Réserve Naturelle du Pibeste: Site d'escalade - Petit cours d'histoire

Logo Facebook
Vous êtes ici: Accueil > Parcs-Reserves-Pyrenees > France > Reserves > Pibeste >

On est parfois surpris et pris de cours lorsque des interdictions d'escalade interviennent. Par contre lorsque la FFME dispose de tous les atouts pour imposer la possibilité de grimper toute l'année et de développer un site, il semble curieux, pour ne pas dire révoltant de découvrir une interdiction de grimper certains mois de l'année. C'est le cas sur le site naturel d'escalade du Pibeste dans les Hautes-Pyrénées.

- Que se passe-t-il réellement?

- Un peu d'histoire pour mieux comprendre.

En 1987 lorsque la FFM régle ses problémes avec la FFE pour adoper de nouveaux statuts en harmonie avec la loi du 16 juillet 1984 et accouche aux forceps de la FFME, un Comité Départemental (CD) voit le jour dans les Hautes-Pyrénées.

Parallèlement, il est créé à Agos Vidalos un club d'escalade, les "Grimpeurs Pibeste Chaud" essentiellement composé de professionnels de la montagne (Guides de Haute Montagne) de la vallée et affiliés à aucune fédération sportive. Cette association annimée à l'époque par Pierre Canivenq obtient une forte subvention pour équiper trois secteurs de la falaise du vallon d'Ambat et éditer un topo aujourd'hui épuisé. Par la même occasion, et sans consultation de la FFME, il est pris un arrêté municipal le 18 mars 1988 fixant les conditions d'accès au site, suite à une tractation avec les chasseurs.

- Les Chasseurs

Jusque vers 1996, la chasse au sanglier (principal gibier chassé dans ce vallon) pouvait se faire "en poste" pratiquement tous les jours (ou presque) plusieurs mois de l'année. A partir de 1997, la chasse au sanglier "en poste" est interdite. Seule la chasse "en battue" est autorisée 3 jours dans la semaine (mercredi, samedi et dimanche) durant une période de l'année. Le souci légitime des chasseurs était d'éviter les accidents possibles à l'égard des grimpeurs, ne serait-ce que par ricochet des chevrotines utilisées. La curiosité de la démarche consistait à avoir une très forte imagination pour considérer que:

Vers 1995 est créé la Réserve Volontaire du Pibeste au Col d'Andorre (1) dans laquelle se trouve inclus le site d'escalade. Le réglement de cette réserve volontaire prévoit deux points importants:
1/ Le maintien des activités de loisir existantes y compris l'escalade.
2/ Le Comité Départemental FFME est membre du Comité de suivi de la Réserve, ce qui constituait une première reconnaissance officielle de la fédération comme interlocuteur.

Début 1996, le Conseil Municipal d'Agos-Vidalos a tenté d'interdir l'escalade en invoquant tour à tour des motifs surprenants tel que:
1/ La chasse, bien sûr, avec les risques que les grimpeurs prenaient à certaines périodes (selon la rumeur certains se seraient fait tirer dessus sur la falaise, mais nous ne disposons pas de preuves). L'argument ne tenait pas puisque les battues pouvaient être prévues à l'avance et ne se faisaient pas tous les jours et même pas toutes les semaines. Et puis que se passait-il pour les autres activités?
2/ La protection de la nature à la base de la création de la réserve. Vu sous cet aspect, nous étions totalement pour mais:

Sur ce dernier point, une prospection avait été faite sur Ouzous mais sans résultat intéressant.

Bien entendu, aucun des autres points n'étaient acceptable par le Conseil Municipal essenciellement composé de chasseurs.

Suite à plusieurs entretiens, par lettre du 13 juin 1996, le Comité Départemental FFME, présidé à cet époque par Pierre Dollo, demande au Maire d'Agos-Vidalos l'abrogation de l'arrêté du 18 mars 1988. Il n'y eut aucune réponse. Le 9 octobre le Comité Départemental envoie une nouvelle lettre au Maire d'Agos-Vidalos faisant part des constats suivants:

1/ pas de réponse à la lettre du 13 juin 1996
2/ que l'arrêté du 18 mars 1988 n'a jamais été réellement appliqué par les grimpeurs
3/ que cet arrêté n'a jamais été motivé et que son texte n'exprime aucun motif
4/ que cet arrêté ne trouve à ce moment, en 1996, aucune justification
5/ que cet arrêté d'interdiction d'une partie de la commune est exclusivement dirigé contre une seule catégorie de population et d'usager du site, remettant ainsi en cause le principe d'égalité des usagers
6/ qu'il n'existe aucun motif de sécurité ou d'ordre public justifiant cet arrêté
7/ que l'arrêté n'est pas justifié par un motif de protection de la flore ou de la faune et qu'en tout état de cause un tel arrêté serait à prendre par le Préfet et non par le Maire (Article R.211-12 du Code Rural).

Dans le même temps, le Président du CD-FFME de l'époque a saisi tous les élus politiques de la vallée et du département, les administrations concernées, les services de l'état (en particulier la DDJS) ainsi que la Fédération Départementale de la Chasse.

