Loup: la colère monte dans les vallées, montagnes et campagnes - 2013

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Personne n’y prête attention, chacun est encore à son travail à garder les bêtes ou à faire la fenaison et pourtant… La colère, qui pourrait bien être sans précédent est en train de monter lentement mais surement face aux prédations de plus en plus insoutenables que subissent, pas seulement les éleveurs, mais aussi des particuliers non indemnisés. Et cette situation explosive ne concerne pas que els Alpes contre le loup ou les Pyrénées contre l’ours, ce sont aussi, les Vosges, le Jura, la Seine et Marne, les Ardennes, la Haute-Loire et tout le Massif Central, la Montagne Noire, etc…. A tel point qu’une première manifestation et une mobilisation générale aura lieu à Langogne en Lozère le 23 août et que l’association de Jean Lassalle, "Des Racines et des Hommes" lance un avertissement face au danger.

- Malgré les moyens, le massacre se poursuit

Nous l’avions vu au cours d’un séminaire organisé par le CERPAM sur la protection des troupeaux le 4 juin dernier à Valdeblore, les moyens mis en place depuis 20 ans sont inefficaces. Le loup sait s’adapter et les prédations sont globalement à la hausse tout en s’étendant sur d’autres secteurs comme le Massif Central jusque-là épargné. A l’accroissement des prédations, il y a accroissement des moyens mais jusqu’où?

- Quels autres moyens?

Le loup c’est le quotidien dans ces montagnes On se souvient que le 6 novembre 2010, Philippe Lemoine, le berger de la montagne de Céuze dans les Hautes-Alpes, au-dessus des falaises d’escalade, s’était retrouvé, avec son troupeau, en présence de 7 loups qu’il avait pu photographier. Cette année, il n’en a pas encore vu et il continue à entretenir l’estive que les grimpeurs découvrent en sortant des voies.

Françoise, en Savoie, n’en revient pas. «Un loup a attaqué à 300 mètres de moi. Les chiens à 200 m n’ont rien senti, il a profité du vent»… «Cette fois c’est décidé je passe mon permis et je demande des tirs de défense. Je ne vais pas le laisser me manger les agneaux».

Valérie, avec son père, dans les Alpes-Maritimes, a fait 7 km de clôture avec 5 fils électrifiés pour clôturer 140 ha d’estive. Et c’est efficace, un cerf y a laissé la vie. Système sophistiqué, avec une alerte téléphonique lorsqu’il y a une anomalie sur la clôture et bientôt… des caméras. «On va les surveiller les brebis…. La DDTM est venue contrôler si la clôture était aux normes. C’est bon, on va être subventionné, mais on s’en serait passé».

Chez Patrick, en Haute-Provence, la garde se fait armé jour et nuit le long du GR 6. «Les loups viennent à la cabane». Pire encore, plus bas, au hameau d’apparence tranquille, les loups y sont. Les enfants font du vélo sur le chemin le long de la maison… «Maman, il y a une bête qui nous regarde»…. Un peu plus loin, la jument est morte. Cherchez l’erreur

Chez Marie c’est encore autre chose. «Les loups sont dans le bois, les chiens sont en permanence excités. Les enfants d’un centre de vacances voulaient venir passer une nuit sous la tente, ce n’est pas possible entre les chiens et les loups, c’est trop dangereux»…. «Un de mes chiens de protection a été gravement blessé par les loups… et les gosses sous la tente…»

Des témoignages de ce genre, nous en rencontrons tout le long des chemins de randonnée pour celui qui prend la peine de discuter avec les bergers… quand ils ont le temps de discuter, car la surveillance est renforcée et ils sont souvent sur les nerfs, sans dormir. Et bien souvent la fatigue autant que l’exaspération conduit à des actes que personne ne souhaite à l’encontre de tiers ou à l’encontre de soi-même ou de la famille qui, elle aussi est victime.

- La colère et des soutiens…

Un élu national de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire, est venu dans les Alpes du sud en «mission exploratoire». Il a été servi. Des loups, il y en a partout. Celui qui n’a pas été touché devient presque suspect.

