Loup dans les Alpes du Sud: Y aura-t-il le feu à la montagne? - 2013

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Jadis, au Moyen Âge, nos ancêtres mettaient le feu à la montagne et aux forêts pour se débarrasser des grands prédateurs que sont le loup et l’ours. De tout temps, ces grands carnivores ont été sources de malheurs pour les familles vivant de l’élevage dans des contrées difficiles telles que les montagnes et les vallées. Les éleveurs sont «à bout» comme, l’exprime l’association "Eleveurs et Montagnes" en interpelant François Hollande. L’idée de coexistence harmonieuse développée aujourd’hui depuis les fantasmes de quelques illuminés de de la nature derrière un écran d’ordinateur n’existait pas et n’a d’ailleurs jamais existé en dehors de l’imaginaire de ceux qui ne le vivent pas au quotidien.

- Le loup a toujours croqué le mouton.

Contrairement aux idées que certains veulent nous inculquer depuis quelques décennies, le loup n’a rien d’un gentil toutou de compagnie. Il a toujours été un prédateur carnivore intelligent et opportuniste sachant s’adapter à toutes les situations.

Généralement discret, menacé ou surpris, en principe, il s’enfuit. Quand il a faim, il s’attaque aux moutons, proies faciles ou aux proies sauvages. Pas à l’homme sauf s’il s’y est spécialisé. Par contre, les circonstances qui le rendent dangereux sont l'habituation à l'homme et la promiscuité causées par la protection stricte de l'animal et la protection stricte du troupeau par des sophistiquées qui "obligent" le loup à passer beaucoup de temps près du troupeau afin de profiter d'une faille. A force de le côtoyer, il s'habitue à l'homme. C'est ainsi que le loup perd sa peur de l'homme et peut commencer à le considérer comme une proie potentielle sans pour autant être affamé.

Autres cas de figure de dangerosité également due à l'habituation: le loup peut avoir l'audace de défendre sa proie vis à vis de l'homme ou attaquer celui qui l'empêche de s'en accaparer telle qu’une brebis éventrée qu'il veut consommer ou emporter.

Un loup blessé, notamment par balle, peut attaquer. Beaucoup plus grave, une meute peut attaquer celui qui a tiré si un loup blessé hurle et s'agite.

Voilà des situations que peuvent rencontrer un berger autour de son troupeau, de jour comme de nuit, ou encore un randonneur ou tous autres usagers de l’estive. Comportement normal de loup dans la nature que nous ne retrouvons pas dans un salon de thé écologiste d’où sortent régulièrement des conseils, recommandations et leçons de gardiennage et pastoralisme. Autant d’éléments, par ailleurs niés, qu’il faudra intégrer dans nos comportements d’usagers de la montagne et de la plaine si le loup continue à proliférer. Les conseils de Jean-François Darmstaedte, Président de Férus, ne suffisent plus lorsqu’il dit: "Le berger doit surveiller son troupeau chaque nuit, avec l'aide de plusieurs chiens, pour effaroucher les loups et éviter toute attaque" (Le Monde du 28 juillet 2011) Conseils qui apparaissent bien dérisoires et assez peu appropriés dans les circonstances vécues au quotidien par tous les bergers.

Didier Trigance vient d’en faire, une nouvelle fois, l’expérience malheureuse. Eleveur et berger, il garde ses 1950 brebis sur une estive à Saint-Martin d'Entraunes dans les Alpes-Maritimes, en bordure du Parc National du Mercantour. Ce Parc, hyper protégé, contrairement à ce qu’ont connu nos ancêtres, est un véritable creusé de la reproduction du loup depuis sa très probable introduction à la fin des années 1980. Toutes interventions humaines, même les plus justifiées pour protéger les troupeaux, y sont impossibles contraignant les éleveurs à quitter l’espace comme nous l’avons vu très récemment. Les dispositions législatives régissant ces parcs sont très lointaines de tout concept de bon sens et de bonne gestion réaliste de la biodiversité à travers le nécessaire et indispensable pastoralisme qui entretien l’espace et assure la diversité des milieux et des espèces.

