Le Gouvernement autorise que les bêtes mortes dans les champs
soient abandonnées aux vautours. Les autorités sont obligés
de constater que les charognards manquent de nourriture, elles veulent
ainsi éviter les attaques sur le bétail.
Vendredi dernier,
le Conseil des Ministres a donné son feu vert à un décret
permettant de laisser des animaux morts à l'air libre pour nourrir
les oiseaux charognards. Par ce moyen, le Gouvernement espère
éviter que les vautours attaquent le bétail vivant, un
phénomène qui n'a cessé de prendre de l'ampleur
ces quatre dernières années, depuis l'obligation d'incinérer
les cadavres qui a suivi la " maladie de la vache folle ".
Le
dernier épisode vient d'avoir lieu, le 3 mai, quand une centaine
de vautours ont attaqué une vache et son veau nouveau-né,
et les ont tués tous deux, dans la vallée de Mena, à
la limite des provinces de Burgos et de la Biscaye, sans que le propriétaire
ne puisse rien faire pour les en empêcher. Affamés, les
oiseaux ont pris l'animal nouveau-né pour un cadavre. (1)
Ces attaques ont
lieu depuis que la Députation de Biscaye a fermé la "buitrera"
(réfectoire pour les vautours) de la Sierra de Ordunte. D'après
les organisations agricoles de la Province de Burgos, cela a conduit
les charognards à changer de comportement: faute de nourriture,
ils s'attaquent à présent aux bêtes vivantes pour
survivre, y compris aux chevaux.
Ces derniers mois,
des éleveurs de cette zone et de la comarque byscayenne de Las
Encartaciones se sont plaints de ces attaques de vautours. Les groupes
écologistes ont critiqué la décision de fermeture
de la "buitrera" de Ordunte destinée à alimenter
les charognards. Elle avait commencé à fonctionner en
juin 1987 dans le but d'éliminer les charognes et le bétail
mort en montagne ou dans les fermes. Ce n'est cependant pas le seul
endroit où se produisent de tels problèmes: des attaques
ont eu lieu sur tout le territoire espagnol.
Le nouveau décret
précise: "dans ces réfectoires pour oiseaux, lorsque
les autorités auront constaté que, pour une zone donnée,
les besoins alimentaires des oiseaux ne peuvent être satisfaits,
on pourra utiliser des animaux des espèces bovines, ovines et
caprines, de même que des animaux sauvages dont la chasse est
autorisée". Cette solution cherche à éviter
la perte d'oiseaux comme le vautour fauve, le vautour noir, le percnoptère,
le gypaète, l'aigle royal, l'aigle ibérique, le milan
royal et le milan noir.
L'an dernier, en
mars, on avait trouvé trois vautours fauves empoisonnés
à la strychnine dans les Asturies : l'un à Quirós
et les deux autres à Somiedo. Les vautours fauves sont nombreux
dans le versant occidental de la Sierra de Aramo où on a localisé
trente quatre couples sûrs et quatre possibles.
1-
Note de Bruno Besche-Commenge : Explication
peu satisfaisante. Et la vache ? Pour un camion en panne ?
La même scène ma été racontée
hier sur la montagne du Bergons, dans les Hautes-Pyrénées,
par un éleveur qui y estive ses vaches. La mère était
la vache-reine du troupeau, très vive, puissante, elle portait
dailleurs la plus grosse cloche. Elle a affronté les vautours
qui attaquaient son veau. Le bruit de sa cloche, inhabituel à
ce rythme et cet intensité, a attiré trois autres vaches
peu éloignées qui sont arrivées au galop. Ensemble,
elles ont fait fuir ce quil faut alors sans doute appeler la meute
des vautours. Léleveur était trop loin pour intervenir
assez vite.
Cest là un des grands intérêts de laisser
en montagne les bêtes simplement en liberté surveillée:
elles gardent quelque chose du sauvage qui leur permet daffronter
de telles situations, et bien dautres choses dailleurs,
trop longues à expliquer ici. La pâturage extensif en semi-liberté
est caractéristique, et reconnu comme un des éléments
fondateur des races pyrénéennes de bétail comme
dautres races rustiques. Un des éléments centraux
de la biodiversité agricole. - Retour