L’ours de retour dans les Grisons n’est pas très apprécié des paysans. Manifestement, la cohabitation va être difficile. Par contre, ce retour suscité l’engouement des protecteurs et des populations citadine qui y voit une activité récréative. Mais ce zoo à ciel ouvert n’est pas sans risques pour les humains et des précautions sont à prendre…
Les contacts trop rapprochés présentent en effet un danger pour l’homme comme pour l’animal, qui se trouverait toujours aux Grisons, dans le secteur du Parc National.
Depuis l’apparition de l’ours brun la semaine dernière au col de l'Ofen, les hôtels du Val Müstair ne désemplissent pas. Les visiteurs de cette région des Grisons sont 20% de plus que la moyenne saisonnière. Quatre soirs d’affilée, le plantigrade a donné rendez-vous à quelque 300 de ses fans au même endroit, presque à la même heure.
Une situation qui inquiète les spécialistes. Ceux-ci admettent unanimement que des contacts trop rapprochés entre l’ours et l’homme sont dangereux pour les deux. L’animal ne doit en aucun cas perdre sa crainte instinctive de l’humain.
Or il semble bien l’avoir déjà perdue. «Et si cela continue, ce sera encore pire», explique à swissinfo Peter Roth, qui arpente le Parc National depuis 32 ans. «Son comportement est très atypique pour un ours sauvage», note le vieux gardien.
Pour éviter tout incident, l'Office cantonal de la chasse et de la pêche a donc prévu de chasser l’animal avec des balles en caoutchouc s'il repointe sa truffe près de la route du col.
Le but est simplement de lui infliger une expérience négative, pour lui faire comprendre que le voisinage de l’homme n’est pas bon pour lui. Pas question de le blesser. Les projectiles prévus sont assez grossiers, similaires à ceux utilisés contre les manifestants.
Georg Brosi, inspecteur de la chasse, fait remarquer que si l’on doit en arriver là, l'ours suisse s'en tirerait à bon compte. En Alaska par exemple, on éloigne les ours avec des cartouches incendiaires.(1)
Mais pour l’heure, les garde-chasse n’ont pas eu l’occasion de faire feu. Depuis lundi soir en effet, l’animal n'est plus réapparu à l'endroit habituel. Il a néanmoins été revu dans le secteur, en différents lieux assez éloignés les uns des autres. Les autorités préfèrent toutefois ne pas en dire plus, pour éviter une nouvelle ruée.
Face à cette discrétion soudaine, on avait d'abord cru l'ours parti. Par exemple pour aller manger des châtaignes au Tessin. C’était la théorie de Reinhard Schnidrig, chef de la Section chasse et faune sauvage à l'Office fédéral de l'environnement. Il l’a exposée dans un entretien publié jeudi par le quotidien Basler Zeitung.
Le fait que l'animal ait attaqué un veau indique qu'il est affamé. Et comme il est très friand de châtaignes, il pourrait toujours partir à la recherche de ces fruits, qui ne se trouvent pas dans le Parc National, région plutôt aride.
Pour Reinhard Schnidrig, il ne serait de toute façon pas plus mal que l'ours essaie de trouver un endroit plus tranquille. En effet, ses admirateurs «semblent oublier que cet animal sauvage n'est pas un nounours».
Quoi qu’il en soit, tant Reinhard Schnidrig que Peter Roth sont enchantés du retour du plantigrade et de l'accueil bienveillant qui a lui a été réservé.
«Cela fait 100 ans que nous l’attendions», se réjouit le vieux gardien du Parc National, qui n’a pourtant pas encore eu la chance de l’apercevoir. Il n’ira pas pour autant grossir la foule qui l’attend le soir au col de Ofen.
«C’est déjà bien assez problématique d’avoir tous ces gens, note Peter Roth. Mais bien sûr, j’adorerais le voir et je préférerais que ce soit quelque part à l’intérieur du Parc National.»
Source: swissinfo et les agences du 5 août 2005
(1) mon constat personnel y compris à la périphérie d'Anchorage, le plus souvent on sort armé (conseillé et fortement recommandé dans certains secteurs) et dans le cas où l'ours vous importune, on le tue. Le système est différent dans les Parcs Nationaux comme le Denaly Park (Mac Kinley) où il existe une omniprésence des rangers sur l'itinéraire touristique trés encadré, et aucune activité humaine [note de Louis Dollo].