Roc et Pyrène, un club d'escalade qui avance!

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Le club Roc et Pyrène peut apparaître comme un club d’escalade classique, comme il en existe des centaines en France et une bonne dizaine dans les Hautes-Pyrénées. Affilié comme tous à la Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade, il a, comme chaque club sous des termes différents, sa section enfants, adulte, performance. Il organise des séances d’entrainement et de loisir dans une salle d’escalade et fait des sorties en falaise à l’extérieur. Jusque-là, rien ne le distingue des autres. Et pourtant!

- Un club, une histoire et une démarche originale

Le premier point qui fait son originalité s’est de s’être donné les moyens d’avoir en permanence un moniteur breveté d’Etat, Yannick Escande (1), qui constitue un formidable moteur d’animation et de développement. Issu d’un précédent club, «Le Caillou», créé à partir d’une salle de sport portant le même nom, Roc et Pyrène repart pratiquement à zéro en 2008 (avec seulement 18 licenciés) en louant les installations de la salle d’escalade Altissimo.

Historique et développement du club Roc et Pyréne

Autre particularité est de s’être lancé dans le «baby grimpe» dans le cadre d’une politique de développement de la FFME (2)

- Un développement tout public autour du handicap

La véritable originalité qui ne manque pas de courage, est l’engagement du club et de Yannick Escande dans l’escalade pour handicapé dans le cadre du Handi Sport ou du sport adapté, que ce soit en salle ou sur falaise en séance spécifique ou en commun avec des valides. Il a même fallu imaginer des équipements nouveaux, adaptés au handicape de chacun. Des étudiants de l’ENI (Ecole National d’Ingénieur) de Tarbes se sont mis au travail. Et ça fonctionne….

Handi-escalade au sein du club Roc&Pyrène: Yannick Escande, moniteur d’escalade, répond à nos questions

Une expérience riche et un engagement important de tous qui a permis au club d’avoir deux champions en Sport Adapté avec:

Belle réussite pour ce club dont les champions ont été récompensés par le Conseil Général des Hautes-Pyrénées à la soirée Hautes Perfs par la remise d’un trophée à Jonas Parent et un chèque de soutien de la part du Crédit Agricole de 1500 euros.

Les vidéos du club :

Galerie de photos sur Facebook

(1) Yannick Escande est titulaire d’un Brevet d’Etat d’Escalade avec une spécialité liée aux pratiques sportives pour handicapés
(2) Les fiches «Baby Escalade» de la FFME et la Vidéo sont maintenant introuvables sur le site de FFME

Louis Dollo, le 3 avril 2013

- Historique et développement du club Roc et Pyrène

Création du Club en 2008 avec la reprise de l’association « Le Caillou » qui était en sommeil depuis le rachat de la salle d’escalade devenue Altissimo. Le club est une association sportive et n’a pas de lien avec la salle d’escalade.

2009-2010: 1ère saison sportive: 18 adhérents en début de saison et 40 en fin de saison.

2010-2011: 2ème saison sportive: 100 adhérents (94 FFME et 6 FFSA). Le moniteur devient salarié du club.

2011-2012: 3ème saison: 141 adhérents (131 FFME et 10 FFSA). Le moniteur est en CDI.

2012-2013: 4ème saison: Le Club Le Caillou devient le club «Roc&Pyrène»; début de saison (120 FFME, près de 30 FSSA et 2 FFH)

- Handi-escalade au sein du club Roc&Pyrène: Yannick Escande, moniteur d’escalade, répond à nos questions

Dès la création du club en 2008, dans les Hautes Pyrénées à Soues, l’ouverture de la pratique de l’escalade aux personnes en situation de handicap était un axe fort du projet et de sa dynamique.

Il est affilié à la FFME avec 120 licenciés en début de saison, à la FFSA (sport adapté) avec 32 licenciés et à la FFH (Handisport) avec 2 licenciés. Les cours sont encadrés par le moniteur d’escalade Yannick Escande, diplômé d’état et spécialisé handisport. Il répond aux questions.

- Comment s’articule le club entre les pratiquants «valides» et «handicapés»?

Les membres de la section handi-escalade font partie intégrante du club et participent à la vie de l’association. Ils sont de toutes les manifestations. Plusieurs font les sorties falaises et les stages. Trois adultes font un cours sur deux avec la section et l’autre avec les pratiquants valides. Un d’entre eux fait partie du conseil d’administration.
Le regard porté sur le handicap part les membres du club a beaucoup évolué, que ce soit pour les enfants comme pour les adultes. Des amitiés sont nées.

- Combien de personnes handicapées pratiquent l’escalade au club?

Le club accueille près de 35 personnes en situation de handicap dit mental ou psychique et polyhandicapés dont un grand nombre sont en fauteuil électrique et qui viennent par le biais de leur centre spécialisé ou de façon individuelle toutes les semaines.

- L’encadrement d’une personne handicapée est-elle très différente de celui des valides?

