«Ce samedi-là, au marché de Saint-Girons, l'agent
technique des eaux et forêts m'a signalé des attaques de
ruches dans le massif de la Bellongue où nous sommes une demi-douzaine
d'apiculteurs à avoir des ruchers. En ce moment les abeilles
finissent de butiner la bruyère. C'était le 13 septembre.
Je suis monté dans la soirée. Il pleuvait. Rien n'avait
bougé dans mon rucher. Le lendemain, un chercheur de champignons
me signalait que deux de mes ruches avaient valsé en contrebas
du talus ; leurs cadres se trouvant éparpillés sur la
piste forestière. Le lundi, un agent du suivi de l'ours de l'ONCFS
est venu constater les dégâts : deux ruches, dont une de
sélection, avaient été consommées. Des traces
de griffures ont été relevées ainsi que des empreintes
de pieds de pattes arrières. L'une mesurait 31 cm de large, l'autre
16,5 cm. On pense donc qu'il y avait deux ours : un adulte et un jeune.
»
Sachant que l'ours
est un gourmand qui revient sur les lieux de son crime, notre témoin
Christian Laffont, apiculteur, propriétaire de 500 ruches à
Castillon-en-Couserans, décide, « avant un nouvelle casse
de l'ours », de rapatrier son rucher transhumant de la Bellongue
vers Balaguer. Soit une soixantaine de ruches à déménager,
en deux cargaisons.
« Pendant
le premier chargement, j'entendais du bruit dans la hêtraie. J'ai
crié pour manifester ma présence et éloigner celle
des fauves que je soupçonnais. Une heure trois quarts plus tard
lorsque je suis revenu sur la Bellongue pour récupérer
mes dernières ruches, une troisième avait été
ouverte et son miel boulotté. J'ai donc eu, rétrospectivement,
la certitude que les ours étaient à côté
de moi au moment où j'effectuais mon premier chargement ».
« Tout
le monde, depuis, a déménagé ses ruches de la Bellongue
», confirme Gérard Dubuc, le maire de Saint-Lary, d'où
partent d'innombrables randos vers le massif de la Bellongue, dont un
célèbre sentier découverte très prisé
des familles.
On ne sait plus
de quel ours il s'agit !
Pour en revenir à l'ours coupable : « Bizarre ! s'accordent
à dire les deux hommes : on ne sait plus de quel(s) ours il s'agit
! On nous dit que Boutxy et Balou sont à l'infirmerie en haute
Ariège et du côté de Montségur. Le répondeur
du suivi de l'ours a répété à longueur d'été
que Hvala séjournait en val d'Aran. Paraît même qu'on
l'y nourrit pour qu'elle y reste
Ce qui pourrait bien être
vrai puisque notre estive voisine de l'Estrémaille, plusieurs
fois victime de Hvala l'été 2007, a connu cette année
un calme bien venu. Alors, quels sont les deux ours qui ont attaqué
mes ruches le 14 et le 15 septembre ? Et pourquoi ne laisse-t-on pas
les agents techniques de l'ONF qui nous alertent des attaques faire
les constats, en lieu et place de l'équipe de suivi de l'ours,
qui ne fait que repérer le plantigrade après ses attaques,
en se déplaçant à grands frais ? » s'interrogent
l'élu et l'apiculteur.
Auteur
: Bernadette Faget
Source : La
Dépêche du Midi du 12 octobre 2008