C’est tout naturellement que Didier Trigance venait d’accueillir sur son estive les 70 brebis de son ami Jean-Pierre Giraud afin d’y passer l’été à la fraicheur de l’altitude. Mais voilà que le loup s’en mêle et, en quelques minutes 9 brebis sont tuées sur l’estive, une autre sera laissée agonisante pendant que, dans la panique volontairement organisée par le prédateur selon une procédure bien rodée, 18 se précipitent dans le vide du haut d’une barre rocheuse dont personne ne pourra d’ailleurs atteindre la base.

Conclusion:
Sur un troupeau de 70 brebis arrivées récemment, 28 sont mortes, soit le quart du troupeau. Si 28 brebis sur 2000 présentent sur l’estive ce n’est rien, par contre, 25% du troupeau pour un petit propriétaire c’est autre chose d’autant que ce n’est que la première en début d’été et que l’indemnisation arrivera on ne sait quand sans jamais remplacer le capital de bêtes sélectionnées et le manque à gagner qui va avec.

Didier Trigance dispose d’un droit de tir de défense. «J’ai acheté une bonne petite carabine pour tirer à 250 m… J’ai aussi un fusil équipé pour le tir de nuit… Je ne vais pas lui faire de cadeau, je le vois, je le descends» nous a-t-il dit ce soir au téléphone. Le loup n’aura qu’à bien se tenir…

- Une augmentation sans précédent des prédations

L’agent de constatation de l’ONCFS se dit débordé. En une semaine, sur les Alpes-Maritimes, il aura fait pas moins de 22 constats de prédations. Et ils sont 6 agents sur le département qui ne doivent pas être au chômage puisqu’on comptabilise une moyenne de 3 attaques par jour dans le département. Nous pouvons facilement imaginer que, face à cette situation, éleveurs, bergers et leurs familles mais aussi les agents de constatation sont à cran. Comment ne le serait-il pas autrement ? Imaginez, pour un citadin, que tous les matins vous voyez votre voiture détériorée voir même détruite et que, le même policier viennent faire des constats à répétition pour dire: «vous serez indemnisé». Et sans avoir la garantie de retrouver la même chose avec l’indemnité reçue et surtout sans pouvoir travailler avant d’avoir retrouvé une voiture. La comparaison, pour un éleveur est du même ordre.

Le pire est que le nouveau plan loup présenté par le député de Forcalquier, Christophe Castaner, comme étant la solution à tous les problèmes, auto annoncé «unanimement accepté», apparaît être une véritable plaisanterie. 70% d’attaques en plus en Haute-Provence, 3 attaques par jour dans les Alpes-Maritimes, difficile de prendre ce plan au sérieux qui, par ailleurs, tend à responsabiliser les éleveurs alors que c’est à l’état d’assurer la protection des troupeaux. Laurent Boulogne explique parfaitement son rôle à radio France Bleu Azur: «Ce n’est pas le rôle des éleveurs de tuer des loups. Notre rôle c’est d’élever des agneaux». De son côté, Didier Trigance a moins de scrupule lorsqu’il dit à Nice Matin: "Le loup si je le croise, je le tire, même si je n'ai pas le droit. J'ai le fusil sur l'épaule. Je défends mon gagne-pain." Mais les deux versions ne sont pas incompatibles, nous fait remarquer une femme d’éleveur.

Pour Charles-Ange Ginésy, présent aux côtés de Didier Trigance, le loup est «un bel animal». Mais «Là où il est l’intrus il faut l’éliminer… il ne faut pas qu’il soit intrusif dans l’activité de l’homme… Je pense que Monsieur le Préfet va déclencher des tirs de prélévement sur notre territoire» a-t-il déclaré au micro de France Bleu Azur.

