Bergers étrangers, une opportunité pour le pastoralisme euro-méditerranéen?

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Selon Michele Nori, auteur de l'article ci-dessous dans le cadre d'un étude menée par TRAMed – TRAnshumances Méditerranéennes, contrat EU Marie Curie ES706/2014, il y a "peu d’informations autour de la présence d’immigrés sur les parcours pastoraux dans les pays EUMed – et encore moins d’analyses qui tentent de quantifier et qualifier le phénomène dans les différentes régions. Le projet TRAMed cherche à rassembler les pièces existantes de cette mosaïque, à travers une analyse détaillée des matériaux secondaires et des informations existantes, en développant aussi des cas d’études de terrain dans certaines régions, notamment le Triveneto, les Abruzzes, le Piémont en Italie, les Pyrénées Catalanes en Espagne, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) en France, et les régions de Béotie et Thessalie en Grèce". Il semble que l'étude fasse abstraction des Pyrénées Catalanes en France et n'est, curieusement, pas trouvé de références au CERPAM.

- Résumé

Les premiers résultats de la recherche TRAMed racontent comment le pastoralisme, une activité qui semble destinée à l’oubli, souvenir d’un passé récent, montre plutôt des éléments intéressants de résilience et des importantes capacités d’adaptation. Dans plusieurs pays de l’Europe du Sud des travailleurs étrangers, bergers immigrés d’autres pays de la région méditerranéenne, jouent un rôle important dans ce processus, en fournissant de la main-d’œuvre qualifiée à un coût relativement faible, permettant ainsi la poursuite, l’évolution et la diversification d’une activité de plus en plus reconnue comme essentielle à la préservation du patrimoine naturel et culturel de la région mais de moins en moins pratiquée par les européens.
Associer cette main d’œuvre aux processus d’adaptation et d’innovation du secteur, intégrer et responsabiliser ces bergers étrangers dans le monde rural, représentent des opportunités à ne pas manquer pour contribuer à former les bergers et les éleveurs de demain, sans lesquels les montagnes méditerranéennes risquent de perdre leurs gardiens, les plus précieux et de plus en plus rares, dotés des connaissances et d’un savoir-faire très sophistiqué et bien adapté à gérer des territoires riches mais fragiles face aux importants changements socio-politiques et écologiques qui affectent la région.

- Introduction

1/ Dans l’ouvrage de Fernand Braudel (1985), boussole de tous travaux sur la Méditerranée, il y a deux définitions qui peuvent représenter les voies d’un voyage dans le monde pastoral: la montagne comme une terre d’émigration et la Méditerranée comme une mosaïque de peuples. Le but de cet article est de chercher à décrire les premiers résultats partiels de TRAMed, un projet de recherche qui analyse la présence, la contribution et l’importance de la main-d’œuvre immigrée pour le pastoralisme des pays euro-méditerranéens.

2/ Alors que l’on se trouve face à une demande croissante de la société en services et produits issus du pastoralisme, cela ne se traduit pas par une amélioration de la qualité de la vie ni de la profession de ceux qui y travaillent. Les dynamiques actuelles indiquent plutôt que les fils des éleveurs cherchent souvent d’autres modes de vie, hors de l’activité pastorale, favorisant ainsi le dépeuplement des zones de montagne et exposant les pâturages à un problème de renouvellement générationnel. Dans ce contexte, on constate une présence croissante des travailleurs immigrés, en provenance d’autres zones pastorales de la Méditerranée ; leur présence contribue significativement à ce que les alpages des Alpes, de l’Epire, des Apennins, des Pyrénées restent des espaces de production actifs et vivants. Ce processus reste néanmoins dans une tradition d’un changement ethnique associé à un renouvellement générationnel qui caractérise le monde pastoral euro-méditerranéen depuis un siècle.

3/ L’initiative de recherche TRAMed « Transhumances Méditerranéennes » vise à enquêter sur les dynamiques du monde pastoral euro-méditerranéen et à contribuer à l’analyse des opportunités, des risques et des difficultés associés à la contribution des migrants dans ce secteur d’activité. Le projet est financé par le programme EU Marie Curie et mis en œuvre à travers le Migration Policy Centre de l’Institut Universitaire Européen1.

4/ Les travaux de recherche se penchent sur les implications de la présence des immigrants bergers dans les trois dimensions du développement durable (social, économique et environnemental) à travers une approche comparative de différentes régions dans les quatre pays de la zone euro-méditerranéenne (Espagne, Italie, France et Grèce – désignés par la suite EUMed). D’un point de vue méthodologique, les difficultés à recueillir des données et des informations fiables à ce sujet sont nombreuses. Quantifier les exploitations pastorales est compliqué et il est encore plus difficile de comparer des données hétérogènes entre les différentes zones. En ce qui concerne les travaux sur le terrain, les difficultés logistiques sont importantes (bergers et troupeaux sont dispersés sur un vaste territoire au fil des saisons). Pour ce qui est des sources secondaires on ne trouve pas beaucoup d’études sur cette question ; le monde rural reste marginal dans le débat sur les études migratoires, et le monde pastoral est extrêmement peu abordé dans les débats sur le développement rural. Il y a donc peu d’informations autour de la présence d’immigrés sur les parcours pastoraux dans les pays EUMed – et encore moins d’analyses qui tentent de quantifier et qualifier le phénomène dans les différentes régions. Le projet TRAMed cherche à rassembler les pièces existantes de cette mosaïque, à travers une analyse détaillée des matériaux secondaires et des informations existantes, en développant aussi des cas d’études de terrain dans certaines régions, notamment le Triveneto, les Abruzzes, le Piémont en Italie, les Pyrénées Catalanes en Espagne, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) en France, et les régions de Béotie et Thessalie en Grèce.

5/ Du fait de ces difficultés, les analyses de TRAMed proposent donc un compromis nécessaire pour une enquête particulièrement lourde de difficultés à différents niveaux. L’analyse comparative des données et des renseignements du projet devant encore être élaborée, dans cet article nous présentons seulement des tendances résultant de l’étude de terrain, pour lancer le débat et récupérer les contributions d’autres collègues sur ces thèmes.

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Auteur: Michele Nori, «Bergers étrangers, une opportunité pour le pastoralisme euro-méditerranéen?», Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine [En ligne], 105-4 | 2017, mis en ligne le 11 février 2017, consulté le 08 décembre 2017.
Source : Revue de géographie alpine 2017