Le nouveau plan loup avec des tirs de défense assurés par les éleveurs, ne fait pas l’unanimité. Les estives deviennent le Far West. Beaucoup de monde est armé et ce n’est pas terminé. Tout ça pour tirer officiellement 24 loups. Ne rêvons pas! Soyons sérieux. A défaut d’armes, on clôture et adieu la liberté du randonneur. Encore que, arme et clôture ne sont pas incompatibles de même que les chiens de protection, si possible autre chose que des «Patous» qui sont inefficaces malgré les recommandations (mauvaises) qui sont faites (on les qualifie de chien «clairon» pour avertir mais pas pour défendre).

En Lozère, car il ne faut pas oublier la situation du Massif Central confronté aux mêmes problèmes, le plan loup est attaqué en justice. Dans les Alpes, la Fédération des Acteurs Ruraux, se prépare à la même démarche après un recours gracieux. Les écologistes ne sont pas contents car on tue des loups… Encore heureux selon les éleveurs qui trouvent qu’il n’en est pas assez tué et ils ont un argumentaires plus sérieux que les écologistes. D’ailleurs, une manifestation est organisée le 23 août à Langone pour en demander plus. Un début de colère dans la rue…

Les élus se déclarent aux côtés des éleveurs. Nobles déclarations qui se limitent à des paroles. Il faudra bien des actes un jour. Mais ça vient. Celui qui ouvre la voie est un berger. Un député berger venu du Béarn dans les Pyrénées, Jean Lassalle. Certains diront qu’il se distingue encore. En fait, se soutient est naturel contrairement à d’autres: une solidarité entre bergers mais aussi en qualité de président du Collectif National des Racines et des Hommes… «Protéger sans interdire», tel est le slogan de cette association.

- «Attention: Danger!! Le mythe de la douce France est terminé».

C’est ainsi que débute le tract de cette association présidée par Jean Lassalle, le député qui marche à la rencontre des français. Il est le résultat d’un travail collectif avec des femmes et filles d’éleveurs des Alpes du Sud…. «Nous sommes les guerrières» disent-elles, et elles sont décidées (1). Ce tract est l’expression de ce qu’elles vivent et ressentent au quotidien. La peur, l’inquiétude, le stress, la fatigue et surtout le risque. Risque pour soit avec le loup qui n’est pas si craintif que ce que disent les livres et autres penseurs de la deep écology, risque pour les autres avec les chiens de protection et surtout avec les armes. La chasse est ouverte 24h/24, 7 jours sur 7 et partout, sans prévenir comme pour une battue y compris le long des GR. D’où ce tract assez violent mais parfaitement réaliste: «Nous sommes donc constamment armés pour protéger nos troupeaux»… «Nos si chers pâturages sont devenus bien malgré nous le Far West». Et cette obligation pour survivre, pour sauvegarder leur outil de travail, ils le supportent difficilement. Autant d’élément qui ne font qu’amplifier la colère.

- Le pire est à craindre

Avec des bergers et éleveurs fatigués, dépressifs, stressés, tout est à craindre. La Mutualité Sociale Agricole l’a bien compris. A priori, pas l’Etat qui se décharge de ses responsabilités légales sur les éleveurs. Si aujourd’hui tout le monde est occupé à ses travaux agricoles, le relâchement, dans ce domaine, apparaîtra en octobre. Et c’est peut-être là que tout peut exploser…. Le 10 octobre à Nice, le procès d’un autre berger, Didier Trigance, excédé d’avoir été verbalement agressé chez lui par deux agents du Parc National du Mercantour. Mais le 10 octobre, c’est aussi une autre date remarquable sur laquelle nous reviendrons.

Louis Dollo, le 13 août 2013

(1) En Italie, où il existe les mêmes problèmes avec les ours et les loups contrairement aux affirmations mensongères écologistes, ce sont aussi des femmes qui mènent le combat.