Lettre d'un éleveur navarrais et de sa famille au gouvernement de la France

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A propos des ours, des faux semblants, du mépris, des politiques agricoles, de l'écologie, et d'abord de l'amour des siens et de son pays...

- Introduction: le contexte

Courrier écrit au printemps 2006 à Mme Nelly Olin Ministre de l'Ecologie et du Développement durable suite aux làchers d'ours slovènes. A cette date, l'ASPAP 09 venait d'empêcher que le premier lâcher ait lieu sur la commune d'Arbas, en Haute Garonne, siège de l'ADET, dont le Maire, François Arcangeli est aussi président de cette association. L'ADET est une des associations relais du programme ours de l'Etat français.

La Ministre avait alors parlé à propos de ces empêcheurs de lâcher en rond "des ânes et imbéciles pyrénéens". Tous les éleveurs de la chaîne s'étaient d'autant plus sentis visés que même s'ils n'étaient pas là, sur le terrain (les conditions du raid demandaient le secret limité à un petit nombre de participants, et ariégeois compte tenu de la proximité des lieux), tous, pleins de rage, étaient collés à l'écran de télévision pour voir le reportage de ce lâcher hyper médiatisé. Le spectacle imprévu en fit pleurer plus d'un, de joie et de colère.

Ils se retrouvèrent à plus de 5.000, dans les rues de Bagnères de Bigorre (Hautes Pyrénées) pour confirmer ce non à l'ensauvagement de leur terre. Les ânes y furent à l'honneur.

De sa "borda" en vallée de Roncal, où il vit quasiment toute l'année avec ses brebis loin de sa maison au village d'Isaba, un éleveur navarrais, connu de tous sous son sobriquet "M...", écrivit alors avec sa famille une lettre à la Ministre qu'il essaya, en vain, de faire publier en France par la presse. M... parle très bien français, castillan aussi bien sûr, et basque. Pour écrire, il se fit cependant aider par un membre de sa famille.

L'allusion aux "insultes" fait référence aux "ânes pyrénéens". Les deux associations qu'il cite sont elles aussi des satellites stipendiés par le Ministère pour tenter de faire passer son programme ours comme soutenu par les Pyrénéens. L'analyse de M... sur le non représentativité absolue de ces associations, le rôle que joue pour elle l'ours comme espèce fonds de commerce, est d'autant plus impressionnante de justesse qu'il n'a pas à sa disposition tous les documents français qui, sur notre versant, permettent de prouver cela: l'une de ces associations (l'ACP: association pour la cohabitation pastorale) a même dû se saborder tant le scandale était patent, pour renaître sous un titre nouveau et aussi mensonger: " La pastorale pyrénéenne".

Trois membres d'associations pyrénéennes opposées à l'ensauvagement de leur massif viennent à sa demande de rencontrer M... qui avait organisé à Isaba une réunion avec d'autres éleveurs navarrais de la Junte de Roncal. Nous sommes en train d'en préparer un compte rendu. Philippe Lahourcade, éleveur dans la vallée française voisine des Barretous, et ami de toujours de son voisin navarrais, a servi de relais et permis ce contact. Lors du repas qu'auparavant il nous a offert dans sa "borda", M... nous a fait lire cette lettre jamais arrivée à destination en 2006. Nous nous sommes engagés à combler ce retard.

M... en rouge, sa lettre à la main. Jean Baptiste Larzabal (ASPP65). Philippe Lahourcade (FTEM64). Bruno Besche-Commenge (ASPAP09 et ADDIP Coordination pyrénéenne).

M... ne possédait qu'un seul exemplaire de la lettre, je l'ai photographié le lendemain matin à la lumière extérieure du soleil. Il y avait beaucoup de vent, chaud. Pour caler la feuille M... m'a passé une dalle de schiste qu'il venait de tailler pour un autre usage, et une ancienne tuile de son toit, une de ces tuiles plates en forme de bardeau qu'on utilisait autrefois.

La veille au soir, en dînant, il nous avait beaucoup fait rire à propos de Mme Olin: "Olin, c'est la "mierda" qu'il y a dans les tuyaux des poêles, maintenant Olin n'est plus ministre et elle nous a laissé la "mierda", en castillan en effet le mot "hollin" désigne la suie.

