Le point sur les ours dans les Pyrénées en 2012

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Combien y a-t-il d’ours? Où sont-ils? Quels sont les dommages constatés? La DREAL Midi-Pyrénées vient d’apporter quelques réponses et précisions sur ce sujet sensible dans les Pyrénées alors que des associations environnementalistes tentent d’occuper le terrain par des déclarations sans preuves, des procédures contre la France et des analyses statistiques sans grand intérêt face aux faits vécus sur le terrain.

- Les dommages causés par les ours

La DREAL Midi-Pyrénées vient de publier un "Bilan des dommages d'ours sur le massif des Pyrénées 2012". Bilan manifestement provisoire puisqu’il est précisé que 56 dossiers doivent encore être traité en commission d’indemnisation (CIDO). Nous avons donc un bilan qui fait ressortir la destruction minimum de 272 victimes contre 176 l’an dernier sans atteindre les 319 de 2007, l’année record suivant les introductions de 2006. Ces données sont strictement franco-françaises et ne tiennent pas compte des prédations éventuelles qui se seraient produites en Espagne, notamment dans le Val d’Aran, où sont situés, de manière permanente, le maximum d’ours dans une zone où l’activité pastorale est nettement moins importantes que sur le versant français.

Il est également précisé que l’essentiel des prédations se situe en Ariège et Haute-Garonne (en fait sur 2 ou 3 communes de la Haute-Garonne sur le secteur de Melles), et plus précisément sur 11 estives du Couserans, à proximité de la frontière avec le Val d’Aran. L’autre partie essentielle des dommages provient d’un ours sur une estive des Hautes-Pyrénées située dans le Pays Toy au-dessus de Luz-Saint-Sauveur où il a été fait le constat qu’aucune mesure de protection n’a été efficace.
La DREAL précise: «Par ailleurs, il n'y a eu aucun dégât d'ours en 2012 sur les départements de l'Aude et des Pyrénées-Orientales». Peut-être faut-il expliquer à cette administration qu’il n’y a plus d’ours sur ces départements depuis quelque temps et que, apparemment, contrairement à certaines affirmations écologistes, les dégâts de chiens en divagation ne sont pas déclarés comme dégâts d’ours.

- Des prédations inacceptables

Les éleveurs n’acceptent pas ces prédations. «L’acceptation sociale» de l’ours n’est pas à l’ordre du jour même si ces prédations sont bien inférieures à celles de loups dans les Alpes (plus de 6.000 victimes en 2012). La consultation publique menée par le Préfet des Pyrénées-Atlantiques en février 2011 est là pour le prouver, de même que les derniers sondages publiés, même si les environnementalistes tentent de faire croire le contraire.

Les protecteurs de l’ours diront que 272 victimes sur 570.000 ovins, c’est négligeable et «acceptable». Même chose du côté des «amis des animaux» qui, curieusement, n’ont de considération pour les ovins, caprins et bovins qu’en termes de nourriture pour animaux sauvages. Leur positionnement est aussi très original puisqu’il n’imagine la souffrance et le traumatisme animal qu’une fois arrivé à l’abattoir mais jamais entre les griffes d’un ours ou les crocs d’un loup.

Le peu de prédations sur un cheptel global de plus de 600 000 bêtes ne doit pas nous faire oublier que, concentré en un lieu, sur une estive, sur un troupeau, cela peut avoir des conséquences graves sur les troupeaux atteints: conséquences économiques, sociales, humaines…. La MSA (Mutualité Sociale Agricole) ayant même mis en place une prestation gratuite d’aide psychologique pour les éleveurs concernés. Nier cet état de fait, comme c’est le cas depuis 30 ans dans les Pyrénées, c’est faire preuve d’un très profond mépris de l’humain.

- Le nombre d’ours…

Le nombre d’ours augmente lentement mais surement. L'évolution de la population d'ours montre une dynamique lente mais croissante, essentiellement concentrée sur le secteur Ariège-Haute-Garonne» nous dit la DREAL. Pour être plus précis, il faudrait y rajouter le Val d’Aran puisque la cartographie de l’espace occupé par les ours en fait état. Mais comme l’ours ne connait pas les frontières administratives il serait plus réaliste de raisonner globalement, France + Espagne, autant en nombre qu’en présence d’ours et de dommages imputés au plantigrade. Un raisonnement strictement franco-français n’a pas plus de sens ici que pour apprécier le niveau de vulnérabilité de l’espèce en Europe, autre sujet manifestement manipulé par l’UICN-France.

Lorsqu’une association comme l’ADET s’adonne à des supputations hasardeuses sur le nombre d’ours, nous ne pouvons qu’observer qu’il s’agit de sa part d’une nouvelle manipulation en vue d’exister. Pour l’heure, le seul organisme officiel en charge du sujet se contente d’écrire: «L'effectif minimum d'ours 2012 n'est pas encore connu à ce jour». Dont acte. Attendons le verdict. Mais déjà, nous pouvons noter qu’un rapport diffusé début 2012 par le Ministère de l’Ecologie de Catalogne mentionnait, en annonçant la naissance d’ourson, la présence d'une trentaine ours. Où est la vérité? Difficile d’apprécier. Par contre, une diminution du nombre d’ours serait de nature à faire condamner la France par l’Europe et à justifier de nouvelles importations d’ours. A l’heure actuelle, une condamnation de la France n’est pas vraiment garantie contrairement à ce que tente d’affirmer des associations écologistes comme l’ADET et FERUS.

