Le tourisme et l'ours dans les Asturies, entre mythe et réalité 2009

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Après une étude chiffrée sur les tourisme autour de l'ours dans Asturies, comment peut-on imaginer un développement touristique autour du thème de l'ours

Depuis longtemps, les mouvements environnementalistes tel que FERUS, ADET-Pays de l'ours, FIEP, WWF tout comme les services de l'Etat, notamment le Ministère de l'Ecologie et les DIREN, font croire que l'ours peut être une source de développement touristique.

A partir des rapports de 2005 à 2007 du SITA (Système d'Information touristique des Asturies), c'est-à-dire de rapports officiels, et d'articles de la presse locale, Bruno Besche-Commenge s'est livré à une analyse des chiffres du tourisme asturien pour s'assurer du bien fondé des affirmations des défenseurs de l'ours comme produit touristique pendant que l'ODIT, une agence du secrétariat d'Etat au tourisme français, commandité par ce qu'il reste du Groupe National Ours, tente de faire une étude, sans doute pour nous convaincre du bien fondé d'une poursuite du Plan Ours.

La déconvenue de la réalité asturienne est assez impressionnante. Si une visite des lieux peut nous amener à nous interroger sur le développement touristique de la principauté asturienne, les chiffres des enquêtes sont sans appel: l'ours ne sert à rien dans le développement.

La partie orientale des Asturies qui est la plus connue, n'a, au cours de son histoire, jamais eu besoin de l'ours. Les seuls Picos de Europa, avec son Parc, suffisent à eux-mêmes tout comme la basilique de Covadonga pour sa légende autant que ses faits historiques autour de la bataille de Covandago menée par le roi Pelayo en 718. Le site marial, la basilique de Covadonga et sa grotte constitue un petit Lourdes non négligeable. Pour les randonneurs et grimpeurs, la beauté des Picos intéresse plus que l'ours depuis très longtemps au point de pouvoir affirmer que pendant longtemps j'y ai pratiqué l'escalade et le ski alpinisme en ignorant l'existence des ours.

La partie centrale des Asturies inclue la "Maison de l'ours" à Proaza avec l'emblématique Somiedo. Quoi de plus que nos parcs animaliers de Borce, Argelès-Gazost, Orlu et Les Angles? Rien! Quoi dire de plus?

Est-ce que le tourisme pyrénéen s'est construit autour de ces parcs et de la faune sauvage pyrénéenne? La réponse est encore non. La réalité serait plutôt l'inverse. Les parcs se sont construits en raison d'une clientèle existante, une clientèle touristique qui s'est faite autour des centres religieux (Lourdes), du thermalisme, du développement des chemins de fer et, bien sûr, des paysages et des sites grandioses comme Gavarnie et le Pont d'Espagne. Si l'ours y avait été pour quelque chose, non seulement cela se saurait mais la vallée d'Aspe serait riche depuis longtemps.

Les enquêtes que fait ressortir Bruno Besche-Commenge à travers des chiffres l'amènent à conclure que "au delà de l'image publicitaire de l'ours" et du "Paradis naturel", ce qu'aiment les touristes dans les Asturies lorsqu'ils ont fait l'expérience des lieux, n'a rien à voir avec des symboles, c'est un cadre de vie global ("Paisaje/Entorno/Ambiente")". Et poursuit en précisant que ce "Milieu naturel" ("Entorno Natural") que les touristes classaient au 1° ou au 2° rang des raisons de leur choix, n'est pas réductible à l'image que l'ours est censé véhiculer, au contraire très concrètement il l'exclut: entre 1,8 et 4% seulement de visites à Somiedo et La Senda del oso, les faits sont les faits, on peut bien sûr ensuite raconter ce qu'on veut".

Voilà une conclusion assez dure pour les défenseurs de l'ours, mais une conclusion réaliste à partir des chiffres et non des discours. "Comme dans les Pyrénées, c'est effectivement un paysage... //.... humanisé car fabriqué par l'homme qu'offre le massif cantabrique ... //... l'illusion "naturaliste" retombe. Ce n'est pas cela que le touriste venait chercher, pas cela qui l'a véritablement retenu et qu'il a aimé".

C'est bien cela la réalité. D'ailleurs l'ADET, qui avait pour objectif le développement économique et touristique n'a pas fait recette. Les agences de voyages traditionnelles sont toujours en tête tandis que l'ADET est restée une structure associative négligeable et de dernier plan en matière de débveloppement régional.

Louis Dollo, le 24 mai 2009