Ce programme ours est un viol des Pyrénées 2006

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Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantiques et président de l' Institution patrimoniale du Haut-Béarn (IPHB), instance qui avait en charge, par le passé, le suivi et la réintroduction de l'ours, critique ouvertement et de plus en plus durement la méthode du programme de lâchers de plantigrades mise en place par Nelly Olin, ministre de l'Ecologie.

- Que reprochez-vous au ministère de l'Ecologie?

"La situation est très grave et cela dépasse largement le problème de l'ours. Nous assistons au viol du massif pyrénéen par l'autorité centrale. Il faut remonter à plusieurs siècles, tous régimes confondus, pour assister à telle irresponsabilité.

- Qu'entendez-vous par irresponsabilité?

Il y a très longtemps qu'un Etat, sous prétexte de réunir sous son égide la majorité des citoyens, n'a sacrifié une partie aussi importante de sa population. Car lorsque je parle de viol, il s'agit également de tout un pan culturel et d'une appartenance à un territoire. Les Pyrénées sont un modèle de liberté dans un pays de liberté. Mais nous avons également notre indépendance d'esprit, qu'elle soit béarnaise, basque, catalane ou ariégeoise, il convient de la respecter. Ce que l'on constate actuellement, c'est une agression de l'Etat à l'égard de ces populations.

- Quelle est cette agression et quelles peuvent en être les conséquences?

Avec l'ours, par exemple, le débat et les conséquences que l'on connaît peut apparaître populaire. Mais si l'on poursuit cette démarche irresponsable, certains pourraient s'y habituer et d'autres aller plus loin dans leurs démarches. Il s'agit tout simplement d'un mépris affiché de l'Etat quant aux hommes et femmes des montagnes. Cela veut dire que l'on nous signale: "vous n'existez plus, on décide pour vous et sans vous et vous n'avez plus de poids sur votre territoire. On nous a traité d'ânes et d'imbéciles. En dehors de la critique vis-à-vis des hommes, cela m'a fait du mal pour nos ânes (NDLR: certains éleveurs pyrénéens tentent de relancer cette race depuis quelques années).

- Et au sujet de ces récents lâchers d'ours?

On a mobilisé quelque 300 hommes en armes servant parfois d'appeaux avec nos impôts. C'est indigne de notre pays. Cela correspond à certaines périodes des plus sombres de notre Histoire.

- Qu'entendez-vous faire pour faire entendre la voix des Pyrénéens?

Je demande la création d'une Commission d'enquête afin de déterminer la chaîne de décision qui à engendrer la situation actuelle. La Ministre était-elle seule à choisir?.. Quel est le poids des lobbies en ce domaine?.. On sait que Nicolas Hulot est proche du Président Chirac et qu'un impôt révolutionnaire est prélevé chez les plus grands pollueurs par les plus importantes associations écologistes sous prétexte qu'ils peuvent agir à leur guise sans réaction adverse. L'IPHB fonctionne avec des fonds publics... nous devons rendre des comptes. Mme Olin veut faire la lumière sur nos activités et moi aussi sur les siennes. J'entends savoir, via la Cour des comptes, comment on a utilisé l'argent du contribuable pour protéger l'ours depuis des années. Deux questions viennent à mon esprit. Avec les politiques successives, a-t-on sauvé l'homme, l'ours ou les deux?.. Dans le climat ambiant, parle-t-on réellement de l'ours?.. Combien d'argent pour tout cela.

- Vous avez, je crois, quelque chose à dire à propos de la disparition de l'ours réintroduit Balou?

On l'aurait recherché du Massif Central à la frontière espagnole. Selon d'autres sources, il aurait été abattu aux portes de Toulouse. Nelly Olin a précisé que si elle trouvait les responsables elle serait impitoyable.

Comme par hasard, la veille du jour où tous les élus pyrénéens se retrouvaient à Toulouse, vendredi dernier, Balou réapparaissait dans un rucher en Ariège... on dit n'importe quoi!.. Ce qui risque d'arriver c'est que certains, les plus désespérés malheureusement, commettent l'irréparable... à cause des caprices de Nelly Ollin à qui le Conseil d'Etat semble donner raison.

Auteur: Philippe Delvallée et Guillaume Atchouel
Source : La Dépêche du Midi du 28 juin 2006.