Le Monde des Pyrénées

Le lobby des industries du Bio

Entre 2006 et 2010, le marché des produits bio a connu de belles années de croissance, avec des taux compris entre 10 et 20%. En 2011, les ventes de ce marché ont affiché 3,65 milliards d’euros contre un peu plus de 2 milliards en 2008

- Le marketing agressif du lobby des industriels bio

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Entre 2006 et 2010, le marché des produits bio a connu de belles années de croissance, avec des taux compris entre 10 et 20%. En 2011, les ventes de ce marché ont affiché 3,65 milliards d’euros contre un peu plus de 2 milliards en 2008. Certes, comme l’explique la société d’expertise Kantar Worldpanel, le «bio-vert» reste encore un achat minoritaire dans les chariots, représentant seulement 2,2% du budget produits de grande consommation et frais libre-service en 2010, c’est-à-dire en moyenne 64,10 euros par ménage et par an en 2010. Évidemment, les industriels bio, avec leur syndicat Synabio (Syndicat National des transformateurs de produits naturels et de culture biologique), ne veulent pas en rester là et affichent toujours de grandes ambitions de croissance.

Mais une des difficultés que rencontrent les industriels bio, c’est le prix très élevé de leurs produits. D’ailleurs, selon le Baromètre 2011 de consommation et de perception des produits biologiques en France (Agence Bio), le prix élevé du bio est la principale raison de non-achat de produits bio pour 8 Français sur 10.

Alors comment convaincre les consommateurs de payer plus cher? Eh bien, le lobby des industriels bio, au lieu de simplement vanter les mérites de leurs produits, a décidé, depuis quelques années, de miser aussi sur un marketing agressif qui consiste à faire peur sur les pesticides en affirmant que les aliments non bio sont empoisonnés… tout en omettant évidemment de dire que les agriculteurs bio utilisent, eux aussi, des pesticides. Pour faire court, le message à faire passer est: «achetez bio sinon vous aurez un cancer». Ou dans sa version culpabilisatrice: «achetez bio sinon vous allez empoisonner vos enfants». Pour mener à bien cette campagne marketing, le lobby du bio n’a pas fait appel à Publicis ou Euro-RSCG mais… aux associations écologistes. En particulier, à l’association antipesticides MDRGF, rebaptisée récemment «Générations Futures» et dont le Synabio est membre. Cette association passe en effet son temps à dénigrer les produits issus de l’agriculture conventionnelle, avec des messages très alarmistes du type «menus toxiques» et au travers de campagnes comme la Semaine sans pesticides. Ce n’est donc pas un hasard si le Synabio ainsi que certains de ses principaux membres sont des sponsors et/ou des partenaires réguliers de Générations Futures (voir Infographie). Ce n’est donc pas non plus un hasard si Maria Pelletier, administratrice de Synabio, est également présidente de Générations Futures! Là, on l’aura compris, on ne peut plus parler de mécénat mais d’un véritable partenariat marketing. Générations Futures le reconnaît même explicitement dans sa plaquette destinée aux entreprises bio: «Soutenir notre travail d’information des citoyens sur les dangers de pesticides et sur l’importance de manger bio, c’est permettre de développer le secteur de la bio en général et donc de créer un climat propice au développement de votre propre société.» Et quand on pense que Générations Futures vient ensuite donner des leçons de morale sur les conflits d’intérêts

Source: Alerte Environnement du 30 avril 2012

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