Dossier de consultation pour l'introduction d'une ourse dans les Pyrénées: une mascarade

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Il y a manifestement un problème de langage entre les français dont la langue est, normalement, le français et l'administration qui semble ne pas connaître ce langage officiellement inscrit dans la Constitution française.

Hormis le fait que les préfets mélangent les mots "concertation" et "consultation", le site Web de la Préfecture des Pyrénées-Atlantiques nous envoie par lien un Dossier de consultation sur l'ours qui est en fait la "Demande d'autorisation d'introduction dans le milieu naturel d'un ours brun (Ursus arctos) femelle dans le département des Pyrénées-Atlantiques au printemps 2011" avec ce rappel "( articles R.411-31 et suivants du Code de l'environnement)"

Doit-on rappeler qu'en français, un "ours femelle" s'appelle une ourse tout comme la femelle du chien est une chienne et celle du chat une chatte.

Cet exercice d'école primaire passé, nous pouvons noter que la demande d'autorisation qui est en fait une auto-dérogation que s'octroie l'Etat à travers le Code de l'Environnement. Pour s'affranchir de toutes obligations à l'égard des citoyens, il devient un dossier de consultation / concertation. En effet, le demandeur d'autorisation et par voie de conséquence de dérogation n'est autre que "l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), pour le compte du MEEDDM" (Ministère de l'Ecologie). A quoi bon consulter / concerter puisque tout est ficelé dans le Code de l'environnement et que le Ministre de l'Ecologie est à la fois juge et partie.

Le plus extraordinaire est le sous titre qui suit: "Selon lettre de commande du MEEDDM du 21 octobre 2010 sur la Stratégie pyrénéenne de valorisation de la biodiversité". Cette stratégie n'existe pas puisque le même MEEDDM a chargé le Comité de massif des Pyrénées de l'établir (1). Celui-ci ne fait que débuter la consultation et n'a pas, à ce jour, de comité ad hoc comme demandé par la Ministre. Nous sommes donc loin des références mentionées dans la demande d'autorisation devenue dossier de consultation ou concertation selon les goûts du public.

Lorsque, dès les premières phrases de l'introduction de ce sulfureux dossier nous lisons:

"La France s'est engagée à maintenir la biodiversité sur son territoire et a pris diverses mesures (stratégie nationale de biodiversité, loi grenelle) pour se doter des moyens d'y parvenir. Ce maintien passe notamment par la pérennité des populations d'espèces sauvages sur son territoire et tout particulièrement d'espèces faisant l'objet de protections internationales et nationales.

"S'agissant de l'ours brun, des actions sont engagées dans le souci de la pérennisation de sa présence dans les Pyrénées françaises depuis maintenant plus de quinze ans."

La messe est dite. La décision est prise. Pourquoi poursuivre par des pseudos consultations / concertations puisque, manifestement, les engagements sont pris. Pour faire bonne impression? Pour ne pas qu'il soit dit que le pouvoir écologique est une dictature?

Nous voyons, sans grande difficulté, que le processus en cours n'est qu'une grande mascarade, un leurre de démocratie tout comme en 2005 / 2006. Démocratie? Notion totalement exclue du langage écologiste, y cimpris au sein du Ministère, orienté vers une autre idéologie depuis 80 ans. Il est surprenant qu'une Ministre de l'Ecologie d'un gouvernement qui se veut défendre des valeurs humanistes en soit arrivé à un tel niveau.

Avec des textes différents, la procédure est la même qu'en 2005. Lorsque, pour le Béarn, alors qu'il restait encore des ours, l'IPHB avait entamé une véritable procédure de concertation devant aboutir à une prise de décision en mars/avril, le Ministre avait décidé unilatéralement le 13 janvier d'introduire 15 ours. Et comme par hasard à cette époque, aucun dans le Béarn. A quoi bon poursuivre un processus de concertation lorsque la décision est prise? Prise n'importe comment.... Comme ici... Franska morte en août 2007 dans les Hautes-Pyrénées, une Secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Chantal Jouannot, décide le 26 juillet 2010 de la remplacer. Trois ans de réflexion... N'est-ce pas curieux comme comportement?

Louis Dollo, le 24 décembre 2010

(1) Les observations sur l'avant-projet de stratégie doivent être envoyées pour le 15 février au plus tard à la Préfecture de la Région Midi-Pyrénées. Le Comité de Massif des Pyrénées validera la stratégie après cette date en tenant compte des observations reçues. Comment prendre cet élément en référence pour l'introduction d'une ourse sauf à imaginer que la stratégie pour la biodiversité pyrénéenne sera imposée de la même manière ? Retour