Mort de Canelle: Festival d'hypocrisies novembre 2005

Logo Facebook
Vous êtes ici: Accueil > Faune-Pyrenees > ours > Ours-Baptise > Canelle > Ours-Mort-Cannelle-Hypocrisies

Avant la reconstitution de la mort de l'ourse Cannelle, le dernier ours femelle des Pyrénées, Sud-Ouest est allé s'entretenir avec l'avocat du chasseur René Marquèze pour essyer d'en savoir un peu plus. Nous rapportons ici l'intégralité des propos recuillis par le journaliste sur cette affaire de novembre 2004.

- Selon l'avocat de René Marquèze: "Un festival d'hypocrisies"

Mort de Canelle. Maître Sagardoytho, l'avocat de René Marquèze, le chasseur qui a tué la dernière ourse de souche pyrénéenne il y a tout juste un an, espère obtenir un non-lieu

- "Sud Ouest"

Un an après les faits, dans quel état d'esprit abordez-vous la défense de René Marquèze?

Me Thierry Sagardoytho
Avec la farouche conviction que les circonstances de la rencontre de René Marquèze avec l'ourse tiennent du hasard. En tant qu'ancien responsable de la société de chasse d'Urdos, il connaissait les inconvénients d'un face-à-face. Il n'y avait aucune intention de la part des chasseurs de la croiser avec son petit.

Pourquoi sont-ils montés, alors qu'il a été dit qu'ils étaient informés de la présence de Cannelle et de son ourson?

Tout a été dit et son contraire. Mais il est certain que l'ourse se trouvait dans une zone où les chasseurs ne pensaient pas la trouver. Sans doute avait-elle été dérangée par des promeneurs, des adeptes avides de la photographier. Elle a modifié sa trajectoire. René Marquèze pratique cette zone depuis sa plus tendre enfance et il n'y avait jamais vu d'ours. Personne ne peut dire à l'instant T où se trouve tel ou tel ours. Si c'était si simple que ça, les autorités n'auraient qu'à prendre des mesures de protection. Il n'y en a eu aucune de prise ici. Je précise qu'aucune irrégularité, aucune infraction de chasse n'est reprochée à mon client et à ses compagnons.

Il dit ne pas avoir épaulé, mais il a bien visé. Pourquoi n'a t-il pas tiré en l'air comme le traqueur quelques minutes auparavant?

On peut toujours réécrire l'histoire. Imaginez René Marquèze dans le ravin. Il vient d'être chargé par l'ourse. Il a perdu son arme. Il ne raisonne plus, il est dans une situation d'inquiétude totale. Quand il remonte, il n'a qu'une idée, ficher le camp. Mais l'ourse déboule. Il a, en une fraction de seconde, l'intime conviction d'être en danger.

Les spécialistes affirment que l'ours, même suitée, préfère fuir l'homme que l'attaquer. Comment expliquez-vous que cela n'arrive qu'à des chasseurs, jamais à des promeneurs ou des cueilleurs de champignons?

Quelle serait la réaction de l'opinion publique si un promeneur était retrouvé au fond d'un ravin? Ce n'est pas la qualité de chasseur de mon client, ni son fusil que l'ourse a craint, mais la présence du chien. La femelle avait pour seul souci de protéger son petit. René Marquèze ne tire aucune gloire de son geste. Il a donné immédiatement l'alerte. S'il avait réagi en braconnier, il aurait caché son acte, les charognards auraient fait le reste.

- Qu'attendez-vous de la reconstitution?

Elle est nécessaire pour assurer une instruction équitable et contrer la campagne de désinformation. Elle devrait déboucher logiquement sur un non-lieu. A moins de céder aux pressions du lobby écolo. Car ceux qui veulent un procès pour dénoncer l'extinction de la souche pyrénéenne se trompent ou prennent les gens pour des imbéciles. Ceux qui instruisent le procès des chasseurs doivent savoir que ce n'est pas un acte de braconnage. Ceux qui veulent faire le procès de la désorganisation de la cohabitation entre l'homme et l'ours doivent s'en prendre aux pouvoirs publics, qui n'ont pas interdit de chasser dans cette zone. Le contexte actuel est un festival d'hypocrisies. On projette sur les épaules de ce pauvre homme tous les fantasmes d'une société qui ne sait plus où elle en est, ni ce qu'elle veut.

"On projette sur cet homme tous les fantasmes d'une société qui ne sait plus où elle en est, ni ce qu'elle veut"

Propos recueillis par Anne-Marie Siméon et Xavier Sota
Source: Sud-Ouest du 1er novembre 2005