Reportage de France Bleu Azur chez Laurent Boulogne

- Des mesures de protection inefficaces

Depuis 20 ans, les systèmes de protections des troupeaux n’ont fait que se renforcer. Depuis 20 ans il est expérimenté des systèmes qui ont montré leurs limites voir même leur inefficacité à l’étranger bien avant d’être appliqué en France. Et encore aujourd’hui, certains font encore des expériences qui, parfois, relèvent du concours Lépine. Pourtant, le constat est clair: le nombre d’attaques et de prédations ne cessent de croître d’année en année. Tout aussi clair est le constat fait lors du séminaire du 4 juin dernier à Valdeblore organisé par le CERPAM et la Chambre d’Agriculture des Alpes-Maritimes: l’inefficacité de ces diverses mesures. Alors qu’attendons-nous?

- Incohérences et délires sur le nombre de loups

Le nombre de loups devient n’importe quoi. L’ONCFS et le principal d’entre eux, Eric Marboutin, chef de projet loup et lynx, sont empêtrés dans leurs contradictions quant à l’évaluation. On peut se gargariser et prétendre que la méthode française est la meilleure. Mais qui le dit? Un seul «expert» suédois, Olof Liberg, engagé par le gouvernement français via l'UICN. Cherchez l’erreur!

Le loup devient un enjeu d’existence carriériste mais en aucun cas un objectif écologique. Pire encore, des agents de l’ONCFS, sous couvert d’anonymat, n’hésitent pas à parler de 250 loups dans les Alpes-Maritimes alors que d’autres donnent le même chiffre pour la France. Par ailleurs, l’annonce régulière d’une reproduction de 20 à 30% par an ne colle pas plus avec la réalité qu’avec les chiffres officiels annoncés. Au-delà de ces polémiques de chiffres, une chose est certaine: prélever 24 loups, sans même justifier ce choix, sur l’ensemble de la France, apparaît totalement ridicule.

- Des écologistes en décalage avec la réalité

Les défenseurs de la «deep ecology», concept idéologique construit dans les années 1930 selon les pires préceptes régissant l’Europe à cette époque, plaçant l’animal devant l’homme, viennent de lancer une pétition au contenu militant/mensonger comme ils en ont l’habitude. C’est leur droit mais leur avis n’a aucun sens selon le principe de la directive habitats, dont ils se servent par ailleurs, puisque ce sont aux populations concernées de donner leur avis. Ce genre de militants, même si nous en trouvons dans des villages, sont assez peu nombreux à être au contact des réalités. Ils ont déjà engagé une procédure contre le Plan Loup. Pourquoi pas puisqu’il ne satisfait personne. Ce sera une occasion de le renforcer au profit des éleveurs. Mais, le problème étant le même dans tous les pays d’Europe concernés par le loup et l’ours, c’est sans doute la directive habitats qu’il faudra réviser. Ceci n'empêche pas des initiatives privées, plus ou moins téléguidées, concistant à développer des motions et pétitions de protestation dans des termes le plus souvent faux, erronés, mensongers et manipulateurs. C'est le cas d'une pétition en ligne sous le titre "Annulation de la nouvelle mesure d'abattage massif de loups". Pour ce qui est de l'abattage "massif", on croit rêver...

- Un arsenal juridique inemployé au profit de la biodiversité

Si le loup est une espèce protégée, curieusement il n’est pas et n’a jamais vraiment été une espèce menacée. Mais la volonté des militants de l’écologie profonde de voir les territoires de montagne s’ensauvager conduit à protéger le loup à tout prix y compris par des manipulations sur l’élaboration des listes rouges de l’UICN. L’absence de courage gouvernemental additionné au peu d’empressement des services de l’Etat à appliquer un plan par ailleurs contesté par tout le monde et la pression, voir même le chantage, des mouvements écologistes représentatif que d’eux-mêmes, et n’ayant qu’une vision idéologique de l’environnement sans exprimer un quelconque intérêt pour la biodiversité et le développement durable, font oublier des obligations légales qui s’imposent aux pouvoirs publics. Il s’agit notamment l’article 16-1c de la Directive Européenne "habitats" par ailleurs exhibée comme étant l’arme absolue des écologistes, l’article L 113-1 du Code Rural et l’ article L 111-1 du Code de la sécurité Publique pour ne citer que les plus importants. Conséquence de ce laxisme condamnable: départ des troupeaux et des bergers entrainant un ensauvagement des milieux et, par la même occasion, une perte définitive de biodiversité. Est-ce l’objectif?

