Le Monde des Pyrénées

L'introduction d'ours et le Pays Toy - 2006

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Suite à la décision de la commune de Bagnères de Bigorre et de la communauté de commune du Haut-Adour, le pays Toy (les vallées du barège ou canton de Luz) a vivement réagi. Nous allons suivre, à partir de 2006, l'évolution et la position de ces vallées qui se sont toujours opposées à toutes aides et subventions liées à l'ours à l'exception des indemnités compensatrices correspondant aux prédations.

- Réintroduction d'ours à Bagnères de Bigorre: vive réaction du Maire de Sers

Suite à la décision de la municipalité de Bagnères de Bigorre d'accueillir des ours d'origine slovène au printemps prochain, nous avons demandé à Jean-Louis Noguère, maire de Sers, premier voisin de Bagnères par les terrains de La Mongie, du Pic du Midi et de la vallée de Lesponne ce qu'il pensait d'une telle initiative. Ce fut la stupeur et la colère pour le premier magistrat de ce village du Pays Toy. Nous connaissons le positionnement unanime des villages Toy contre une telle réintroduction. Jean-Louis Noguère voit dans cette décision bagnéraise de la "provocation" à l'égard des communes Toy et un "manque de courage de la part de Roland Castells qui n'a pas eu la correction de prévenir ses voisins de ses intentions et de leur en parler en face".

Jean-Louis Noguère que nous avons eu en cours de réunion à la mairie de Sers envisage de saisir le Préfet dès jeudi pour réaffirmer la position de sa commune contre la réintroduction d'ours.

Source: Lourdes-Infos - Mis en ligne mercredi 1 février 21h25

- Ours: les Toys s'insurgent contre le Haut-Adour

La décision de la commune de Bagnères-de-Bigorre et de la communauté de communes de la haute Bigorre de se porter candidates à l'accueil d'ours sur leur territoire montagneux, (voir La Dépêche du Midi d'hier), a soulevé un vent de tempête en pays Toy (vallée de Luz) où élus et éleveurs s'insurgent contre Rolland Castells, le maire et conseiller général de Bagnères, qui a initiée cette démarche.

"Nous ne comprenons pas la position de ce vieil ours de l'UDF qui a pourtant ratifié au conseil général une motion contre la réintroduction du plantigrade dans notre département" s'irrite Jacques Pelegry, le président de l'interprofessionnelle AOC Mouton Barèges-Gavarnie qui regroupe des éleveurs ovins, des bouchers et des restaurateurs. Pour lui, "c'est la preuve qu'il est contre le monde agricole et ses acteurs qui rencontrent déjà suffisamment de difficultés pour sur vivre et devraient maintenant subir perpétuellement les prédations d'un fauve".

Noël Fourtine, éleveur et maire d'Esterre, est tout aussi remonté: "Nous ne sommes contre les ours. Simplement, nous n'en voulons pas chez nous et si l'on en lâche en Haut-Adour ils viendront forcément ici. Rolland Castells n'a qu'à les garder chez lui en créant une réserve! Cet animal constitue une menace pour le pastoralisme. Il décime les troupeaux et parfois même, comme nous l'avons vu dans notre vallée il y a quelques mois, il n'a plus peur de l'homme et n'hésite pas à s'introduire dans les bergeries pour trouver sa nourriture". Daniel Borderolle, le président de l'association des maires du pays Toy, ne décolère pas: "Je pense que le maire de Bagnères est un opportuniste. Il change de position comme de chemise? Encore une fois, il considère les montagnards comme des individus de seconde zone. Si, chez lui, des territoires sont abandonnés ce n'est pas le cas chez nous où l'activité s'étend jusqu'en haut des montagnes! Ici". L'élu se demande "si derrière tout ça, il n'y aurait pas d'autres enjeux du type subventions" que voudrait s'accaparer le Haut-Adour. Noël Fourtine poursuit: "La présence de l'ours va casser le tourisme. Ici, les gens se promènent partout. S'il y a des fauves, ils ne viendront plus". Et Jacques Pelegry de conclure: "On parle de la sauvegarde de la biodiversité mais ces ours sont Slovènes et non Béarnais. Des Slovènes il y en a plein en Slovénie. Aujourd'hui ce sont les bergers qui disparaissent. Certains se mobilisent plus pour l'animal que pour ces hommes ou les pauvres. C'est inacceptable!".