Je retranscris la lettre telle qu'elle est écrite, les deux pages photographiées à la suite.

B.Besche-Commenge - ASPAP/ADDIP - 9 octobre 2009

- La lettre de M...

"A l'attention de Mme Nelly Olin, Ministre de l'Ecologie et du Développement durable

Madame la Ministre:

Vous avez tort Madame, quand vous parlez de biodiversité. Il serait plus convenable de faire référence à une augmentation de territoire pour une espèce qui, non seulement n'est pas en danger dans son pays (Slovénie), mais bien au contraire, y constitue une pièce de chasse.
Il serait préférable de parler d'une diminution de biodiversité car, votre aventure fera disparaître certaine et rapidement les races autoctones encore présentes dans les Pyrénées et que nous conservons actuellement.
Ces races ne pourront pas être viables ailleurs par des raisons purement économiques et aussi d'environnement.
Elles disparaîtront tout simplement et ce sera une de vos victoires.

L'émigration qui supporte les Pyrénées est une réalité qui nous a blessés, et nous blesse encore. Cela se doit en grande partie, à une politique qui, en plus de tirer le plus grand profit de nos ressources, n'a pas voulu nous voir et elle n'a été que néfaste pour nous.

Vous vous trompez Madame, quand vous manifestez face à l'opinion publique que vous avez obtenu un accord avec une association de bergers des Pyrénées.
Vos bergers, en tant que groupe, et par leur petit nombre et condition totalement atypiques, ne sont aucunement représentatifs du secteur car nous les considérons comme des nouveaux venus sans la culture du savoir être et le savoir faire du métier.

Vous devez savoir, et je vous le rappelle - au cas où vous l'auriez oublié - que cette association (ACP) est financée par vous même. A Arbas nous avons rencontré le président Mr Abdel Acid et sa secrétaire, dont le nom m'échappe. Cependant je me souviens parfaitement du nombre de brebis dans son troupeau: 60 exactement, presque un troupeau d'autoconsommation.
A préciser, tous deux honteusement endoctrinés par le FIEP.

Grâce à l'argent que perçoit cette association (ACP), les comptes tournent rond pour Mme la secrétaire. Par contre, nos comptes sont assez justes, voire parfois déficients tout en travaillant dans le secteur.
Et vous, Mme le Ministre, vous en êtes responsable en tant que cocréatrice et représentante de la politique agraire que nous subissons.
Et voilà la question : que pouvons nous espérer de Mme le ministre qui, non seulement ignore les bergers mais encore plus, elle les insulte?

Encore une fois vous avez tort quand vous présentez une image idylique de l'ours peut être en pensant de cette manière éluder le problème.
Simplifier la réalité n'est d'aucune aide quand il s'agit de trouver une solution réelle, inexistente à l'heure actuelle, comme vous devez bien savoir.
Soyez honnête Mme, et veuillez présenter l'ours comme ce qu'il est : une bête sauvage.
Vous savez parfaitement que les données que vous avez offertes ainsi que celles offertes par le FIEP sont pure et simplement une tromperie en ce qui concerne le nombre d'animaux morts et aussi en ce qui concerne le comportement de l'ours face aux humains. Nous croyons fermement que les enfants de nos écoles ont le droit qu'on ne tergiverse pas la réalité, moins encore avec l'argent public.

Vous vous trompez donc en inversant les termes avec cet acte de caciquisme car vous avez commencé à construire la maison par le toit créant une animadversation et un rejet à votre gestion dans les Pyrénées.

Et aussi vous avez tort de croire à la paresse et à l'irresponsabilité des gens du métier comme on peut en déduire de la propagande du FIEP.
Il nous semble simplement que nous avons le droit d'évoluer dans notre propre travail et en aucun cas il nous paraît convenable d'envoyer nos enfants ou nos vieillards surveiller les troupeaux dans la montagne comme il y a soixante ans car, eux comme nous sommes des personnes autant que vous.

Recevez notre sincère considération Madame.

Signé: Une famille de bergers.