Quant à la FAR (Fédération des Acteurs Ruraux), elle continue «d'affirmer que la responsabilité de l'état est pleine et entière dans la situation actuelle… en se faisant complice des mensonges de la section française de l’UICN». Elle va plus loin en affirmant que: «Monsieur Hollande est le complice et le commanditaire des attaques de loups sur les troupeaux, mais aussi du sabotage de l'élevage français...»

Faute d’être entendus, les éleveurs, qui font de la résistance pour rester au pays, devront-ils mettre le feu pour se débarrasser de ce prédateur fortement perturbateur en trop grand nombre sur un territoire où il ne peut être question de cohabitation sauf dans les contes pour enfants. Ne nous leurrons pas. A très court terme, la problématique concernant les éleveurs et les chasseurs deviendra aussi celle des randonneurs autour de la notion de «dérangement» de la faune sauvage inscrite dans la directive habitats. Des randonneurs en ont déjà fait les frais face au zèle de certains gardes de parcs nationaux.

La position du député UMP des Alpes-Maritimes Charles-Ange Ginésy (Radio France Bleu Azur du 25 juillet 2013)

Louis Dollo, le 25 juillet 2013

- Un troupeau de brebis attaqué par le loup à Villeneuve-d'Entraunes

Une nouvelle attaque de loup a eu lieu ce mardi 23 juillet au matin contre un troupeau de brebis sur les hauteurs de Villeneuve d'Entraunes, dans la haute vallée du Var. Neuf bêtes ont été tuées.

D'autres bêtes, dont le nombre n'est pas encore connu, ont été victimes d'un "dérochement". Autrement dit, ont sauté dans le vide.

Les constatations se déroulent sur place, ce mercredi matin. En présence de la gendarmerie, d'un agent de l'office nationale de la chasse et la faune sauvage, du conseiller général Charles-Ange Ginésy et de l'éleveur en charge du troupeau attaqué, Didier Trigance.

Ce dernier craint que le loup n'attaque "toutes les nuits", maintenant qu'il a "suivi le troupeau une première fois". Et l'affirme: "Le loup si je le croise, je le tire, même si je n'ai pas le droit. J'ai le fusil sur l'épaule. Je défend mon gagne-pain."

Ces dernières semaines, plusieurs attaques ont créé la polémique. Fin mai, après de nombreuses attaques de loups, les bergers avaient fait part de leur colère. Le préfet des Alpes-Maritimes avait alors autorisé les tirs de prélèvement. Une "mesurette", avaient dénoncé les éleveurs.

Interpellé sur le sujet, le préfet du Var, lui, avait déclaré rechercher des chasseurs "spécialisés en Amérique du Nord ou en Europe de l'Est".

Auteur: Amélie Maurette
Source: Nice Matin du 24 juillet 2013

- Extrait de l’article 16 de la Directive Européenne "Habitats"

1. À condition qu'il n'existe pas une autre solution satisfaisante et que la dérogation ne nuise pas au maintien, dans un état de conservation favorable, des populations des espèces concernées dans leur aire de répartition naturelle, les États membres peuvent déroger aux dispositions des articles 12, 13, 14 et de l'article 15 points a) et b):

a) dans l'intérêt de la protection de la faune et de la flore sauvages et de la conservation des habitats naturels;

b) pour prévenir des dommages importants notamment aux cultures, à l'élevage, aux forêts, aux pêcheries, aux eaux et à d'autres formes de propriété;

c) dans l'intérêt de la santé et de la sécurité publiques, ou pour d'autres raisons impératives d'intérêt public majeur, y compris de nature sociale ou économique, et pour des motifs qui comporteraient des conséquences bénéfiques primordiales pour l'environnement;