Le Pays Toy en insurrection

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Il fallait s'y attendre: le Pays Toy se rebelle. Nous pouvons les comprendre. Une visite d'un Ministre pour prendre la tension et donner l'impression d'une consultation. Car en fait, le Ministre a écouté mais n'a pas entendu. Et puis une décision qui tombe brutalement et qui va au-delà des suggestions de l'IPHB... sans que rien ne soit préparé pour accueillir le prédateur ancestral.
Les mêmes erreurs qu'en 1996. Mais cette fois, la réaction risque d'être plus brutale.

- Le Pays Toy se prépare à une insurrection

Serge Lepeltier, le ministre de l'écologie a tranché. Il devrait annoncer aujourd'hui l'introduction de huit ours slovènes dans les Pyrénées: huit femelles, six dans le Béarn, deux en Ariège. Après la disparition de l'ours Papillon, retrouvé mort le 25 juillet dernier à Chèze, celle de Canelle, abattue par un chasseur le 1er novembre dernier à Urdos, en Vallée d'Aspe, a suscité une vive polémique entre défenseurs de la réintroduction de l'ursidé et opposants farouches.
Serge Lepeltier s'était d'ailleurs rendu dans les Hautes-Pyrénées le 14 décembre dernier pour consulter les deux parties. Cette annonce de réintroduction qui intervient dans un contexte passionnel fait l'effet d'une bombe dans le milieu pastoral.
En effet, pour les éleveurs, la cohabitation est impossible. Ils se sont d'ailleurs largement fait entendre en organisant régulièrement des actions coups de poing tel que le blocage des routes d'accès aux stations ou des opérations escargots.
Hier, Bernard Moules, secrétaire départemental et régional de la fédération des exploitants agricoles, acceptait difficilement la nouvelle. "Je ne suis pas surpris de cette décision qui est la suite logique d'une pantomime de consultation qui a eu lieu la semaine dernière et qui n'a pas été entendue. J'y vois une atteinte à la dignité de tous ces paysans de montagne. On ne restera pas les bras croisés. Cette réintroduction est trop grave de conséquences pour l'agriculture et l'environnement. Il faut s'attendre à des réactions très dures. "Même exaspération chez Noël Fourtine, vice-président du Parc national des Pyrénées, membre de la chambre d'agriculture et maire d'Esterre." Nous allons mener des actions très dures, des commandos vont être organisés. Cette décision est lamentable. Notre secteur va, s'il le faut, devenir une seconde Corse."

- Commandos

Jacques Béhagues (UMP), conseiller général du canton de Luz-Saint-Sauveur reste prudent. "Je ne suis pas surpris de cette décision, on s'y attendait tous. Maintenant, il faut voir de quelle façon va se dérouler cette réintroduction et si des mesures spéciales, style "zonage", vont être prises par rapport à l'AOC Barèges-Gavarnie. Attendons de voir ces conditions avant de lancer des opérations dures qui toucheraient les activités touristiques du secteur comme ce fut le cas l'an dernier. Je suis solidaire des éleveurs dans cette affaire."
Et c'est au président lui-même que Jean Lassalle (UDF), député notamment des trois vallées béarnaises et président de l'institution patrimoniale du Haut-Béarn, lance un ultimatum. "Les bergers ne pourront pas admettre cette arrivée massive. Aux pleurs de l'ourson de Canelle, il faut considérer la complainte des hommes des montagnes, qui, un à un, sans dire un mot, sont devenus suspects et dangereux. [...] N'annoncez pas ce funeste plan qui ne ferait que la fierté de quelques-uns... Ne mettez pas en oeuvre ce qui ne sera pas accepté. Ce projet doit être un acte d'amour et non de haine!"

Claire Lagadic, Philippe Champion et Philippe Delvallée.
Article paru le 13/01/2005 dans la Dépêche du Midi