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Le procès à Nice contre Didier Trigance a mis en lumière autant les difficultés relationnelles des bergers avec les agents du Parc National du Mercantour que la problématique de la cohabitation et, pire encore, le fantasme écologique, loin des réalités du terrain, estimant que la cohabitation est possible. Un postulat idéologique qui, en 20 ans d’expériences multiples et insensées, a montré l’échec des penseurs face à ceux qui vivent sur le terrain.

A sa sortie du tribunal, Didier Trigance était évidemment attendu par les médias. Les questions sont nombreuses et les réponses adaptées aux questions. Le sujet du jour était l’objet de la condamnation, c’est-à-dire des coups et blessures infligés par Didier Trigance, sous le coup de l’exaspération, a deux agents du Parc National du Mercantour qui n’avaient pas l’intention de trop se fatiguer pour faire des constats un peu trop éloignés de la route à leur goût. Il s’en est excusé et a reconnu ses torts. Il a été condamné, on ne discute pas le jugement. Il s’en est expliqué devant la caméra de France 3 (caler la vidéo ci-dessous à droite à 3mn20). Il précise à France 3: «Si demain matin j’ai 200, 250, 300 brebis sous la barre et qu’il y a quelqu’un qui viennent me dire c’est le loup c’est normal, je ferai pareil que ce que j’ai fait aujourd’hui». Et cet avertissement de Michel Curt venu du Vercors: «e comprends le désarroi de celui qui passe au tribunal aujourd’hui parce que ça va arriver qu’il y aura même des morts». Preuve d’une profonde colère qui ne laisse guère imaginer le moindre espoir de cohabitation.

L'enregistrement des propos de Didier Trigance à la sortie du tribunal au micro de Radio France Bleu et autres médias (Nadia G.) indisponible
Les propos de Didier trigance retenus par France 3 (calé à 3mn20) pour son émission d'information le soir du procès et recueillis à la sortie du tribunal

- Didier Trigance va au-delà du problème du loup

Les médias se polarisent autour du sujet qui passionne le plus souvent les auditeurs qui n’ont aucune connaissance du sujet. Tout simplement parce que ces mêmes médias ne prennent pas la peine d’approfondir le sujet ou n’est pas assez polémique pour faire le «buzz». Au micro de Radio France Bleu, Didier Trigance va bien au-delà de la question du loup et pose les vrais problèmes qui se retrouvent dans une question unique: «Que veut-on faire de nos territoires de montagne?».

Filmé par Nadia G. (totalement amateur avec une caméra achetée quelques jours avant, ci-dessus à gauche) en écoutant bien (le début difficilement audible), Didier Trigance parle, avec passion, de son métier de berger. Lui et ses collègues sont détenteurs «d’un savoir-faire qui va disparaître… Garder le pastoralisme avec ses paysages… Il est en train de mourir. Cette biodiversité va disparaître». Et c’est bien tout l’enjeu. La conséquence du loup n’a été qu'un accélérateur de l’abandon des terres et d’une activité traditionnelle qui, depuis des millénaires, a fait les paysages appréciés et la biodiversité que nous connaissons. Aujourd’hui c’est l’ensauvagement et la perte de valeur biologique et écologique au profit d’une seule espèce qui, par ailleurs, n’est pas en danger de disparition contrairement à de nombreuses affirmations mensongères.

Il faut écouter ces propos plein de bon sens tenus à un micro qui ne les a jamais restitué au public afin de faire comprendre que la valeur touristique et écologique d’un territoire ne dépend pas du loup mais de ses bergers par ailleurs producteurs de produits de qualité. Et qui doit répondre à la question "que veut-on faire de nos territoire?". Les technocrates d’un parc national ou d’une autre administration telle que la DREAL ou des DDT(M)? Des politiciens élus par d’autres que les habitants de ces territoires de montagne? L’Union Européenne? Ou encore quelques pseudos chercheurs écologistes qui naviguent dans les labyrinthes d’une "usine à gaz administrative" pour faire valoir leur idéologie à partir d’organismes qui vont d’Europarc aux ONG environnementalistes en passant par la LCIE?

Sans le vouloir et sans le savoir Didier Trigance a jeté les bases d’une nouvelle réflexion pour les éleveurs et bergers des Alpes, cette même réflexion sur laquelle se sont engagés les pyrénéens de la coordination ADDIP il y a quelques années en refusant les manipulations d’un groupe informel comme le GNO (Groupe National Ours) et en s’imposant territorialement à travers des syndicats, des associations et des réalisations professionnelles.

En sera-t-il de même avec le Groupe National Loup dont l’utilité est beaucoup plus de faire durer le temps à travers des palabres inutiles et sans fins autour d’un animal que certains souhaitent installer durablement que de rechercher des solutions viables et durables pour le développement des territoires de montagne tenant compte des équilibres fondamentaux environnementaux, sociaux, économiques et culturels.

Louis Dollo, le 25 novembre 2013