Le loup, un vrai problème en Pologne 2005

Logo Facebook
Vous êtes ici: Accueil > Faune-Pyrenees > Loups > Europe > Pologne > 2005-02-09-Loup-Vrai-probleme-Pologne

Cet article de l’AFP nous résume clairement les problèmes liés au loup en Pologne. Exactement les mêmes qu’en France depuis que la chasse y est interdite bien avant l’entrée dans l’Union Européenne le 1er mai 2004. Ceci n’empêche pas les pouvoirs publics et les associations écologistes de nier la vérité et surtout de la cacher en laissant croire que tout se passe bien partout.

- Le grand méchant loup n'a plus peur de personne en Pologne

Depuis que la chasse aux loups a été interdite "notre vie est un cauchemar. L'an dernier, ils nous ont pris 26 moutons", se plaignent Grazyna et Antoni Dydak, couple d'éleveurs dans les monts boisés des Bieszczady, aux confins sud-est de la Pologne. "Ce carnassier est devenu vraiment audacieux. Il sort en plein jour. On a beau siffler, jeter des pétards, taper des pieds. Il recule un peu mais revient tout de suite. Et il attaque toujours nos plus belles bêtes", soupire Grazyna Dydak, propriétaire d'une des 40 fermes du village de Rabe, à quelques kilomètres de la frontière ukrainienne. Lorsqu'elle sort son troupeau de 150 moutons en été, Mme Dydak transporte en plus de tout cet attirail des jumelles pour surveiller et un grand bâton. Ses chiens, de très bons bergers, ne suffisent plus car ils sont devenus eux-mêmes la cible des loups.

Même "la vue d'un chasseur avec un fusil en main ne décourage plus les loups. L'homme a cessé d'être leur plus grand ennemi", ajoute Tadeusz Zajac, un garde-forestier de la région.

"C'est de la faute de Brigitte Bardot. Elle proteste en France, mais c'est nous, ici, qui en pâtissons", s'indigne Mme Dydak. Très énervée, elle fume une cigarette après l'autre.

Sous la pression de l'ancienne star et des mouvements écologistes, la Pologne a interdit la chasse au loup en 1998. Mais elle est toujours pratiquée en Ukraine et Slovaquie qui bordent des deux côtés la région sauvage des Bieszczady.

"Les Ukrainiens n'ont aucune pitié. Ils chassent même la louve pleine", déplore M. Zajac.

En Pologne, la chasse était auparavant strictement réglementée avec un quota annuel d'une vingtaine de loups.

"Les chasseurs en abattaient à peine trois ou cinq par an, tout au plus sept, car c'est une traque difficile", explique-t-il. Mais la région en profitait puisque "des Allemands, Français et Autrichiens était prêts à payer cher pour les chasser".

Depuis une trentaine d'années, M. Zajac surveille un territoire de 25.000 km2 où vivent quatre ou cinq meutes d'une dizaine de loups chacune.

"En huit ans, leur nombre n'a pas beaucoup augmenté, mais ils sont apparus dans des régions plus à l'ouest, où il n'y en avait plus".

Selon différentes statistiques, près de 800 loups vivent encore en Pologne dont 250 dans les Bieszczady. En hiver, quand les moutons sont enfermés, les loups s'en prennent aux chiens. 30 ont péri en 2004, selon des statistiques de la voïévodie de Rzeszow. Au total, 587 attaques ont été répertoriées l'an dernier contre 38 en 1999.

L'Etat a versé 87.000 € de dédommagements, contre 12.000 en 1999. Les agriculteurs ont perdu près de mille moutons, dix fois plus qu'en 1999, 33 vaches, 35 chèvres et 10 chevaux.

Les loups s'attaquent désormais aux grands animaux. "Une vache pleine au village de Bandrow a été éventrée en automne par une meute. Le vétérinaire n'a pu sauver ni la vache ni son petit", raconte Antoni Dydak.

Pour un mouton, l'éleveur reçoit 500 zlotys (125 EUR) de dédommagement. "Ca couvre à peine la moitié des pertes", explique le chef de l'association des éleveurs ovins Stanislaw Kuczyna. "Les Bieszczady, ce n'est ni Paris, ni Varsovie. Les gens ici n'ont pas d'autre travail".

Selon lui, à cause du loup, beaucoup d'agriculteurs ont renoncé à l'élevage. En dix ans, l'ovin à chuté de 30%. Résultat, l'abbatoir local de Lesko importe du mouton roumain.

"Nous sommes parfaitement conscients du problème", reconnaît Stefan Jakimiuk, écologiste de WWF Pologne. "Il faut apprendre aux éleveurs à protéger les troupeaux, financer des clôtures sous tension ou les équiper de fanions rouges qui dissuadent le loup".

"Installer des clôtures dans toute la région de Bieszczady, c'est de la folie!", rétorque M. Dydak, qui vient quand même d'en ériger une de deux mètres autour de sa ferme.

"L'idéal serait que la chasse reprenne. Si on ne nous aide pas, nous empoisonnerons les loups au cyanure", ajoute son épouse.

Source: AFP/Courrier international du 9 février 2005