René Rettig, maire de Luchon, veut des ours - 2006

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René Rettig, maire de Luchon, veut des ours - 2006

- "Il y a manipulation et récupération politique" du mouvement "anti-ours"

Bagnères-de-Luchon est l'une des quatre communes pyrénéennes à avoir accepté d'accueillir les cinq ours en provenance de Slovénie. Son maire, René Rettig (UMP), dénonce la radicalisation des opposants à l'ours et leur "récupération politique".

- René Rettig:

Ce sont des actes tout à fait condamnables, des réactions complètement disproportionnées. J'ai aussi le sentiment qu'il y a manipulation et récupération politique [du mouvement "anti-ours", NDLR].

- Par qui?

R.R.: Par la gauche. Une manifestation des anti-ours se déroulera samedi dans ma ville ; y défileront tous les élus de gauche qui s'opposent à moi, localement.

- Pourtant, le maire de la commune d'Arbas, qui est d'accord pour accueillir des ours slovènes, est de gauche... (1)

R. R.: Je vous parle de mon département, la Haute-Garonne. Le sénateur PS [Jean-Pierre Plancade, NDLR] est favorable à l'ours mais c'est le seul à gauche, dans le département.

- Vous l'avez dit, les opposants à l'ours vont manifester samedi dans votre ville. Craignez-vous des débordements, comme à Arbas?

R. R.: Ce sera une très grande manifestation puisque 500 personnes et quelques milliers d'ovins défileront dans une grande partie de la ville. Je suis en contact avec les organisateurs, qui m'ont assuré que ce serait une manifestation pacifique et de séduction. Je veux les croire mais je ne peux pas garantir qu'il n'y aura pas de casse. Nous prévoyons un service d'ordre adapté: un escadron de gendarmerie sera sur place. Les lieux publics seront protégés.

- Vos administrés sont-ils inquiets?

R. R.: Je m'emploie à les rassurer. Nous leur conseillons de garer leurs voitures [hors des grandes rues de la ville, NDLR], de ne pas exposer de marchandises sur le trottoir... Le plus gros souci sera de nettoyer la ville après le passage du bétail car Bagnères-de-Luchon est une ville thermale et touristique et nous attendons du monde pour ce long week-end. Nous travaillerons donc toute la nuit de samedi.

- Que vous inspire la violence du débat sur la présence de l'ours dans les Pyrénées?

R. R.: Sur le plan de la communication, les lâchers d'ours ont bien réussi car on n'a jamais autant parlé des Pyrénées. Mais l'intérêt, c'est d'en parler de manière positive, quelles que soient les opinions qui s'expriment. Ce n'est pas le cas à cause d'actes condamnables et c'est dommage. La pause qui a été décidée dans la capture des trois derniers ours slovènes doit permettre d'éviter des actes irresponsables ou des affrontements.

- Que répondez-vous aux éleveurs, qui dénoncent les attaques des ours sur leurs troupeaux et le danger que l'animal représente pour les hommes?

R. R.: L'affaire de l'ours révèle un mal plus profond qui mine le pastoralisme pyrénéen. C'est un monde professionnel en survivance: les éleveurs ne survivent que grâce à un deuxième revenu, issu d'une activité touristique ou lié à un commerce. C'est d'ailleurs pourquoi je ne comprends pas bien l'opposition des éleveurs à un développement différent de la montagne.

On ne nie pas que l'ours crée des problèmes aux éleveurs. Il faut qu'ils soient correctement indemnisés en cas d'attaques et il est vrai que l'administration fait preuve d'un pointillisme qui les agace et les rend furieux. Maintenant, il faut faire la part des choses: les dégâts sur les troupeaux dus aux ours comptent autant, voire moins que ceux faits par les chiens errants ou la maltraitance. Les éleveurs se battent pour garder des élevages extensifs où les troupeaux sont laissés libres dans la montagne et surveillés à la jumelle. Aujourd'hui, on peut construire sur les estives [pâturages permanents d'altitude, NDLR] des cabanes avec tout le confort d'une maison normale et on peut redescendre rapidement au village en cas de besoin.

Nous ne connaissons pas d'incidents entre des promeneurs et des ours mais il est vrai qu'on peut les provoquer. C'est ce qui a dû se passer avec les chasseurs [dont l'un d'eux a abattu l'ourse Cannelle en novembre 2004, NDLR]. Il est aussi possible de connaître l'exacte localisation de chaque animal et de diffuser largement cette information. Et pour renforcer la sécurité, on peut développer des métiers d'accompagnateurs — guides et gardes. Cela contribuera à créer des emplois localement.

(1) François Arcangeli était membre du PS jusqu'à ce qu'il rende sa carte pour dénoncer la présence d'élus de son parti lors de la manifestation d'opposants à l'ours, qui a dégénéré le 1er avril dernier.

Propos recueillis par Matthieu Durand
Source: TF 1 du 5 mai 2006

- Observation:

L'argumentaire gauche / droite du maire de Luchon est pathétique. Des députés comme Jean Lassalle ne sont pas de gauche. Même chose à l'UMP avec Estrosi, Henriette Martinez ou Gérard Trémège, maire de Tarbes. Quant à imaginer des logements pour les bergers avec autant de confort qu'en vallée et des possibilités de redescente rapide et facile... soit c'est un mensonge soit c'est une considérable incompétence de cet élu. Ceci dit, René Rettig ne sera pas réélu et aucun lâcher ne se fera sur sa commune. Voilà qui est significatif.