Le parcours du Tour de France 2007 qui s'élancera samedi de Londres
par un prologue long de 7,9km est somptueux, mais aussi très
sélectif. Il a été conçu pour conserver
le suspense intact jusqu'à la dernière étape de
montagne dans les Pyrénées.
"La deuxième
journée de repos est programmée avant la dernière
étape de montagne, la plus dure. Cela veut dire que quand on
va s'arrêter pour la deuxième journée de repos,
tout sera encore possible au classement", jubile Christian
Prudhomme.
Il faudra donc
attendre l'ascension de l'Aubisque qui bouclera la 16e des 20 étapes
pour avoir enfin une idée du vainqueur, souligne le "patron"
du Tour de France.
Prudhomme, qui
dépeint le cyclisme comme "un sport romantique qui doit
retrouver sa dignité" après les affaires de dopage,
est heureux de décrire les temps forts d'une course qui devrait
sortir des sentiers battus.
Dès le milieu
de la première semaine, la 5e étape menant de Chablis
à Autun (182,5km) sera propice à jauger les forces en
présence.
"L'idée
était de casser cette première semaine où il ne
se passe jamais rien. Depuis 1991, il ne s'est rien passé en
première semaine, je le regrette", explique Christian Prudhomme.
"Cette
étape du Morvan, qui n'a pas été empruntée
depuis 25 ans, aurait été une étape extraordinaire
sans oreillettes. Elle sera magnifique", dit-il. "C'est
une étape avec huit difficultés répertoriées,
mais surtout ça tourne à droite à gauche. Bref,
une vraie étape que l'on verrait sans oreillettes. Je dis ça
en l'air, puisque depuis que l'on est en conflit sur le ProTour avec
l'UCI, nous avons été bouté de toutes les instances
de décision de l'UCI, y compris les instances pour lesquels on
est régulièrement élus".
Prudhomme devra
donc faire avec les oreillettes qui permettent à toute une équipe
de réagir immédiatement comme un seul homme à une
échappée des adversaires.
Le suspense ne
devrait pas en souffrir tant ce parcours de 3.570km, comprenant six
étapes de haute montagne, 21 cols à gravir et 117km de
contre-la-montre, est bâti pour retarder l'émergence du
futur vainqueur.
Les Alpes, réparties
sur trois journées de la 7e à la 9e étapes, feront
un premier écrémage, avec notamment l'arrivée à
Tignes le 15 juillet, puis, après la première journée
de repos, deux cols hors-catégorie à gravir, l'Iseran
et le Galibier, lors du parcours épouvantail entre Val d'Isère
et Briançon.
"Les Pyrénées
sont plus rudes que les Alpes. C'est un classique, car le second massif
montagneux est toujours plus dur que le premier", prévient
Prudhomme.
Après le
premier contre-la-montre d'Albi (54km) de la 13e étape, les coureurs
attaqueront dans la foulée la trilogie pyrénéenne. "Les étapes pyrénéennes vont crescendo.
Mazamet - Plateau de Beille, c'est déjà très ardu.
Le lendemain, on va de Foix à Loudenvielle par le col de Balès,
inédit car les quatre kilomètres de route qui manquaient
ont été goudronnées l'été dernier", détaille Prudhomme.
Ensuite, après
une journée de repos, il y aura cette fameuse "étape
la plus dure du Tour" entre Orthez et l'Aubisque par
le Port de Larrau qui a été franchi une seule fois en
1996. "Ce jour-là, je pense que c'est unique dans l'histoire
du Tour, les huit premiers au sommet étaient les huit premiers
à l'arrivée à Pampelune", souligne Prudhomme.
"Avec l'arrivée
jugée au sommet de l'Aubisque, ce sera la première fois
depuis 20 ans que la dernière étape de montagne du Tour
se conclut par une arrivée au sommet. Il faut, je crois, remonter
au Puy-de-Dôme".
Au terme des 218,5km
de cette 16e étape marquée par deux ascensions hors catégorie
et deux premières catégories, le futur vainqueur devrait
correspondre au premier du classement général au sommet
de l'Aubisque. Il lui restera à bétonner lors du dernier
grand rendez-vous du Tour, le contre-la-montre de 5,5km entre Cognac
et Angoulême à la veille de l'arrivée sur les Champs-Elysées
le dimanche 29 juillet.
"Certains
coureurs se sont inquiétés de cette dernière étape
de montagne au lendemain de la deuxième journée de repos",
révèle Prudhomme. "Ma réponse a été:
partout où on pourra mettre de l'indécision, on la mettra.
Partout où l'on pourra rajouter des choses imprévues ou
qui ne se font plus, on les rajoutera, parce que le cyclisme est un
sport romantique".
Source
: La
Tribune du 5 juillet 2007