"Il ne s'agit donc plus de 20 ours comme dans le rapport de l'ONCFS mais d'une trentaine et plus aucun de souche pyrénéenne"

Pour être encore plus précis, et la DREAL parle bien «d’effectif minimum», les chiffres avancés sont ceux d’animaux observés visuellement ou à partir de l’analyse d’indices tels que les poils et excréments. Il est difficile d’apprécier le nombre d’ours non observés ou disparus, pas nécessairement du fait de braconnage ou empoisonnement mais surtout de faits naturels comme pour tout être vivant qui nait et meurt.

- Où sont les ours?

Une carte diffusée par la DREAL Midi-Pyrénées sur des bases quinquennales donne une idée de l’espace de présence permanent ou occasionnel. Il est surprenant de voir une femelle se balader entre Pont de Suert et Bénaque. Il y a déjà plusieurs années, un ours avait été observé dans ce secteur mais n’en est jamais revenu. En sera-t-il de même pour celle-ci?

Si aujourd’hui il n’y a plus qu’un mâle en Béarn, l’autre étant en Bigorre (Hautes-Pyrénées) pour la population ouest, et sans la possibilité de se reproduire en l’absence de femelles, la responsabilité de cette situation en incombe totalement à l’ADET et FERUS qui sont les deux associations responsables des introductions de 1996 et 1997. A cette époque, il existait encore une population d’ours DES Pyrénées en Béarn qu’il était convenu de renforcer par un apport de «sang neuf» comme le disait Jean Lassalle. Mais au lieu d’assurer le renforcement de la population existante, les deux associations ont préféré créer un nouveau noyau d’ours, avec des slovènes, dans un secteur où il n’existait plus d’ours depuis longtemps. Cette manipulation a été menée avec la complicité active de Gilbert Simon alors Directeur de la Nature et des paysages au Ministère de l’écologie avant qu’il ne devienne, curieusement, vice-président puis président de FERUS sans parler de la présidence de la commission scientifique du WWF-France très proche de l’UICN. Que François Arcangéli, maire d’Arbas (commune qui n’a connu l’ours qu’à l’occasion de lâchers médiatiques), conseiller régional mais surtout Président de l’ADET vienne donner une leçon de morale écologique à toutes les Pyrénées et qualifier les propos de Jacques Béhague, Conseiller Général du canton de Luz, de diffamatoire ne manque d’un certain culot. Le fait est aujourd’hui établi, et Jacques Béhague ne s’y trompe pas, que tout ce petit monde de l’écologie a manipulé beaucoup de choses et beaucoup de monde comme l’explique David Chétrit dans son ouvrage "Ours: l’histoire d’une manipulation" (Ed. Privat)

Face à une telle situation, conséquence de vastes manœuvres écolo-ministérielles, la question concernant ces ours exogènes parachutés dans les Pyrénées n’est peut-être plus de savoir si la France les protège bien ou mal mais de savoir s’ils ont vocation à rester dans les Pyrénées, dans quel but et dans quelles conditions.

- Le pastoralisme: une activité économique et écologique à part entière

Pour ce qui concerne la France, la DREAL précise que: «le pastoralisme concerne sur les trois régions et les six départements 6.000 exploitations pastorales, 1.290 estives, 100.000 bovins, 570.000 ovins et 14.000 équins. Les estives couvrent une surface de 550.000 hectares dont 70% sont situées en zone Natura 2000». Cette précision fait ressortir que:

Il est reconnu aujourd’hui le rôle majeur du pastoralisme pour le maintien de la biodiversité pyrénéenne existante depuis des millénaires grâce à l’action conjointe de l’homme et de ses bêtes. Ce sont eux qui font la richesse des paysages que nous connaissons tout autant que la diversité biologique de la flore et des animaux. Pour le site Pyrénées-Mont-Perdu classé au Patrimoine Mondial, l’UNESCO ne s’y trompe pas. Le projet présenté par l’Etat pour la protection de cet espace met en avant l’aspect pastoral des deux côtés de la frontière et les échanges dans les parcours traditionnels des animaux d’élevage, bovins, équins et ovins.

Dans cet ensemble, l’ours n’est qu’un tout petit aspect de la biodiversité dont la présence n’est pas indispensable à la vie des autres espèces. Mais est-ce qu’importer des ours de Slovénie ou d’ailleurs c’est défendre et développer la biodiversité pyrénéenne? Il semble bien que non. Est-il vraiment raisonnable de conserver ces ours, sources de conflits au détriment d’une activité véritable point fort du développement de cette biodiversité pyrénéenne déjà remarquable (Natura 2000). Ce sera sans doute au Comité de Massif de répondre dans le cadre de l’élaboration de la stratégie pyrénéenne de valorisation de la biodiversité. Attendons la suite et la décision des élus dans ce domaine, l’avis des associations environnementalistes étant devenu accessoire et d’un intérêt très marginal.

Louis Dollo, le 26 février 2013