comme beaucoup d'autres de ses congénères. A l'inverse des loups, les ours ne souffrent pas de surpopulation en Italie.

Au contraire, le groupe de Trentino a même de la peine à maintenir ses membres en nombre suffisant. De nouveaux ours doivent régulièrement être importés de Slovénie.

- Mais si quand même…

Si des ours devaient immigrer en nombre en Suisse, il faudrait réfléchir aux remboursements des dégâts qu'ils provoqueraient. Le modèle appliqué aux loups pourrait être utilisé, selon M. Schnidrig: celui-ci prévoit que la Confédération prend 80 % des frais à sa charge et les cantons 20 %.

Les ours, amateurs de miel, pourraient indisposer les apiculteurs ou les propriétaires de jardins fruitiers. Mais les problèmes avec cet animal ne seraient pas aussi importants que ceux rencontrés avec le loup, puisqu'il est omnivore.

La difficulté centrale avec les ours réside plutôt dans l'espace vital dont ils ont besoin. Au nord des Alpes ou dans le Jura, il n'existe plus de région, restée naturelle, suffisamment étendue. Et même le parc national, en Engadine, avec ses 170 km², serait tout juste assez grand pour accueillir… un seul animal, selon une estimation de l'inspecteur de chasse.

Les ours sont en revanche revenus habiter en Autriche, où une trentaine d'animaux vivent en liberté dans deux régions différentes. Globalement, la cohabitation entre l'ours et l'homme ne pose pas de problème, mais il a parfois d’étonnantes habitudes: il est particulièrement friand de l'huile utilisée par les forestiers pour graisser la chaîne de leur tronçonneuse. Il peut alors mordre un jerrican et lécher l'huile qui en coule…

Pour l’heure, l’Helvète ou le touriste ‘oursophiles’ peuvent se rendre dans les zoos du pays, bien sûr. Mais aussi et surtout à Berne, où l’ours, symbole de la ville, se rencontre au bord de l’Aar, dans la fosse qui lui est consacrée…

Source: swissinfo et les agences du 29 août 2004