Il a fallu adapter la pédagogie, le matériel et la structure à chaque personne et à chaque handicap. Cela a pris du temps, au fil des saisons, j’ai travaillé avec les pratiquants, les éducateurs et les équipes soignantes (ergothérapeute, psychomotricien, kiné…) pour arriver aujourd’hui à une pratique sécurisée et confortable pour le grimpeur.
C’est aussi un travail commun avec les éducateurs qui accompagnent et qui les connaissent bien. Nous avons adapté une sellette de parapente avec un système de mouflage (Palan) qui permet à la personne paraplégique de quitter son fauteuil vers le haut pour s’élever jusqu’à près de 12m. Cela sert aussi de 1ère approche avant d’aller sur le mur. Nous avons adapté des gilets de travaux acrobatiques pour ceux qui n’ont plus l’usage de leur abdominaux et bien d’autre chose encore…
J’utilise aussi beaucoup d’objets colorés, lumineux ou sonore afin de rendre l’escalade plus ludique avec les enfants autistes. Nous travaillons actuellement à la conception d’un fauteuil grimpe.

- Quels sont les résultats?

Les résultats sont incroyables et difficiles à décrire. Le pratiquant arrive avec son fauteuil électrique, le gare au pied du mur et part dans une ascension un peu folle pour atteindre le sommet 10 m au-dessus du fauteuil. Il redescend et se rassoit pour assurer à son tour un autre pratiquant.

Chacun trouve une façon de compenser son handicap qui l’instant d’une ascension se fait oublier.

Il faut surtout être patient, les progrès sont souvent lents mais sont impressionnants. Certains grimpeurs autistes ont juste pu prendre contact avec les prises la première séance, il y a 4 ans et sont aujourd’hui autonomes, grimpent et s’assurent en tête. L’un d’entre eux est aujourd’hui champion de France Escalade Sport Adapté senior en division 1.

Pour d’autres les progrès sont plus discrets mais le sourire dès le pas de la porte franchi et les rires lors des séances sont le plus beau des résultats.

- Quelles reconnaissances avez-vous eu pour ce travail spécifique avec les personnes handicapés?

Depuis le démarrage, les partenaires institutionnels nous accompagnent dans ce projet, en particulier le Conseil Régional et l’Etat (via le CNDS). Les partenaires du mouvement sportif, les Comités Départementaux Sport adapté et Handisport, nous apportent un soutien technique précieux. Ainsi que l’association Autisme 65.
Je tiens aussi à remercier les éducateurs des centres accompagnants: FAM l’espoir de Bonnefont, le FAM Jean Cadorne de Tournay, le MAS de Montastruc et la section TED les oursons d’Ossun.

Cette saison, tout le travail du club sur le développement de l’handi-escalade a été triplement reconnu.

Il a été récompensé par l’APELS (Agence pour l’éducation par le sport) lors de l’appel à projet « Faits nous rêver 2012 » le 23 octobre 2012 à Toulouse. Le projet Handi-Escalade porté par notre club finit à la 3ème place et obtient ainsi le label Lauréat Régional.

Le crédit Agricole Pyrénées Gascogne accorde cette même année une subvention de 1500€ pour l’acquisition de matériel.

Jonas Parent, membre de la section Adulte sport adapté, devient champion de France sport Adapté Senior D1 et est récompensé lors de la cérémonie Hautes Perfs organisé par l’ODS 65 au Parvis le 21 décembre 2012.

- Qu’est-ce que l’escalade apporte à la personne en situation de handicap?

L’escalade est un formidable outil thérapeutique et ludique. Qu’il soit valide ou en situation de handicap, le pratiquant découvre un nouvel univers dans lequel ses repères changent, quittant le plan horizontal pour évoluer dans la verticalité.

D’un point de vue psychomoteur, il travaille sa latéralisation dans sa recherche d’équilibre et dans les consignes qui lui sont données pour le guider. Sa proprioception se voit sollicitée, prenant conscience de son corps dans l’espace. Il recherche l’équilibre, transfère son poids d’une jambe à l’autre, ce qui influe en plus sur sa coordination.

Tout en travaillant la concentration, le pratiquant quitte son quotidien conscient ou inconscient. Il va en plus fournir un effort physique entretenant et/ou développant les capacités de son corps (souplesse, renforcement musculaire, travail des articulations notamment celle qu’il ne sollicite plus dans son quotidien…). Il peut manipuler les cordes, les systèmes d’assurage, peut apprendre à s’encorder, à assurer son compagnon de cordée. Par ces actions, il travaille sa dextérité manuelle et est en relation directe avec son partenaire: encouragement, conseil, confiance et communication…

Tous ces apprentissages sont plus ou moins longs en fonction de chacun. Mais les progrès sont pourtant très souvent remarquables. Chaque séance est un nouveau défi que ce soit pour le pratiquant ou pour les encadrants qui doivent adapter l’activité et le matériel à chaque personne.

Mais l’aventure ne fait que commencer.

Propos recueillis par Louis Dollo pour Kairn.com et Tarbes-infos.com, le 10 janvier 2013

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Roc&Pyrène
Roc&Pyrène, ENIT
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