Hier, dans les pâturages, des éleveurs prévenaient: "Si il y a des ours un jour ici, il y aura un drame. On n'attendra pas qu'ils s'en prennent à nous et à nos bêtes. On le tuera avant".

Auteur: Guillaume Atchouel
Source: La Dépêche du Midi du 3 février 2006.

- Pour ou contre, ils se positionnent

- Ils sont "pour"

Georges Azavant, président du parc national des Pyrénées:
Je suis d'accord mais c'est un point de vue personnel qui ne reflète aucunement l'avis du conseil d'administration du parc national. Si l'on ne fait rien et qu'aucune mesure n'est prise, c'est la disparition de l'ours qui nous guette. Mais il est dommage que cette réintroduction se fasse sans l'Institution patrimoniale du Haut-Béarn. Et puis, cinq ours, c'est un peu trop. Il aurait peut-être fallu commencer par deux et dresser un premier constat au bout d'un an ou deux.

Rolland Castells, maire de Bagnères:
Quand on dit que l'ours est un intrus, je ne suis pas d'accord. Pour favoriser la cohabitation du pastoralisme et des plantigrades, je mise sur une amélioration des mesures d'accompagnement et de gardiennage, la reconstruction de cabanes et l'emploi de bergers et pourquoi pas l'aide de notre bon vieux patou. C'est dans ce sens que je mets mon engagement.

- Ils sont "contre"

Jean-Louis Cazaubon, président de la chambre d'agriculture:
Je me dois de dire non. La réintroduction de l'Ours dans les Pyrénées est un gros danger non seulement pour l'activité touristique mais aussi pour le pastoralisme et les professionnels de la montagne. Au nom de la biodiversité et du modernisme, c'est toute l'harmonie entre l'homme et la montagne qui est en péril.

Guy Dotter, guide de haute-montagne (Sainte-Marie-de-Campan):
"Les Pyrénées ne sont pas un territoire assez vaste. L'ours a besoin de grands espaces et peut se retrouver en présence de bétail ou de touristes, avec les conséquences que l'on peut imaginer. Ce sont surtout les citadins, qui sont favorables à sa réintroduction. Si la réintroduction réussissait, un jour ou l'autre, il y aura un problème avec des visiteurs, là on ne parlera plus de la même façon".

Chantal Robin-Rodrigo, députée des Hautes-Pyrénées (PRG):
Il n'y a aucune nécessité de réintroduire des ours dans les Pyrénées. L'ensemble des élus du massif s'était déjà réuni pour peser le pour et le contre et rien de positif n'en était ressorti. Surtout quand on connaît les dommages causés par Papillon. Il faut tout de même garder en mémoire son intrusion dans une grange à Chèze, situé à 1.200 mètres d'altitude. Les vallées sont profondes et habitées, un ours ne peut y vivre sans qu'il y ait des problèmes.

Jacques Béhague, conseiller général du canton de Luz (Pays Toy):
Je souhaite que le débat sur la réintroduction reste dans une polémique maîtrisée. Nous défendons avant tout une profession qui vit au coeur des montagnes. Les sondages sont faits sur des gens qui n'habitent pas dans les Pyrénées et qui ne vivent pas de l'élevage.

Michel Pélieu, maire de Bordères Louron et vice président du conseiller général:
Attention, je ne suis pas un anti-ours. C'est un animal mythique et fascinant, véritable patrimoine de nos Pyrénées. Mais en matière de réintroduction, je suis plutôt réservé. La cohabitation avec le pastoralisme qu'il faut défendre me semble difficile à la vue des idées aussi diamétralement opposées.

- "Ni oui, ni non"

Jean-Louis Lechène, guide de haute-montagne (Cauterets):
"Personne ne peut être contre dans la mesure où l'on n'est pas concerné. Mais le grand public n'imagine pas toujours quue la présence de l'ours n'est pas vraiment compatible avec l'élevage? La réintroduction de l'ours ne sera toujours que du rafistolage. Cela n'empêchera pas la détermination des chasseurs et des bergers de le voir disparaître".

