U.N - Vos actions sont-elles ciblées sur certains domaines ou
espèces précises, et les assumez-vous seul ?
ROC -...
Nous avons également en cours d'autres actions ponctuelles. Nous essayons
d'apporter notre aide à ceux qui veulent protéger les grands prédateurs
que sont l'ours, le loup, le lynx, et même les petits, car il ne faut
pas oublier le renard et les petits mustélidés qui sont persécutés en
France.
......
U.N - Tout à l'heure vous avez parlé de l'ours, à ce sujet, que pensez-vous de
sa réintroduction en France ?
ROC - Avant
d'entrer dans le cas particulier de l'ours, les grandes lignes de la
politique du ROC, c'est que les réintroductions sont des actions tellement
difficiles à mener, qu'elles doivent être décidées que lorsque l'on
a pu s'assurer de l'adhésion de l'ensemble de la population à l'action.
Donc, on est plutôt défavorable à l'esprit de réintroduction. Quand
la nature est prête à accueillir des espèces disparues qui existaient
auparavant, la nature "s'arrange pour qu'elles reviennent, à l'instar
du loup en France. Le retour naturel d'espèces est déjà tellement problématique,
qu'imposer une réintroduction c'est véritablement une action ultra-délicate,
et on a beaucoup de réserves à émettre sur le sujet.
Pour la réintroduction
de l'ours dans les Pyrénées, quel dommage que l'on n'ait pas pu sauvegarder
l'espèce pyrénéenne, et qu'on ait laissé sa destruction par la chasse
et l'empoisonnement, faire qu'on en soit maintenant réduit à devoir
renforcer sa population si l'on veut qu'elle se maintienne. Et là c'est
un peu différent, car avec un renforcement de population, il y a quand
même la population originelle qui reste. C'est une réintroduction, mais
dans un contexte différent, parce que les populations locales se sont
rendu compte, in extremis, trop tard, mais enfin elles s'en sont rendu
compte, qu'il ne faut plus laisser faire. Donc, même ceux qui étaient
les adversaires acharnés de l'ours, conviennent maintenant que ce serait
dommage qu'il n'y ait plus d'ours dans les Pyrénées. Par conséquent,
il y a dorénavant semble t-il, les conditions sociologiques minimum
pour que la population d'ours soit renforcée. Toutefois, comme il y
a parallèlement une réintroduction dans les départements voisins, est-ce
qu'on peut à la fois financer la réintroduction dans les départements
voisins et le renforcement de la population dans les Pyrénées atlantiques,
il y a le problème de l'argent, sous-jacent à cette question !!
Pour trancher,
je dirai que je préfère un renforcement de population plutôt qu'une
réintroduction ailleurs dans la chaîne, mais qu'il fallait peut-être
que l'ours soit réintroduit ailleurs, pour que les Béarnais veuillent
finalement défendre leur population locale. Bref, tout cela est très
complexe.
Ce n'est pas la
spécialisation de notre association, bien que l'on essaie d'avoir un
maximum d'idées sur le projet, et de confronter différents points de
vue, mais nous n'avons pas un rôle majeur dans ces problèmes-là. Autant
nous pouvons contester la diminution de l'ours à cause de la chasse,
autant nous voudrions qu'un consensus s'établisse avec les chasseurs
pour qu'ils acceptent l'ours à nouveau et ne le tirent pas; car finalement,
comme pour le loup, les chasseurs quand ils acceptent, c'est avec l'arrière-pensée
que plus tard il y en aura suffisamment pour qu'on puisse les inscrire
espèces chassables.
Mais bon, il y
a tellement de problèmes avec d'autres espèces qui existent bien, encore,
comme le renard, la fouine, ... que nous nous concentrons plutôt sur
la défense des espèces encore présentes, que sur les problèmes de réintroduction
et de renforcement.
L'interview complète
Pour en savoir plus sur l’association LE ROC,présidée par Hubert REEVES