1797 Un vieux loup en crise de rage surpris par deux cultivateurs en Haute-Loire

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Le Professeur Jean-Marc Moriceau poursuit ses recherches d’historien sur le loup à travers les archives des départements de France. C’est en Haute-Loire qu’il a découvert ce témoignage et observation, de deux cultivateurs, d’un vieux loup en crise de rage en 1797. Si ces documents ne sont pas issus des départements les plus impactés par le loup en 2015, il est plus que probable que des témoignages similaires puissent y exister. Le loup est le même partout.

- Un vieux loup en crise de rage surpris par deux cultivateurs

«Lorsqu’il lui avait paru, il était couché dans l’eau et il salivait» (AN F10/478 - Haute-Loire, procès verbal du 20 brumaire an VI).

"Aujourd’hui 20e brumaire an VIe de la République (10 novembre 1797) sur les sept heures et demie du matin, se sont présentés devant moi, agent municipal de la commune de Chomelix, Claude Jourde et Joseph Ranchoux, cultivateurs, domiciliés à La Moulhiade, hameau de la commune de cette commune, lesquels m’ont requis mon transport audit lieu de La Moulhiade pour dresser procès-verbal et constater la destruction d’un loup qu’ils tuèrent hier (9 novembre 1797).

"Sur quoi et d’après leur réquisition je me suis transporté au hameau de La Moulliade et dans la maison dudit Jourde où étant, ils m’ont montré ledit loup, et m’ont dit qu’ils l’avaient tué hier sur les quatre heures du soir, qu’ils l’avaient rencontré en allant chercher du bois, que ledit loup si tôt qu’il les aperçut, s’était jeté après eux, et qu’heureusement après avoir longtemps combattu en criant au secours, ils l’avaient tué avec une cognée et un gros bâton. Et de suite ils le portaient audit lieu de La Moulhiade. Lequel loup on lui a coupé la tête en ma présence. Et après que plusieurs habitants l’ont eu examiné, ils ont dit qu’il pouvait être âgé de 11 à 12 ans et que c’était un mâle.

"Et de plus, sur l’attestation qui m’a été faite par Augustin Dufare, Marguerite Gallet et Antoine Missonier, tous trois domiciliés à Plagnet, commune de Félines, qui furent présents lorsque le loup fut tué, y étant accouru au bruit et aux cris que faisaient lesdits Jourde et Ranchoux qui étaient dévorés, m’ont attesté ainsi que plusieurs autres personnes que ledit loup était enragé, qu’ils l’avaient vu plusieurs fois se roulant dans l’eau. Et lesdits Ranchoux et Jourde m’ont aussi attesté que lorsqu’il lui avait paru, il était couché dans l’eau et qu’il salivait. De tout quoi, j’ai dressé le présent acte pour être envoyé à l’administration centrale avec la tête dudit loup pour avoir lesdits Jourde et Ranchoux la récompense que la loi leur accorde. Et leur ai délivré le présent procès-verbal que j’ai signé avec ledit Ranchoux seulement, tous les autres ayant déclarés être illiterés.
Signe: B. F. Darot, agent municipal et Ranchoux."