Plan loup 2013-2017 : les dés sont-ils pipés?

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A la veille de la présentation du Plan Loup demain 5 février aux membres du Groupe National Loup (GNL), aucun de ceux-ci n’ont été destinataire d’un exemplaire pour pouvoir en discuter. C’est d’ailleurs l’objet de la lettre de protestation du Président de l’association Eleveurs et Montagne. Il leur sera donc très probablement présenté un paquet cadeau parfaitement ficelé qui sera à prendre ou à laisser. La concertation n’étant pas à l’ordre du jour. C’est ce paquet cadeau qui sera présenté en consultation publique, exercice intellectuel qui ne servira à rien puisqu’aucun compte rendu ne sera officiellement établi comme ce fut le cas pour l’ours dans les Pyrénées en février 2011. La pérennité des conflits serait organisée que l’administration ne s’y prendrait pas mieux.

A l’issu du Groupe National Loup du 19 décembre 2012, il a été décidé d’envoyer aux membres du GNL une trame du futur Plan Loup afin que chacun puisse faire ses observations. «Trame» est le mot qui convient puisqu’ils ont reçu le 2 janvier un document "power point" de présentation très succinct, très épuré…

A la lecture de ce document, la première partie est étonnante dans la mesure où il existe déjà un rapport d’évaluation du plan 2008-2012. Pourquoi ne pas y faire référence tout simplement au lieu de tout réécrire? Il faut dire que ce rapport est assez étonnant et que la conclusion est loin de satisfaire les éleveurs confrontés à la prédation.

Nous pouvons y lire en conclusion:

«L’objectif de cette analyse statistique, pilotée par la DREAL Rhône­Alpes, visait à déterminer si une baisse sensible des attaques pouvait être constatée après la mise en œuvre des opérations. L’efficacité a été étudiée à différentes échelles géographiques (unités pastorales exploitées par l’éleveur bénéficiant du tir…»

Et on découvre comme dans une pochette surprise que:

«Ces deux conclusions combinées conduisent à considérer que la mise en œuvre de tirs de défense ou de prélèvement, même sans prélèvement effectif de loup, permet de faire cesser un phénomène de concentration d’attaques, mais l’analyse ne permet pas de mettre en évidence un effet allant au-delà du retour à la situation initiale, avant le phénomène de concentration d’attaques ayant pu justifier le déclenchement des opérations».

Il n’est pas certain que les éleveurs cherchent à limiter les concentrations mais plutôt à défendre leurs troupeaux….. Nous sommes assez loin de la réalité du terrain. Par ailleurs, cela ressemble à un constat justifiant que les tirs de prélèvement ne servent à rien. Et comme les tirs de prélèvement ne sont autorisés que si toutes les autres mesures de protection se sont avérées inefficaces, nous pouvons donc affirmer que ni les protections ni les tirs ne permettent de limiter la prédation puisque celle-ci n’a fait que croitre. Evidemment, rien de tel n’est dit. Nous sommes dans l’embrouille totale.

Puis le rapport se termine par un compte rendu des actions de communication et statistiques, ce qui, vous en conviendrait est d’un très grand intérêt pour celui qui voit ses bêtes se faire massacrer sans possibilité de se défendre.

A aucun moment, dans ce rapport d’évaluation, il n’y a une comparaison formelle entre les objectifs affichés en 2008 (faire diminuer la prédation) et les réalisations (le constat d’une augmentation conséquente de la prédation). Et surtout, il n’est pas dit que ce plan est un fiasco total. Normal, puisqu’aucun objectif n’a été atteint personne ne veut l’admettre afin de faire un, copier-coller pour 2013-2017 comme cela semble se dessiner. Il est donc préférable de faire un véritable délayage verbal pour noyer autant l’incohérence que l’incompétence des auteurs et plus généralement de l’administration en charge de ce dossier.

Le reste du « power point » n’est qu’une suite de propos sans intérêt qui ne permet pas de servir de base pour faire des propositions. D’ailleurs, en vertu de l’ article L113-1 du Code Rural, est-ce aux éleveurs de faire des propositions ou à l’état de le faire en vue de les discuter?

Selon l’article 7 de la Charte de l'environnement dont l'application a fait l'objet d'une loi complémentaire le 27 décembre 2012, le projet devrait déjà être rendu public pour que "tout le monde participe à son élaboration". Malgré nos demandes au président du GNL et aux deux ministères, nous constatons que rien n’est public. Les membres du GNL ont reçu une nouvelle trame dite "détaillée" le 25 janvier. Ils seront donc mis devant un fait accompli sans aucune discussion préalable. D'où une lettre de protestation de l'association Eleveurs et Montagnes. Nous ne pouvons que constater un déni de démocratie et un non-respect du Code de l’Environnementen matière d'information du public. Les éleveurs iront-ils jusqu’à engager une procédure contentieuse ou mieux encore, pénale, comme certains le suggèrent déjà.

Une évidence: rien n’est fait pour favoriser le dialogue et trouver des solutions. D’ailleurs est-ce recherché? Puisque dans le fond, le GNL n’est qu’une structure informelle sans aucune consistance juridique. Mais dans ce cas, nous voyons nettement les limites de la capacité de dialogue de l’administration: pratiquement nul.

La paix n’est pas prête de revenir dans les alpages de montagne des massifs français, des Alpes aux Vosges en passant par le Jura et le massif central. A moins que, comme dans les Pyrénées, des solutions efficaces soient trouvées..... Les parlementaires sont peut-être entrain de tout réécrire. Curieux qu'il n'y soit pas fait allusion.

Louis Dollo, le 4 février 2013