Ecobuage: les effets pervers d'une réglementation

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Il est bien connu que trop de réglementation ou une réglementation inadaptée, tue la réglementation. Par ailleurs, imposer sans concertation préalable pourrait bien avoir les effets inverses de ce qui est recherché.

- Ecobuage: L'Histoire et les Humains

Nous avons vu, et la Préfecture des Hautes-Pyrénées le confirme, que l’écobuage est une pratique ancestrale.
Partant de cette observation. Il convient donc de tenir compte de deux réalités:

- Evolution

La situation de terrain a évolué avec le temps. La pression humaine en montagne est bien moins forte qu’au 19ème siècle et les exigences de l’administration française mise en place après la révolution (toujours males perçues) ont quelques peut bousculé les pratiques.
Les comportements humains liés à une ambiance sociologique et historique imposent une concertation et le respect des habitants des régions et vallées concernées. Faisant référence à l'histoire locale, l'anthropologue Pierre Bidart, dans plusieurs communications, apporte un éclairage sur les «incivilités de la société paysanne»
En dehors de ces aspects, il existe aussi un aspect technique. Il suffit de réfléchir à ce que peut représenter une autorisation administrative pour une durée de 5 jours. En effet:

  1. aucun texte ne tient compte du vent
  2. aucun texte ne prévoit de sanction sauf si des biens ou des personnes ont été endommagés
  3. quelle réaction peut avoir un paysan qui, pendant 5 jours n’a pas eu de conditions favorables alors que celles-ci apparaissent le 6ème jour?

- Débordements et incompréhensions

Le manque de souplesse engendre automatiquement des débordements ou des incompréhensions.
Comment imaginer l'arrêt d'une procédure d'écobuage dans la situation suivante:

  1. L'agriculteur dispose d'un dernier jour d'autorisation le samedi. Il a convié quelques amis et voisins.
  2. Météo-France envoie un avis d'alerte de fort vent pour le lendemain le vendredi en fin d'aprés midi.
  3. Le Préfet prend un arrêté d'interdiction d'écobuage le vendredi soir à 18h. et tente de prévenir les maires concernés. Mais, pour certains, et ils ont le droit de se détendre entre amis ou en famille, c'est l'heure de l'appéritif, personne n'est à son domicile. Il aurai fallu téléphonner au bar du village ou chez le voisin.
    Et en dehors de ce côté anecdotique, un maire de village ne dispose pas de services et jongle le plus souvent entre ses impératifs professionnels et ceux de sa fonction de maire.
    Il n'est donc pas évident de le joindre, même par l'intermédiaire de la gendarmerie, dont c'est une des missions de notifier les arrêtés préfectoraux. Mais encore lui faut-il du temps pour prévenir tout le monde.
  4. Le maire rentre chez lui vers 20h/20h30, mange, regarde la TV et sa femme lui dit tiens la préfecture a appelé, il faudrait les rappeler - on verra lundi... et si ce sont les gendarmes qui sont passés, encore faut-il que le maire soit chez lui.
    Il n'a aucune obligation de tenir une permanence.
  5. Samedi matin l'agriculteur se léve de bonne heure. Il fait beau. dans la vallée, pas de vent. Il fait son écobuage. Vers 11h le vent se léve... ça brûlera plus vite... Et c'est là que le débordement peut arriver.

Et même si la Préfecture avait eu le Maire, tout le monde aurait rigolé, car dans les vallées, la météo c'est comme une curiosité.... ils se trompent tellement qu'il vaut mieux ne pas s'en occuper si non on ne ferait rien.
Il ne s'agit pas tant d'erreurs de prévisions météorologiques que du fait qu'en montagne, spécifiquement, selon les vallées, les conditions météo peuvent être totalement différentes. N'a-t-on pas vu lors de la grosse tempête de janvier 2000 quelques dégâts à Tarbes mais aucun arbre tombé dans les vallées bigourdanes. un avis général peut ne pas être ressenti dans les vallées.
Par ailleurs, dans l’hypothèse où des sanctions trop lourdes ou des procédures trop complexes viendraient à exister, il y a de très fortes chances pour que le principe du «ni vu, ni connu» s’applique à un autre principe qui est «pas pris, pas puni» puisque de toute manière aucune sanction n’est vraiment prévue spécifiquement en cas d’infraction à l’arrêté préfectoral.
A cette réglementation, ajoutons la réaction de ceux qui ont en charge de combattre le feu, les Sapeurs Pompiers. Il a été particulièrement surprenant de voir que dans les Hautes-Pyrénées, le CODIS s’est constitué partie civile à la suite des incendies de février 2002.

La notion de «pas pris, pas puni»auquel on peut rajouter «ne pas parler»pourrait bien prendre un sens très développé.