Henri Sallanabe, président de la confédération paysanne:
Je n'ai pas vraiment d'idée arrêtée sur la question. Dans ce dossier, il ne faut surtout pas être radical. Si réintroduction il y a, il faudra évoquer le problème de l'harmonie avec le pastoralisme. Et j'espère que cette harmonie est possible. Mais pour cela, il faudra s'asseoir autour d'une table afin de trouver les solutions pour que tout le monde en sorte gagnant.

Pierre Forgues, député et conseiller régional a un avis plutôt mitigé sur la question:
Je suis d'accord si les éleveurs acceptent. L'ours est une image originale de nos Pyrénées, mais il faut penser aux problèmes que cela pourraient leur poser. Ils sont les premiers à protéger et je suis entièrement de leur côté. Ils font parti de la richesse de nos montagnes, tout comme l'ours.

- A savoir...

- L'ours, un emblème.

Il constitue les armoiries de plusieurs communes et clubs de sport du département comme Tournay, Ossun et le Tarbes-Rugby-Pyrénées. Il a donné son nom à plusieurs endroits en montagne. Il fait partie du patrimoine.

- Commission d'étude.

Commandée par le conseiller général de Lourdes Est José Marthe, une étude sur la réinsertion de l'ours dans les Pyrénées est en train d'être menée par le conseil général. D'une durée de six mois, elle est présidée par Jean-Claude Palmade.

- Coup de gueule contre le maire de Bagnères

Suite à la volonté du maire de Bagnères-de-Bigorre, Roland Castells, de voir réintroduit des ours sur le territoire dont il a la charge, Raymond Bayle, président de la Commission syndicale de la vallée de Barèges (CSVB), adresse ce courrier à l'élu:

"Votre décision est parfaitement incompréhensible. N'avez-vous jamais su, ou avez-vous oublié le combat des anciens pour se débarrasser de l'ours? N'avez-vous aucun respect ou aucune connaissance des pratiques pastorales de nos jours? Avez-vous l'assurance de bénéficier de financements particulièrement importants pour clôturer l'intégralité de votre territoire?

"Avez-vous l'intention de recruter du personnel de surveillance pour qu'il reste chez vous, ou bien pensez-vous offrir les ours aux montagnards des vallées voisines? Avez-vous été séduit par l'importance de la cagnotte dans le cadre des mesures d'accompagnement inadaptées et inefficaces?

"Pensez-vous que votre prochaine élection sera très difficile, au point de la conforter par des suffrages écologistes? Ou pensez-vous orienter votre carrière politique vers le poste de ministre de l'environnement? Avez-vous perdu toute notion de solidarité montagnarde?"

- "Attitude Farfelue"

Et Raymond Bayle d'ajouter:
"Votre attitude est complètement farfelue et indigne d'un Pyrénéen. Les farfelus sont inoffensifs, ce qui n'est pas tout à fait votre cas, bien au contraire. Les prédations se font au printemps et à l'automne à l'étage des granges foraines, propriétés privées. Le gardiennage permanent et les patous n'empêchent pas les attaques, ces chiens étant utilisés par nos ancêtres contre le loup. Le regroupement des animaux et le parcage nocturne favorisent les contaminations de ces derniers. Lors d'une attaque nocturne, ils paniquent, se piétinent et s'étouffent."

- Contraire aux Actions Réalisées

Raymond Bayle, E. Trey et J. Peres de la CSVB rappellent la motion prise par le conseil général (1) contre cette réintroduction et soulignent que la CSVB a réalisé des travaux d'équipements des estives et des améliorations pastorales pour un montant de cinq millions d'euros, avant de conclure:

"Pour mener à bien votre projet débile, nous vous conseillons de clôturer le Bédat et la plaine d'Esquiou, d'y organiser des visites payantes et de garder les prédateurs sur votre territoire. Nous savons bien que nous ne vous ferons pas changer d'avis.

"C'est vrai que la bêtise humaine donne une idée de l'infini. Pour le respect de nos aïeux et de nos éleveurs de montagne, êtes-vous encore digne d'entonner nos chants pyrénéens?"

