Le climat, les pets et les rots des vaches

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Selon certains experts et organisations écologistes, les pets et les rots des vaches seraient de nature à influer sur le climat. Pourquoi les vaches et pas tous les ruminants? Curieusement, ces mêmes dénonciateurs prétendent que nous mangeons trop de viande et qu'il faut réduire notre consommation pour influer sur le climat mais sont souvent, également, des extrémistes favorables au végétalisme.

S'ils avaient poussé un peu plus loin leur réflexion et surtout affiché un peu plus d'honnêteté intellectuelle, ils nous auraient précisé où les observations ont été faites (le plus souvent aux Etats-Unis) et quel était l'alimentation donnée à ces bovins. Sur ce dernier point, silence total.

Alors, attendons une preuve sérieuse que nos bovins élevés à l'herbe et notamment en montagne, ont bien des conséquences sur le climat pour prendre ces affirmations au sérieux. Derrière toute cette propagande, d'autres intentions pourraient bien être cachées.

Agir sur les rots (et les pets) des vaches pour le climat

- Agir sur les rots (et les pets) des vaches pour le climat

L'Inra mène une expérimentation pour essayer de réduire les émissions de méthane des bovins.

La contribution des pets de vache, composés de méthane (CH4), au changement climatique a fait couler beaucoup d'encre. En réalité, ce sont les rots qui comptent pour 95% des émissions des vaches, les pets, ne représentant que 5%. Si le sujet peut prêter au sourire, les enjeux pour le climat sont de taille. Le méthane (CH4), formé pendant la fermentation des aliments dans le rumen des ruminants, est un puissant gaz à effet de serre. "A l'échelle mondiale, l'élevage contribuerait à hauteur de 18% aux émissions totales de gaz à effet de serre (FAO, 2006). En Europe, la quasi-totalité des émissions de CH4 liée à l'activité d'élevage provient des fermentations digestives des herbivores (70%) et des déjections animales (30%)", explique l'Inra (l'Institut national pour la recherche agricole).

Alors, les chercheurs de l'Inra essaient de trouver un moyen de réduire l'impact de l'élevage sur la planète par la voie de leur alimentation. "Nous avons déjà conduit des expériences sur les vaches laitières, explique Michel Doreau, chercheur à l'Inra. Or, à l'automne, nous avons mis en place un programme de recherche sur un nombre plus élevé de vaches à viande." Les essais menés sur vaches laitières à la station expérimentale du centre INRA de Clermont-Ferrand-Theix ont montré qu'un apport de 6% de lipides issus de la graine de lin a diminué la production de CH4 des animaux de 27 à 37%.

"La graine de lin présente par ailleurs un intérêt nutritionnel", souligne Miche Doreau, "car la viande et le lait sont ainsi naturellement enrichis en oméga 3". Une caractéristique qui pourrait permettre aux éleveurs de mieux valoriser leur produit sur le marché et amortir le coût supplémentaire induit par l'intégration de la graine de lin dans l'alimentation de leur chaptel.

Mais comment capter et mesurer les émissions des belles Charolaises de l'Inra? "Il y a une méthode qui consiste à garder les vaches dans des cages avec une entrée d'air et une sortie de gaz, mais dans le cadre de notre expérimentation, nous plaçons des capteurs directement à proximité de la bouche des vaches", souligne Michel Doreau. Les vaches sont donc libres de se balader en plein champ... et de ruminer à volonté.

Ce projet est aujourd'hui financé à 50% par la région Centre et à 50% par des partenaires privés en amont et en aval de l'élevage. En amont, la société Valorex, producteur de Lin en Bretagne (25%). En aval, McKey Food France (25%), le fournisseur de McDonald's France en steaks hachés surgelés (en 2008, McKey a produit près d'un steak haché surgelé sur quatre produits en France).

Un bilan carbone réalisé par McKey en 2006 a en effet permis à l'entreprise d'identifier et de quantifier ses principaux impacts sur l'environnement. Cet étude montrait que "les émissions de gaz à effet de serre (GES) des bovins constituent, dans l'état actuel des connaissances, l'impact majeur en termes de rejets pour McKey (plus de 90% du périmètre global)", déclare McKey. L'entreprise affirme qu'au "terme de cette expérimentation et dans le cas de résultats encourageants", elle souhaite "jouer un rôle moteur au sein de la filière bovine, pour faire évoluer l'alimentation des animaux".

Auteur: Nadia Loddo
Source: Métro du 5 mars 2009