La FFME a reçu le soutien de toutes les personnes sollicitées sans exception, et le plus souvent pas écrit (donc un engagement politique clair) y compris de la part de Monsieur Senmartin, Président de la Fédération Départementale de la Chasse qui avouait son peu d'influence sur une société de chasse dont il ne comprenait pas trés bien le comportement face à l'escalade.

Néanmoins, nous n'avions pas encore obtenu de rendez-vous officiel même s'il existait des discussions informelles et diffuses. Il a falu en dernier ressort que Daniel Taupin, alors Président du COSIROC envoie une lettre au Préfet et que nous menacions d'une manifestation avec blocage de la route des stations de ski le premier jours des vacances scolaires de Noël.

La réaction ne s'est pas faite trop attendre. Une entrevue avec le Maire et plusieurs Conseillers Municipaux a été organisée. Elle a débouché sur le texte d'un arrêté municipal pris le 30 janvier 1997 aprés avis (et forte participation) de Madame Azam-Pradeilles alors Sous-Préfet d'Argeles-Gazost.(1)

- Un projet

En contre partie de cet arrêté, il avait été décidé:

1/ L'abandon de l'escalade à la grotte de Labay et son déséquipement. Ce qui fut fait (encore que, aprés réflexion, certains élus le regrettaient).
2/ Le rééquipement de la "Porte des Gaves" aprés travaux de l'autoroute afin de créer un attrait touristique et une sensibilisation aux sports et activités de la vallée - Ca reste à faire au 28 juillet 2001 et toujours pas fait en 2012. Le site n'intéressant plus personne comme de nombreux autres petits sites.
3/ L'équipement d'une zone d'initiation hors réserve afin de limiter le nombre de personnes, et en particulier les groupes d'enfants, à l'intérieur de la réserve.(non encore fait)
4/ La rédaction d'un projet d'aménagement et de ré-équipement du site.

Le dernier point fut réalisé au cours du printemps 1998 par l'ancienne équipe dirigeante du CD-FFME avec l'intervention de Béatrice Brenger qui a bénéficié de 2 mois saisonniers payés par la DDJS et Dominique Brenguer, BE d'escalade, qui est intervenu bénévolement. Ce rapport faisait l'inventaire du site et de ses possibilités et proposait:

1/ un devis des travaux à réaliser sur 2 ans afin d'étaler la fréquentation nouvelle
2/ une suggestion d'arrêté municipal
3/ une proposition de perspective d'avenir prenant en compte un développement global de l'escalade à partir des SNE du Pic du Jer, du Col d'Hech, Bois de Lourdes, Saint Pe, etc...

Un avis avait été donné par le PNP à titre d'expert consulté à la suite duquel une modification avait été envoyé à tous les intéressés le 29 avril 1998

Ce rapport est en principe consultable au CD-FFME et à la DDJS 65. [Ndr: En 2012, ce rapport est totalement perdu de vue et ne pourra sans plus jamais être produit... Encore du travail et de l'argent pour rien]

Dans le même temps, il a été établi un projet de "schéma départemental d'équipement des SNE des Hautes-Pyrénées". [Ndr: Ce qui conduira début des années 2000 à un plan d'équipement sous la pression de la DDJS 65 pour des raisons strictement politiques de promotion professionnelle d'une personne et aboutira à la liquidation judiciaire du CD 65 - FFME en 2004]

- La situation actuelle

Des changements sont intervenus dans la direction du Comité Départemental FFME des Hautes-Pyrénées en particulier à partir de fin 1998. Depuis l'automne 1999, sur tous les chemins d'accés au Pibeste de la Commune d'Agos-Vidalos, un seul arrêté municipal est affiché: celui du 18 mars 1988.

A la date du 28 juillet 2001, c'est toujours celui de 1988 qui est affiché.

- Questions:

Qu'est devenu l'arrêté du 30 janvier 1997?

Quel rôle joue aujourd'hui la Comité Départemental FFME et quel est son crédit?
Cinq ans de travail dans l'intérêt des grimpeurs ont ils été anéantis en quelques mois?

Qui défend les intérêts des grimpeurs aujourd'hui?

Quel est l'avenir de ce site?

A la derniére AG du CD 65-FFME (janvier 2001), le Président a présenté un plan départemental d'équipement et de ré-équipement des SNE (Sites Naturels d'Escalade). Où en est ce plan?

Actuellement quelques voies ont été rééquipées et semblent satisfaire les grimpeurs. Souhaitons qu'elles soient toutes ré-équipées mais pour une activité et un usage annuel. Il ne semble pas qu'il y ait un changement quant à l'ambiguité de la réglementation dont la valeur juridique reste discutable.

- Epilogue:

A fin juin 2002 une convention aurait été signé entre la FFME et la mairie d'Agos-Vidalos. Mais la superposition des arrêtés municipaux qui fait que nous ne savons plus lequel est applicable semble bien toujours exister. En 2004, liquidation judiciaire du Comité Départemental FFME des Hautes-Pyrénées. La convention devient caduque. Confirmation par une dénonciation début 2012 par le nouveau Président du CD 65 - FFME. Quelle esr la situation juridique du grimpeur? Quelles responsabilités? Quels risques?
Néanmoins, un fait sur le terrain: l'escalade est possible toute l'année.

Louis Dollo, novembre 2001 - MJ le 10 octobre 2012

(1) - La réserve volontaire du Pibeste est devenue Réserve Régionale en 2012