Propos recueillis par Philippe Champion
Source: La Dépêche du Midi du 14 février 2006

(1) La motion du Conseil Général votée le 22 octobre 2005 prévoit la création d'une commission d'étude. Cette commission d'étude est présidée par Jean-Claude Palmade

- Les élus Toy au Conseil Général des Hautes-Pyrénées le 31 mars 2006

Hier matin, début de séance mouvementée chez les élus départementaux. Nous attendions les étudiants contre le CPE mais dans le hall d'entrée il n'y avait que les élus du Pays Toy. Réunis avant la séance, nous sentions Rolland Castells particulièrement tendu. Aucune salutation, pas un regard alors que l'accueil était chaleureux de la part des autres élus. Le maire et conseiller général de Bagnères de Bigorre aurait-il quelque chose à se reprocher? En tout cas, on a décelé un manque évident de courtoisie vis à vis de ses collègues qu'il connaît bien pour d'autres dossiers comme le Pic du Midi et la station de ski du Tourmalet.

Daniel Borderolles, Président de l'amicale des maires du Pays Toy, à l'invitation du Président Fortassin, a lu, à la tribune présidentielle, la lettre qui a été envoyée à tous les conseillers départementaux, accompagnée d'un argumentaire extrêmement sérieux présentant la problématique d'une introduction d'ours sans aucune préparation et organisation préalable.

A l'issue de cette présentation, le Président Fortassin demande à Jean-Claude Palmade d'intervenir en qualité de Président de la commission d'enquête départementale qu'il préside. Après avoir exposé la méthode de travail de la commission, nous apprenons que le rapport sera remis vers le 15 mai. D'ici là, il y a de fortes chances que des ours soient déjà lâchés. A quoi bon remettre alors un rapport au Conseil Général?

Le Président Fortassin demande aux autres élus s'ils souhaitent intervenir. Chantal Robin-Rodrigo demande la parole et appuie les arguments des élus Toy en rendant hommage à des "hommes debout qui veulent faire respecter leurs droits" tout en insistant sur "l'absence de dialogue et le mépris de l'Etat". Des propos que n'a pas apprécié José Marthe qui précise que le débat n'est pas à l'ordre du jour. Appuyé par Roland Castells qui s'en prend violemment à Chantal Robin-Rodrigo avec des propos d'une courtoisie d'un style choisi: "Tu te tais! Démagogue! C'est de la démagogie!". Voilà des arguments "pro-ours" d'une qualité exceptionnelle que chacun appréciera. S'ensuit un chahut de lycéen organisé par José Marthe selon la même méthode qui fut employée quelques jours avant au conseil municipal de Tarbes. Une forme de réponse du berger à la bergère de part et d'autre de la vallée... de l'assemblée départementale.

Le débat n'ayant pas lieu de se poursuivre, les élus Toy se sont retirés pour être reçus par le Préfet auquel ils ont remis symboliquement leurs exemplaires du "Plan Ours" qui a été envoyé à toutes les personnes concernées par le Ministère de l'écologie.

Louis Dollo
Article paru sur Lourdes-Infos le 1 avril 2006

- Observations

Les communes de montagne pour ou contre le renforcement
Les maires et conseillers généraux des territoires concernés de la montagne ont été invités par les sous-préfets d'arrondissements locaux à débattre des mesures à proposer. Treize réunions avec les élus locaux ont été organisées.
En mai 2005, 267 communes et structures intercommunales étaient défavorables au renforcement ou demandant la suspension de la décision contre 12 favorables au renforcement
Source: Ministère de l'écologie
Au final, ce ne seront que 4 communes qui accepteront que des lâchers d'ours se fassent sur leurs territoires.
Les chiffres se passent de commentaires quant à l'adhésion des populations locales au plan gouvernemental.

La commission d'enquête départementale
Nous apprenons que les représentants des usagers de loisirs du milieu montagnard n'ont jamais été entendus par cette commission. Pire encore, ils n'en ont même pas connaissance. Il s'agit, en particulier, de deux fédérations sportives ayant une délégation du Ministère des sports:
la FFME (Fédération Française de la Montagne et de l'Escalade) et la FFRP (Fédération française de randonnée pédestre) ainsi qu'une fédération affinitaire et multisport... et pas n'importe laquelle dans notre département puisqu'il s'agit de la Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne (FFCAM) plus connue sous le nom de CAF (Club Alpin Français), propriétaire d'un certain nombre de refuges et animateurs de nombreuses activités de loisirs de nature en montagne.