Ouverture chasse 2014: Interview de JL Fernandez, Président de la FDCA

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L'ouverture de la chasse s'annonce sous de bons auspices en Ariège avec du gibier présent dans l'ensemble des zones. Jean-Luc Fernandez, le président des chasseurs, est plutôt satisfait.

- "Nous sommes attachés à la chasse des villages"

Si l'ouverture générale de la chasse est annoncée en plaine pour le 14 septembre et le 21 septembre en montagne, on assiste cette année encore à une ouverture à tiroirs. Les chasseurs au sanglier sont à pied d'œuvre en plaine depuis le 16 août tandis que les équipes de montagne ouvrent demain mercredi 3 septembre. Cette année encore, le gibier devrait être au rendez-vous malgré la mauvaise météo qui a pu affecter certaines espèces selon Jean-Luc Fernandez, le président de la fédération des chasseurs de l'Ariège.

- Qu'en est-il du nombre de chasseurs en Ariège?

Nous résistons plutôt très bien. L'an dernier nous avons perdu 30 chasseurs, ce qui n'est pas significatif. ça vient aussi de l'état remarquable de notre département, protégé, qui offre beaucoup de gibier. On peut aussi parler du coût de la chasse. Dans notre département, nous sommes très attachés à la chasse de villages, abordable, où il y a un nivellement des classes sociales où le riche et le pauvre chassent ensemble et le soir partagent la venaison

- On a cette année encore une ouverture à tiroirs?

L'ouverture au sanglier s'est faite plus tôt en plaine. Cela permet d'éviter les trop grands dégâts aux cultures. Pour le grand gibier, on n'est plus dans la gestion mais dans la régulation. Les dégâts ont augmenté l'an dernier. On est passé de 180.000 € à 220.000 € payés par la fédération des chasseurs de l'Ariège aux agriculteurs. Aujourd'hui, il faut chasser partout, chasser de manière régulière pour éviter que les populations de grand gibier ne se développent là où elles ne sont pas souhaitables comme les cervidés dans la plaine de Mazères. Le plan de chasse est de 700 cerfs, 600 biches, en légère augmentation. Nous mettons en place cette années des bracelets indéterminés qui devraient faciliter la réalisation des plans de chasse.

- Et l'isard?

La population d'isards est stable. L'Ariège est le département qui en a le plus. Nous sommes particulièrement attentifs. Aujourd'hui, la pestivirose est présente dans tous les départements de la chaîne. Les mesures à prendre tardent… Une zone test de vaccination devrait être mise en place en Ariège l'année prochaine. Au-delà, je souhaite que cette maladie soit classée dans les maladies recherchées.

- Quelles sont les relations avec l'agriculture?

Chasseurs, agriculteurs, forestiers, PNR et d'autres, on est capable de travailler ensemble. L'union des forces vives de l'Ariège a permis de réaliser une opération comme la réintroduction du bouquetin dans la vallée d'Ustou.

- Le petit gibier a-t-il souffert de la mauvaise météo?

Le petit gibier a été soumis à des conditions climatiques défavorables. Pour le faisan et la perdrix, on est bien embêté par le déchaumage intensif des parcelles. Pour la caille, aussi, le déchaumage est un problème. Je pense aux chasseurs au chien d'arrêt qui ne peuvent pas toujours pratiquer dans de bonnes conditions. Pour la perdrix, on a fait des efforts considérables en réintroduisant dans une trentaine de communes des perdreaux de souche pure. Depuis trois ans, ça a bien réussi, des compagnies sont présentes partout.

- Et le lièvre?

Le lièvre est présent partout en plaine, dans les coteaux et en montagne. On assiste à une augmentation des populations.

- La bécasse?

L'an dernier a été une grande année pour la bécasse avec des oiseaux toute la saison. Contrairement à ce qu'on a pu penser, l'espèce se porte très bien pour la plus grande satisfaction des chasseurs au chien d'arrêt. La palombe est en augmentation. On a du mal à comprendre que la réglementation soit différente d'un pays européen à l'autre. Les Pays-Bas, la belgique euthanasient 1 million d'oies et de canards par an et quand les chasseurs français demandent quelques jours de chasse en plus, on leur refuse. Comprenne qui pourra!

- Où en est-on avec les galliformes de montagne

Nous avons en Ariège avec les Hautes-Pyrénées les deux plus belles populations de grand tétras, de perdrix grises et de lagopèdes alpins. Nous sommes très vigilants à leur protection. Pour le grand tétras, on engage des fonds très importants et des moyens pour replanter des pins à crochets, on ouvre des milieux… On assiste à une stabilité de l'espèce voire à une légère augmentation. Les chasseurs n'ont pas intérêt à voir ces espèces disparaître. Si les indices de reproduction ne sont pas bons on ne chassera pas.

- Quid de l'ours?

Sur les 25 ours dans les Pyrénées, 22 à 23 ours sont en Ariège… Certains les introduisent d'autres les réceptionnent. Aujourd'hui l'ours est là… On est opposé à de nouvelles réintroductions, on est opposé à sa présence, pour autant, les chasseurs ont appris à gérer sa présence. La chasse en battue n'est pas dérangeante pour l'ours. L'Ariège est le département où il y a le plus de chasse en battue, le plus de chiens lâchés dans la montagne… L'an dernier sur deux cantons, on a tué 800 sangliers et autant de cerfs et de biches.

Tous les oursons nés dans les Pyrénées sont nés en Ariège ou sur le versant espagnol du val d'Aran. C'est une réponse édifiante à tous les détracteurs. Je voudrai rendre hommage à mes chasseurs: on a 23 ours sur 40 communes et tout se passe bien. Il y aujourd'hui un consensus. Ne brisons pas cet équilibre fragile. Si demain, la chasse devrait être fermée d'Ustou à Saint-Lary, ce consensus serait irrémédiablement mis à mal. Dans les zones où il y a plus de chasseurs et le plus battues, il y a des ours et il n'y a pas de problèmes. Je voudrai remercier les préfets successifs qui sont très attentifs à la situation. La mobilisation des chasseurs, du monde rural pour défendre leurs traditions, leur art de vivre a interpellé l'état. À aucun moment cet équilibre ne doit être rompu.

- Loup y es-tu?

Le loup en Ariège? Il a été aperçu ou des indices de son passage ont été relevés à une dizaine de reprises du Quérigut au Couserans en passant par la Haute-Ariège et Mérens-les-Vals. Selon l'équipe en charge du plan national loup, «il s'agit d'une présence dite occasionnelle.» Près de nous, des attaques sur des troupeaux lui sont attribuées à Saint-Gaudéric (Aude) non loin du Mirapicien. «On nous dit qu'il n'y a pas de loup en Ariège, alors pourquoi l'Ariège fait partie des trois départements pyrénéens (avec les Pyrénées-Orientales et l'Aude) où des tirs sur des loups peuvent être autorisés?» interroge Jean-Luc Fernandez en faisant référence à l'arrêté du 30 juin 2014 du ministère de l'Environnement.

Recueilli par Arnault Paul
Source: La Dépêche du Midi du 2 septembre 2014