La neige de culture n'est pas le plus polluant des stations de ski

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Le Développement durable avant tout

Certaines associations de protection de l'environnement pointent régulièrement du doigt la neige de culture produite dans les stations de ski. Selon elles, cette neige qui n’a rien d’artificielle, serait un facteur de pollution. Parmi les autres reproches, il y a également un prétendu excès de consommation d'eau et d’énergie. Bref ! Une fois de plus, il faut bien que ces associations confortent leur fonds de commerce pour exister.

Contrairement aux affirmations idéologiques de certaines associations dites « de protection de l’environnement », la production de neige de culture pour les stations de ski ne requiert aucun élément additif polluant. La neige produite est tout simplement de l’eau refroidie.

Aucun adjuvant dans la neige. La neige de culture, c’est de l’eau, de l’air et c’est tout ! Depuis le début des années 2000, les techniques ont évolué. Dommage que les environnementalistes restent sur un concept idéologique vieux de plus de 10 ans.

L’eau consommée ne manque à personne. Eau de ruissellement collectée notamment à l’automne et au printemps, serait de toute manière partie à la mer sans servir à personne au cours de son voyage. L’eau des barrages hydroélectriques existant ne perturbe rien ni personne et surtout pas les écosystèmes. La neige produite lorsqu’il manque un enneigement naturel constitue une réserve d’eau pour les nappes phréatiques le jour de la fonte et le trop-plein retrouve les torrents naturels. Où est la perturbation écologique?

La fondation Mountain Riders a mis en évidence que la production de neige a un impact négligeable sur l'environnement comparé au déplacement des touristes à travers le bilan carbone de 10 stations. Et que dire des stations qui n'ont pas de station d'épuration des eaux usées aux normes ou suffisante pour répondre aux pics de fréquentation?

Dans tous les cas, il faut faire des choix, tendre vers le mieux et le plus acceptable pour répondre aux exigences environnementales, sociales et économiques. C'est ce qui s'appelle le développement durable. C’est sans doute cette démarche réaliste qu’il manque à la réflexion écologiste qui se limite bien souvent à une vision du monde arrêté au Moyen-Âge.

- La montagne n'aime pas les pics

Les canons à neige ont bon dos... Dans la bouche d'un patron de station de ski, la phrase ferait sourire: on ne scie pas le tire-fesses qui vous monte au sommet! Mais dans celle de Laurent Burget, directeur de l'association Mountain Riders, spécialiste du développement durable en montagne, elle laisse dubitatif.

Et pourtant. Un bilan carbone, réalisé dans 10 stations de ski parmi les 100 plus importantes de France, révèle que la neige de culture - transformation d'eau en poudreuse quand l'enneigement n'est pas suffisant - représente une part marginale de la facture écologique des stations de montagne.

"Les activités directement liées à la pratique du ski comme les remontées mécaniques, le travail de damage ou la neige de culture pèsent à peine pour 2% des émissions de gaz à effet de serre d'une station", explique Laurent Burget. Bien loin du coût de transport des touristes (57 %) ou de l'énergie consommée par les bâtiments (27 %).

Malgré tout, le développement durable de la montagne ne passe pas uniquement par la réduction de son impact sur le climat. La gestion de l'eau reste un réel problème pour beaucoup de stations. Plus de 30 % d'entre elles n'ont pas de traitement des eaux adapté pour la haute saison comme à Noël ou pendant les vacances de février. Certaines souffrent même de stress hydrique faute de cours d'eau ou de barrages à proximité. Faut-il pour autant construire des stations d'épuration pour des pics de consommation d'à peine quelques semaines? Le problème paraît insoluble sauf à modifier les usages des vacanciers. Une seule chose pourrait, à terme, mettre tout le monde d'accord. La hausse des températures depuis quarante ans dans les massifs français menace la survie économique d'une centaine de stations. Les canons à neige, si peu nocifs soient-ils, ne servent à rien par grand doux.

Auteur: Christophe Diré
Source: Le Figaro du 26 février 2010

- Sports d'hiver: "Le développement durable est devenu un critère de choix"

Stewart Sheppard est en charge, au sein de la Fondation Moutain Riders pour le développement durable en montagne, de l'écoguide des stations de montagne publié chaque année. Il revient, pour lesechos.fr, sur les enjeux du développement durable pour les stations de ski.

Pourquoi avoir créé un guide qui détaille les efforts des stations de ski en matière de développement durable
Au départ, notre mission, au sein de la Fondation Moutain Riders, était simplement de nettoyer les stations de ski de leurs déchets après chaque saison. Nous avons été progressivement confrontés à des questions posées par des touristes comme des professionnels, sur le respect de l'environnement et le développement durable. Cet éco-guide est né pour répondre à ces interrogations.

Depuis sa création en 2006, chaque année nous travaillons avec des universitaires, avec les entreprises qui gèrent les remontées mécaniques, avec le milieu de la montagne dans son ensemble, pour décider des 40 critères qui seront retenus pour mesurer les efforts des stations de ski en matière de développement durable. Le questionnaire est ensuite mis en ligne, à disposition de 200 ou 300 stations, qui sont libres d'y répondre ou pas. Il n'y a pas d'autre critère d'entrée dans ce guide que de répondre à des questions objectives sur les équipements, les transports...

Les stations de ski jouent-elles le jeu?
Elles sont de plus en plus nombreuses à le faire. Nous sommes passés de 45 stations évaluées dans le premier guide à 96 cette année. Les professionnels ont pris conscience de l'importance des problématiques environnementales. Par ailleurs, le choix du développement durable fait par une station est un argument que les consommateurs commencent à prendre en compte au moment du choix de leur destination. Cette information commence d'ailleurs à être mise à disposition des clients sur les sites internet de certains tour-opérateurs. Mais attention, notre éco-guide n'est pas à confondre avec un label. Nous informons, c'est tout. Nous nous sommes appliqués à définir ce qu'est le développement durable en montagne et nous essayons de donner les informations les plus objectives possibles sur chaque point qui le constitue.

Constatez-vous davantage d'efforts des stations en matière de développement durable?
Il y a eu un progrès indéniable. Certaines ont mis en place le tri des déchets, d'autres des systèmes de transport qui réduisent leur impact carbone. Par ailleurs, de plus en plus de stations emploient une personne dédiée aux problématiques de qualité, de sécurité mais aussi d'environnement. Evidemment, il est difficile de comparer toutes les mesures prises puisqu'on parle de stations qui sont très différentes. Cela va de Tignes, ouverte toute l'année et qui compte 30.000 lits, à des stations-village ouvertes trois mois par an seulement. Elles n'ont ni les mêmes problématiques, ni les mêmes moyens financiers. Mais l'important, c'est que chacun mette en place un plan qui lui correspond et qui ressemble à la station qu'il veut créer...

Pourquoi ne pas publier un classement des stations les plus "vertueuses"?
Nous ne les classons pas car il est aujourd'hui difficile de dire qu'une station qui utilise 100% d'énergies renouvelables est meilleure que celle qui a une station d' épuration aux normes, ou qu'une autre qui met à disposition des moyens de transports collectifs. Nous ne voulons pas désigner "le" critère le plus important, ce serait un choix politique. En outre, nous préférons avoir une communication positive plutôt que de pointer du doigt les moins bons. Notre message est le suivant: le ski a un impact important sur la montagne mais il est possible de le réduire, et nous souhaitons aider les stations à aller dans ce sens

Propos recueillis par Caroline Boudet, Les Echos
Source: Les Echos du 23 février 2010