Sauver l’ours des Pyrénées? Une escroquerie, un alibi pour gogos volontaires - 2010

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Toute la réflexion sur les introductions d'ours dans les Pyrénées s'est faite sur des bases mensongères et à partir d'une vaste manipulation. Une escroquerie où l'ours n'est qu'un alibi

19 heures, journal de FR3 Midi Pyrénées, dimanche 31 octobre 2010:
interrogé sur la mort de Camille, le dernier ours autochtone pyrénéen, M. Arcangeli, président de l’ADET et Conseiller Régional, ne trouve qu’à souligner le caractère «symbolique» de cette disparition qui ne l’émeut guère.

Pour celles et ceux qui croiraient encore que l’objectif d’abord de l’Europe et de l’Etat français, ensuite de l’ADET et associations similaires, était de sauver l’ours des Pyrénées, l’attitude est révélatrice. Elle relève totalement de ce que le FAPAS (Fond asturien pour la protection de la faune sauvage), le premier à annoncer l’événement, appelle dans son avis de décès de Camille:
«peut-être la plus grande escroquerie commise quant à la conservation de la biodiversité en Europe».
(voir Le FAPAS et la fin définitive de l'ours des Pyrénées en 2010 et l'avis des experts en 1995)

Sauver effectivement cet ours, ou plutôt ses gênes, en permettant qu’il se reproduise avec des femelles venues d’ailleurs, fut pendant longtemps l’objectif exhibé pour «justifier» les importations d’ours slovènes. Exhibé, car, en fait déjà, dès 1994, en choisissant d’introduire dans les Pyrénées Centrales, les responsables de ce programme savaient bien que ces ours n’avaient aucune chance d’y croiser quelque ours pyrénéen que ce soit. C’est ce qu’écrivait le 18 mai de cette année Gilbert Simon, alors Directeur de la Nature et des Paysages au Ministère de l’Environnement, dans un courrier officiel en réponse au Docteur Lang qui s’inquiétait des possibles problèmes liés à ces importations:

«De toute manière, dans les Pyrénées Centrales il n’y a plus d’ours: nous ne craignons donc plus, hélas, ni consanguinité, ni incompatibilités génétiques ou morphologiques, ni propagation d’épizooties dans la population ursine indigène!» (Source:Archives Nationales comme tous les autres courriers cités ci dessous).

En fait, dans le processus d’introduction d’ours slovènes dans les Pyrénées Centrales, deux volontés différentes ont joué au chat et à la souris, au petit jeu de qui bernerait l’autre: l’ADET d’une part, M. Simon de l’autre. Comme le rappelle le FAPAS dans son communiqué, il s’agissait, d’un côté du jeu de poker menteur, d’une opération qui n’avait rien à voir avec le biologie de l’espèce:

«il est impossible de masquer le fait que la réintroduction dans les Pyrénées d’ours provenant de Slovénie obéissait en son temps à une stratégie planifiée par les organisations françaises de tourisme, qui prétendaient l’utiliser pour une campagne de promotion. C’est la raison pour laquelle le biologiste nord américain, Tony Clevenger, avait refusé de diriger ce projet de réintroduction le considérant comme une escroquerie: l’objectif en effet, une fois les ours relâchés, était de les enfermer dans une réserve clôturée où ils seraient utilisés comme produits d’appel touristique»
(voir ce communiqué et lettre de démission de Tony Clevenger)

L’ADET fut créée à cet effet par M. Rigoni, maire de Melles où les premiers ours seraient importés en 1996:
le maire persuadé d’avoir ainsi trouvé une vache à lait touristique … qui en fait n’est jamais venue!
En 1998 Le maire de Melles exprime son mécontentement de la réintroduction de l'Ours dans les Pyrénées
En effet, de l’autre côté du jeu de poker menteur, M. Simon et autres représentants de l’Etat, l’objectif était tout autre.
Dès 1991, M. Simon, alors simple conseiller technique, dans un rapport au Directeur de Cabinet du Ministère, rendait compte d’une visite à Melles, où la manipulation était clairement revendiquée, côté pile (l’objectif réel) et côté face (l’alibi d’un relais local instrumentalisé):

L’escroquerie dont fait état le communiqué du FAPAS était d’abord un jeu de poker menteur où aussi bien l’ours pyrénéen que l’ADET n’étaient que des pseudo partenaires pour une règle du jeu totalement manipulée par les représentants de l’Etat. Mais cet aspect de l’escroquerie, le FAPAS «oublie» d’en parler. Reprenons les informations des courriers cités:

Dans ce dernier courrier cité, une note au crayon en marge suffirait pour conclure: le courrier souligne au second § qu’il existe toujours «une forte opposition locale à la présence de l’ours et à tout ce que cette présence implique»; la note marginale remet les pendules à l’heure: «est-ce à la présence de l’ours ou a la politique menée pour sa protection …». Bonne question!

L’indifférence de M. Arcangeli à la disparition du dernier véritable ours pyrénéen, n’est jamais que la suite de ce poker menteur où l’enjeu ce n’est pas cet ours, pas ce qui aurait pu en être sauvé au moins a minima (un patrimoine génétique), mais tout autre chose: ce «programme lourd» dont on sait que pour atteindre une population  naturellement viable, il ne supposerait pas du tout simplement une cinquantaine d’ours sur la chaine, comme l’écrivent Ferus et l’Adet, mais des centaines d’ours sur des milliers de km2 comme l’analysent tous les spécialistes, notamment espagnols.

Sous l’apparence affichée» d’un développement économique local où les «partenaires» étaient des gogos, mais gogos volontaires il faut le rappeler, ce véritable objectif d’ensauvagement du massif était non pas prévu mais, pire, déjà présenté comme une réalité dans le premier programme européen concernant l’ours. Intitulé «Première phase d’un programme de conservation des vertébrés des Pyrénées», ce programme en 1993 décrivait ainsi le massif:
«Jusqu’à il y a peu encore région isolée et inaccessible» …

C’est à transformer en réalité cette description qu’ont travaillé et que travaillent ceux qui, sous couvert de sauver un ours pyrénéen dont tous en réalité se moquaient, participèrent et participent encore à ce qui, le FAPAS a encore plus raison qu’il ne le croit, est vraiment une escroquerie, une gigantesque supercherie.

Remerciements: Je remercie Madé Maylin de m’avoir permis de consulter son dépouillement des Archives Nationales

Par Bruno Besche-Commenge, sociolinguiste - novembre 2010